11 - Été 89

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Musique : Have a Little Faith in Me - John Hiatt

Lorsqu'elle ouvre les yeux, Iris est désemparée. Où est-elle ? Il lui faut quelques secondes pour réaliser qu'elle est là,  dans sa chambre et que Jamie l'encercle, assoupi. Elle ne sait pas vraiment quelle heure il est, mais elle présume qu'il est tôt au vu de la faible lumière du jour. Le garçon est resté à ses côtés toute la nuit, sans bouger, patiemment. Il est resté là. 

Doucement, elle se libère de son emprise en faisant attention à ne pas le réveiller. Elle enfile discrètement ses chaussons avant de sortir de la pièce sans un bruit. Elle prend garde à ne pas claquer la porte, ni à dévaler bruyamment les escaliers. Pas à pas, elle descend les marches, tout doucement. 

Le rez-de-chaussée est vide. Il n'y pas un bruit. Iris s'étonne quelques instants de ne pas trouver ses parents mais lorsque l'horloge du salon affiche 6h30, son questionnement s'estompe aussitôt. 

Alors, toute enjouée, et culpabilisant de son mutisme de ces derniers jours, la jeune-femme se met à cuisiner. Pancakes, omelettes, pain-perdu, croissants, gâteaux, smoothies... Tout y passe. Elle cuisine, sans arrêt, si bien qu'elle ne voit pas le temps défiler. Lorsqu'elle souffle un instant, elle voit apparaître ses parents, dont les mâchoires manquent de toucher le sol tant ils sont surpris. 

- On fête quelque chose ? demande sa mère, en restant figée sur le seuil de la porte. 

Son père, lui, dépose un baiser sur le crâne de sa fille qui se bât avec une orange pour la presser. 

Iris, un peu gênée par son enthousiasme débordant qui semble en décalage avec l'humeur de ses parents, murmure : 

- J'avais envie, c'est tout. 

Puis, sans un mot, elle vient déposer les mets sur la table tandis que ses parents la regardent, les yeux encore ébaillis. 



Quelques minutes plus tard, alors qu'ils sont tous trois à table et discutent de la réunion importance qu'a sa mère aujourd'hui, Jamie apparaît dans l'embrasure de la porte. Son père manque de s'étouffer et sa mère, elle, s'esclaffe. 

- Je comprends mieux ce festin, rigole-t-elle en lançant un regard plein de sous-entendus à sa fille. 

- Oh non ! Je me suis juste assoupi, hier. 

Jamie essaye de se justifier tandis qu'Iris baisse les yeux, rouge de honte. Son père tousse bruyamment en tentant d'attraper un verre d'eau. 

- Ne t'inquiète pas. Viens t'assoir et profiter de ce déjeuner qui semble t'être destiné. Caroline lui adresse un clin d'oeil et lui tends le bras.

Iris relève la tête pour lancer un regard noir à sa fille. Son père, lui aussi, est gêné. Seule sa mère semble s'amuser de la situation. Jamie, quelques secondes, reste stoïque mais le bras tendu de Caroline l'invite à finalement s'assoir à leurs côtés. Il picore un peu, toujours très poli et respectueux. Caroline, elle, l'accable de questions : elle lui demande comment va sa mère, que compte-t-il faire l'année prochaine... Elle ne s'arrête pas ; un vrai moulin à paroles. Finalement, son père décide de se lever après quelques minutes et il n'en faut pas plus pour qu'Iris se jette dans la brèche. Rapidement, elle attrape deux assiettes sales, une tasse et quelques couverts et se précipite dans la cuisine, son père sur les talons. 

- Tu sais, ça fait plaisir à ta mère de te voir fréquenter des gens. Enfin, ça nous fait plaisir à tous les deux. Il explique, hésitant, un peu embarrassé. 

Le vent sur ma peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant