Chapitre 4: un déjeuner paisible à la cantine...

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On vous a forcément déjà posé cette question.
Cette question, fait partie des questions basiques, comme "Comment tu t'appelles?" ou "C'est quoi le métier de tes parents?".

Cette question est très simple : "Quel est ton plat préféré?". Mais parfois c'est sacrément dur d'y répondre. Parmi toutes les merveilles gustatives qui existent dans notre univers, comment n'en choisir qu'une ?

Moi, Antoine Elbar, y réponds de cette manière :

- Le poulet.

Point final. Tout simple. Je me suis rendu compte que presque tous mes plats que je qualifierai de "préférés" étaient à base de poulet. Donc le poulet est mon plat préféré.

Par contre, je déteste quand on vole dans mon assiette (comme la majorité des gens). Surtout quand il y a du poulet. Donc vous comprenez que je sois agacé par Zoé, qui venait de piquer dans mon assiette de poulet au curry, et qui me regardait l'air de dire : "tu vas faire quoi, gamin?".

- Je te gênes? lui demandai-je.

- Pas spécialement.

Elle me fixa en souriant.

- Ne fait pas cette tête. Toi et moi on sait que tu n'allais pas la finir. Remercie-moi plutôt.

- Tu te paies ma tête?

- Oui.

Je lançai un regard en biais à Anaïs, qui suivait distraitement notre conversation.

- Tu veux mon pain? dit-elle mi-moqueuse, mi-sincère.

-Non, ça va. Pour la énième fois, tu n'as pas besoin de me traiter comme un enfant de quatre ans.

Vous connaissez, ce regard, que vous lance vos parents, quand à huit ans, vous leur dites que vous êtes une grande personne ? Ce regard moqueur, condescendant, amusé, mais à la fois plein de pitié et attendri, derrière lequel ils répondent : "Oui, mon cœur, c'est ça" ? Il fait encore plus mal quand vos deux amies d'enfance vous le lancent. Elles me répondent en chœur:

- Oui, Antoine, c'est ça.

- Zoé, je pleurniche, ce n'est pas une manière de traiter son fiancé.

Celle-ci me lance un regard n° 3 à la Zack.
Flash info : Mère Nature nous a apparemment fait le don de la parole. Elle nous a aussi autorisé à nous en servir. Donc ce serait cool que les Marshall arrête de me faire sentir minable en un regard. Ça devient vexant à la longue.

Et, oui, Zoé est ma fiancée. Mais pas légalement.

Stop ! Je vous arrête tout de suite, avant que vous pensiez un truc tordu à la Roméo et Juliette.

Au fond, je comprends les parents de Zoé. Ils aiment leur fille (et leur argent). Ils veulent qu'elles finissent avec un bon garçon (bien riche), digne de confiance et (au porte-monnaie) stable. Alors un candidat comme moi, fils d'une amie, seul héritier de la deuxième famille, proche de l'Auguste famille... Non les gars, on refuse pas ce genre de chose. Vous savez que c'est mauvais pour la chance, pourtant.

Pour combler le tout, je suis assez beau ( je vous entends tousser, bande d'hypocrites). Je suis roux aux yeux gris métallique (" des yeux trop sérieux pour un clown pareil", dit souvent Zoé), avec une grande taille et un visage d'Apollon.

Logiquement (pour nos parents), il ne devrait pas y avoir de problème. Sauf que, du haut de nos quatre ans, le courant n'était pas bien passé entre nous. Je venais de perdre le dernier macaron au caramel-beurre salé au pierre-feuille-ciseaux (je la soupçonne toujours aujourd'hui d'avoir triché), et j'avais traité sa Madame Lapine de doudou écrasé (ce qui était totalement vrai). De plus, elle avait naturellement un sourire scotché sur le visage (c'est toujours le cas aujourd'hui), et ça m'inspirait pas confiance (ça me terrifiait carrément !). Tout ça pour dire que, quand les adultes nous avait appris avec un grand sourire, qu'on allait devoir passer le reste de notre vie ensemble et, avoir des enfants, la maîtresse du doudou écrasé et moi avons senti l'arnaque dans le contrat.

La Bénédiction des astresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant