La Bénédiction des astres

Chapitre 7: une bibliothèque pas très silencieuse

Chacune des dix famille possède un trésor dans sa maison familiale.

Par exemple, les Lopez possèdent la plus grande collection d'œuvres d'art. Mais ils sont obligés de les faire sortir de temps en temps, pour des expositions.

Les Elbar sont connus pour avoir la plus grande collection d'armes, que ce soit blanches, à feu ou même magiques. Quand nous étions petits, après l'école, Zoé, Antoine et moi jouions à cache-cache dedans ( surveillés par des adultes, bien sûr ). C'était avant que ces deux-là ne soient occupés par leurs responsabilités.

Mais j'ai toujours préféré la bibliothèque des Marshall. Avec ses six hautes tours au style ancien qui semblent effleurer les nuages, elle comprend tous les livres du monde, du papyrus au dernier best-seller.

Je viens parfois y lire quand l'envie m'en prend. Après tout, Zoé me dit toujours " Lizzie, pour moi tu fais, et tu feras toujours partie de la famille". C'est vrai que depuis que j'ai quatre ans, j'y passe presque autant temps que chez moi. Les Marshall sont accueillants et ne me regardent pas de haut. Zayn m'a même dit un jour qu'il avait l'impression d'avoir une deuxième petite sœur.

Je n'arrivais pas à atteindre le livre que je veux. Je ne suis pourtant pas si petite. Je me mis sur les demi-pointes. J'y suis presque. Je me hisse sur les pointes, réprimant une grimace de douleur. Finalement, je n'y étais pas "presque". Je vais devoir prendre l'échelle. Au moment où j'y pense, je sens une présence dans mon dos et une main blanche et large saisit l'ouvrage. Je me retournai pour me retrouver face à une paire de yeux bleus et cernés, à la fois clairs et sombres.

Zacharie me tendit le livre.

- C'est celui-ci que tu voulais, non? Fais attention, tu as failli te faire mal, Elisabeth.

Zoé a beau dire que son frère ne parle pas, il m'a toujours parlé normalement. J'ai l'impression... qu'il est plus confortable en ma présence. Enfin, j'espère. Et moi aussi, je pense être plus confortable. Même si je ne l'ai presque jamais vu sourire. Et c'est d'ailleurs l'un des seuls à m'appeler par mon prénom complet.

- Merci. Tu vas bien ? Tu as l'air fatigué.

Il haussa les épaules.

- Le monde avance et il n'a pas le temps de nous attendre. C'est nous qui devons nous adapter à son rythme. Parfois épuisant.

- Tu parles comme un comme un vieil homme.

Zacharie ne répondit rien.

- Tout va bien ?

- Je pensais à la personne qui m'avait dit ces mots.

Je fermai les yeux, sachant très bien de qui il parle. Son expression est toujours triste et perdue.

- Elle me manque aussi.

Un silence de mort s'abat. Je fouillai nerveusement dans mon livre. Zacharie, lui, s'assit sur une chaise et dirige son regard vers la fenêtre, au loin. Aucun de nous n'osait parler.

- Quelle est cette atmosphère ?

Je me retournai. Zoé, en tenue de danse et avec ses cheveux relevés en chignon, penchait la tête perplexe. Puis son expression passa de la perplexité à l'agacement.

- Zack, j'espère que pour toi que tu n'as pas embêté ma Lizzie!

L'intéressé passa une main dans ses cheveux.

- Sinon quoi?

- Sinon je vais te... te... te...

Zoé mima des gestes d'étranglement.

Zacharie lui lança un regard condescendant, avant de me faire signe.

- À plus tard, Elisabeth.

- À plus tard, répondis-je.