Collection

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   Kazutora ouvrit soigneusement l'ordinateur posé sur genoux, et le déverrouilla en composant rapidement une suite de chiffre. Il cliqua dès qu'il put sur l'onglet Google, et entra l'adresse d'un site dans la barre de recherche. Il arriva sur une page colorée dans un style minimaliste, sur laquelle un logo s'affichait en grand. Le jeune homme n'y prêta pas attention, préférant plutôt faire défiler la page pour arriver à l'endroit qu'il voulait.
   Qu'est-ce qu'il pouvait prendre... Il n'avait jamais lu beaucoup de livre, seulement ceux pour enfant que lui avait offert sa mère dans son enfance, ou alors ceux demandés par l'école. Il avait envie de changer ça, mais il ne savait pas quoi choisir. Certains livres lui parlaient de nom, mais il ne connaissait pas grand chose. Qu'est-ce qu'il pourrait bien aimer ? Les classiques ? Les romans fantastiques ? Ceux de science-fiction ? Les romans policiers ? Les histoires d'amour ? Les drame ? Les mangas ? Les bandes dessinées ? Les comics ? Il n'en avait aucune idée.
   Kazutora attrapa le téléphone près de lui et composa un numéro.
   — Je ne sais pas quel livre prendre, dit-il en entendant la personne décrocher.
   — Hein, dit Chifuyu dans le téléphone.
   — J'aimerais acheter des livres, mais je ne sais pas ce qui me plairait.
   — Prends un peu de chaque, répondit Chifuyu.
   — Mais ça va faire beaucoup... et il y a trop de choix.
   — Commence par lire des trucs simples. Des saga littéraire, des mangas, des livres d'histoires...
   — D'accord, désolé de t'avoir déranger.
   Kazutora raccrocha immédiatement et reporta son attention sur l'ordinateur. Chifuyu avait dit qu'il devait lire des sagas littéraires, alors il allait choisir les plus célèbres. Le jeune homme mit dans son panier les sept tomes de la saga Harry Potter, de J.K. Rowlings. Ça suffisait pour cette catégorie.
   Bien, les mangas maintenant. Kazutora cliqua sur la page « manga » et se rendit compte qu'il y en avait une multitude, et tous avec des sujets différents. Comment savoir lesquels prendre ? Bon...
   Kazutora recomposa le numéro de Chifuyu, comme à chaque fois qu'il ne savait pas quoi faire, et attendit qu'il décroche.
   — Je prends quoi comme mangas, demanda-t-il à peine après avoir entendu le souffle de Chifuyu dans le combiné.
   — Boku no pico, répondit alors Chifuyu.
   Kazutora mis le téléphone (que lui avait donné son colocataire) sur haut parleur et commença à chercher le titre du manga dans la barre de recherche.
   — Bo...ku... no...
   — Non mais c'était une blague, s'exclama Chifuyu en riant. Cherche surtout pas ça !
   — Ah. Qu'est-ce que c'est ?
   — Une histoire de glace... et de voiture... et... tu sais quoi ? Mieux vaut pas savoir, dit Chifuyu d'une voix dégoûtée. T'aimes quoi comme style. Aventure, romance, drame...
   — Je sais pas... j'aime bien tout...
   — Mouais. Bon alors tu vas prendre les plus connus. Prends les mangas de One Piece, Naruto, l'Attaque des titans, Hun-
   — C'est quoi Banana Fish, demanda Kazutora en voyant le manga passer devant ses yeux.
   — Prends pas, dit aussitôt Chifuyu. Tu vas tomber en dépression, tu le liras plus tard.
   — Ok... et Another ?
   — Non plus, sauf si tu veux être traumatisé des parapluies, des ascenseurs, des salles de classes, des bateaux et de la vie en général.
   — D'accord... Autre chose à prendre ?
   — Bah... ouais, prends Hunter x Hunter, Jujutsu Kaisen et Demon Slayer... oh et Haikyuu. Ce te fera de la réserve. Faut que je te laisse, si tu sais pas quoi prendre comme autre livre, prends des classiques étrangers, les livres de philosophes français, de la poésie, et... je dois y aller.
   — D'accord. À ce soir.
   Kazutora raccrocha et posa son téléphone près de lui. Il navigua encore un peu sur le site internet, et écouta les conseils de Chifuyu. Il allait lire de la littérature française, apparement les livres étaient bien en France. Il ajouta donc au panier Les Fleurs du Mal, de Charles Baudelaire, Antigone, de Sophocle, Les Misérables, de Victor Hugo, Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, et... oh Le Petit Prince. Ce livre lui disait quelque chose. Il l'ajouta au panier.
— Oula mais ça fait combien tout ça ?!
Kazutora écarquilla les yeux en voyant une suite de chiffres s'afficher sur l'écran. Le prix était très, très élevé. Le jeune homme resta un moment bloqué devant, sans savoir quoi faire. Il pouvait très bien aller à la bibliothèque aussi... Non, Chifuyu était riche, Kazutora pouvait bien utiliser un peu de son argent non ? Ce n'était pas grand chose pour lui, et puis, il avait dit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec sa carte donc...
Mais ça ne faisait que deux semaines que Kazutora vivait chez Chifuyu. Et depuis il n'avait pas osé utiliser la carte de son hôte, sauf pour acheter de la nourriture. Kazutora n'avait même pas acheté de vêtements pour lui, il n'osait pas trop dépenser son argent juste pour lui. Alors il s'habillait avec les vêtements de Chifuyu, de toute façon celui-ci ne disait rien, il laissait faire Kazutora comme il le voulait.
Bon, Chifuyu lui avait passé sa carte, c'était pour qu'il l'utilise. Il avait de l'argent, il pouvait bien le dépenser de temps en temps...
Kazutora saisit la carte bancaire posée sur la table en face du canapé sur lequel il était assis, et entra les chiffres inscrits dessus dans l'ordinateur. Il remplit ensuite toutes les informations nécessaires à la livraison, puis cliqua sur l'icône « payer » sans réfléchir.
« Merci pour votre commande », s'afficha sur l'écran. Kazutora referma vivement l'ordinateur et fixa devant lui avec incrédulité.
— Je viens de ruiner Chifuyu, dit-il avec horreur. Faut que je l'appelle. Non non, il est occupé, je dois le laisser travailler. Oh mon dieu, je dois avoir vider son compte bancaire...
Kazutora se leva d'un coup et commença à faire les cents pas dans le salon, en se rongeant les ongles. Il s'attendait à tout moment à recevoir un appel de Chifuyu ou de la banque, ou juste que quelqu'un débarque dans l'appartement et lui annonce qu'il devait partir, car l'appartement ne pouvait plus être payer. Mais les minutes s'enchaînaient et rien ne se passait.
— Oh la la... Merde...
Le jeune homme s'arrêta devant une photo de Baji, posé sur une commode, et joignit ses mains devant lui.
— Je te jure que je veux pas le ruiner, je t'en supplie m'envoie pas de mauvaises ondes ou de trucs comme ça, demanda-t-il.
Kazutora finit par s'assoir dans un fauteuil, loin de l'ordinateur, et serra ses jambes contre son torse en continuant de se ronger les ongles. Il resta longuement dans cette position, du sang commençait à apparaître sur sa chair mise à vif, l'une de ses fines jambes tremblait de stresse, et le jeune homme ne cessa de se répéter encore et encore qu'il venait de ruiner son hôte.
Il était entré dans une sorte de transe, et Kazutora ne bougea pas de l'après-midi. Il ne réagit même pas lorsque Peke J surgit soudain de nulle part pour lui miauler dessus et lui mordre les chevilles, signe qu'il voulait sa pâtée.
Le jeune homme continua de se faire tout un tas de scénario catastrophe dans son esprit, si bien que lorsque Chifuyu rentra à vingt heures précises, il ne le remarqua pas avant que le jeune homme claque ses doigts devant ses yeux.
— Tu fais une crise de panique, s'inquiéta Chifuyu en s'accroupissant devant lui. Tu veux un câlin ?
— Je viens de te ruiner, murmura Kazutora. J'ai détruit ta vie.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Avec les livres... je t'ai ruiné... c'est de ta faute, je t'avais dit de ne pas me passer ta carte...
— Kazutora... mon compte bancaire va très bien, rassura Chifuyu en se relevant avec soulagement.
   — J'ai dépensé vraiment beaucoup d'argent.
   — Oui je l'ai vu, mais c'est bon t'inquiète pas. Ça te dit de commander un truc ce soir ? J'ai la flemme de cuisiner, dit Chifuyu avant de lui ébouriffer les cheveux.
Il s'éloigna de Kazutora et partit en direction de la salle de bain, comme si de rien n'était. Kazutora se leva immédiatement et le suivit avec incompréhension.
— Attends, tu m'en veux pas ?
— Si un peu, t'aurais quand même pu nourrir Peke J, le pauvre il a faim, tu l'entends pas miauler ?
— Je l'ai pas entendu... Mais tu m'en veux pas pour la commande, dit Kazutora alors qu'ils arrivaient dans la pièce d'eau.
— Oh mais non, j'ai pas de raison de t'en vouloir, c'est moi qui t'aies dit d'acheter tout ça. Faut bien que mon argent serve à quelque chose, dit Chifuyu en déboutonnant sa chemise.
— Ouais mais bon...
— T'inquiète, c'est vraiment rien, assura Chifuyu en enlevant sa chemise.
— Je t'ai dérangé tout à l'heure, demanda Kazutora.
— Non, mais Takemichi m'a appelé alors j'ai dû raccrocher.
Chifuyu enleva son pantalon et se tourna vers Kazutora.
— Je sais que tu m'as dit de t'appeler dès que j'en avais besoin, mais tu peux me le dire si je t'appelle trop.
— Tu m'appelle pas tant que ça tu sais.
— Rien qu'aujourd'hui j'ai du t'appeler cinq fois.
— Ah ouais ? Personne m'a jamais autant appelé que toi, dit Chifuyu en riant. Ça me dérange vraiment pas. Tu commendes des sushis ?
— Non, je vais plutôt faire à manger. J'ai trop dépenser pour le reste de la semaine, répondit Kazutora d'un ton amer.
— Ok comme tu veux. Tant que je cuisine pas ça me va. Nourris Peke J aussi.
Kazutora acquiesça mais ne bougea pas. Il continua de fixer Chifuyu devant lui, sans se rendre compte qu'il attendait quelque chose.
— Tu veux te doucher avec moi ou..., demanda Chifuyu en penchant la tête.
— Hein, s'exclama Kazutora en rougissant.
— Je vais me doucher là, dit Chifuyu en riant de nouveau. À moins que tu veuilles me regarder faire, il faudrait que tu sortes.
Oui, c'était évident, sinon Chifuyu ne se serait pas déshabiller... Kazutora rougit un peu plus et s'en alla précipitamment de la salle de bain, claquant la porte derrière lui. Cette situation était extrêmement genante. Si Baji savait qu'il avait vu Chifuyu à moitié nu, il serait en train de mettre le feu à des voitures...

Issue - Là où apparaît la couleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant