Chapitre 14 : Politique et sentiments au Réveillon

0 0 0
                                    

Antoine

Je m'éclipsai de la salle à manger de la façon la plus rapide et discrète que je pus.

Que c'était éreintant de passer un moment en famille! Je ne supportais plus la déception dans le regard de mon père à chaque fois que mes oncles parlaient fièrement de leur progéniture - et accessoirement mes cousins. Mes tantes quant à elle, n'arrêtaient pas de faire des allusions à Zoé, comme pour me presser de lui mettre la bague doigt. Je suis mineur, mince ! Enfin ce n'est plus qu'une question de mois avant mes 15 ans mais quand même...

J'errai dans les couloirs du palais à la recherche des cuisines. Petit, je le connaissais par cœur, mais depuis mes dix ans, je l'évite autant que je peux.

- Tiens, tiens... N'est-ce pas mon cher petit cousin qui s'est échappé du pinçage de joues ?

Je me retournai vivement.

C'est comme si je me regardais dans un miroir qui me montrerait le futur. Il se tenait devant moi, droit ; avec les mêmes cheveux roux , d'une couleur plus vive mais à la fois plus sombre que les flammes ; le même physique, avec une grande taille et un corps musclé ; la même peau pâle, qui faisait ressortir ses veines ; le même visage, orné d'un nez franc et d'un sourire espiègle.

Les seules différences étaient ses yeux, qui semblaient d'or liquide, ses vêtements et une certaine froideur dans son sourire.

Des yeux de prince. Des vêtements de prince. Un sourire de prince.

Terence de Gaïa, le Grand Héritier, l'étoile de Gaïa, se tenait devant moi. Il avait trois ans de plus que moi, et était le fils de l'une des trois petites sœurs de mon père, Rebecca, la Grande Consort. La raison pour laquelle j'évitais cet endroit me dévisageait avec amusement.

Je le dévisageai en retour.

Terence me fit signe de le suivre dans un petit salon, avant de s'asseoir dans un fauteuil.

- Assieds-toi, m'enjoint-il en désignant celui en face de lui.

Je m'exécute.

- Alors, comment se passent tes études ?

Ce n'est pas ce qu'il veut savoir. Ma vie personnelle ne l'intéresse que quand ça affecte son pouvoir ou sa réputation.

Je joue le jeu :

- Très bien ! Je pense que je suis en bonne voie pour avoir une bonne note au Test.

- Je n'en attendais pas moins de toi, me répond le Grand Héritier en appuyant son menton sur une main. Penses-tu que continuer tes études l'année prochaine ? Après tout ce n'est pas ton genre d'en faire des longues.

Nous y voilà.

- Je pense continuer peut-être encore trois ans.

- Pourquoi ? Tu excelles déjà dans le maniement des armes. Ne serait-il pas mieux de rentrer directement dans l'armée à 15 ans ?

- J'ai envie d'apprendre encore un peu. Je pense que ça me sera utile pour mon futur.

Son regard semble vouloir me transpercer, me mettre à genoux.

- Si tu rentrais le plus tôt possible dans l'armée, tu aurais plus de temps pour monter en galons et gagner la loyauté de tes soldats.

Et voilà, il a fait tomber le masque du gentil cousin.

Pourquoi voudrait-il accroître mon influence sur l'armée ? Parce que ça accroît la sienne. L'Auguste, son père, s'est marié pour cette raison à ma tante. Et en vertu de nos forts liens du sang, je suis obligé de le soutenir.

La Bénédiction des astresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant