Raison

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Kazutora saisit un pinceau et le plongea dans la peinture blanche avec concentration. Les poils de l'outils se couvrir de blanc, puis il le plongea dans du bleu, afin de mélanger les deux couleurs ensemble, afin de créer la parfaite teinte de bleu. Il obtint un magnifique bleu azurin, dans lequel paraissait encore de fines traces blanches, volontairement laissées dans le mélange. Le jeune homme releva son pinceau, et en fit glisser les poils sur la toile, d'un geste fluide et gracieux. Une traînée de bleu et de blanc apparut, dans une élégante courbe, venant s'ajouter aux couches de peinture déjà présentes.
Il prit ensuite un second pinceau, enduit de peinture noir, mais cette fois-ci, il n'appliqua pas directement la coloration sur la toile. Il étala le liquide noir sur les empreintes de sa main droite, avant de continuer de peindre son œuvre.
Kazutora entendit vaguement une porte s'ouvrir dans son dos, mais il n'y prêta pas attention. Il était déjà vingt-heures ? Comme le temps passait vite... Chifuyu apparut dans son champ de vision, le jeune homme ne fit pas vraiment attention à lui, mais il le vit tout de même se diriger vers la cuisine. Tiens, il n'allait pas se doucher ? D'habitude, quand son ami rentrait il partait immédiatement se doucher, puis il venait manger ce qu'avait préparé Kazutora. C'était étrange qu'il change ses habitudes.
Kazutora essaya de ne pas trop y prêter attention, ça n'avait peut-être pas d'importance. Il reporta son attention sur sa peinture, il continua de dégrader les couleurs de la mer les unes avec les autres, en utilisant la pulpe de sa doigt. La peinture froide glissait parfaitement sous sa peau, la sensation était grisante, et voir les teintes s'entremêler les unes avec les autres étaient particulièrement satisfaisant.
Du coin de l'œil, le jeune homme vit Chifuyu partir dans sa chambre, avec des choses dans les bras. Kazutora ne fit pas attention à ce qu'il s'agissait, et continua sa création. Il aimait bien peindre avec les mains, c'était comme si sa peinture s'intégrait un peu plus en lui, qu'il la sentait prendre vie. Sentir la peinture couler contre sa peau le rendait plus conscient que jamais de ce qu'il était en train de faire. Il ressentait son art, ça lui appartenait, ses empreintes devenaient des motifs à part entière de la toile.
Il pourrait faire ça pendant des heures. Mélanger les variations de bleus, noir et blanc entre elle, façonner une mer déchaînée sur sa toile, faire apparaître de l'écume par-ci par-là. Retracer ce qu'il avait ressentit et perçut ce soir là où les yeux de Chifuyu s'étaient obscurcit, éveiller la mer calme qui brillait habituellement dans ses iris. Il adorait ça. Mais au bout d'un moment, l'attention de Kazutora fut de nouveau détourner de son œuvre. Il releva la tête et regarda autour de lui. Le salon et la salle étaient vides, seul Peke J se trouvait près du jeune homme, et regardait sagement son travail. Il n'y avait pas de bruit dans la cuisine et l'eau ne semblait pas couler dans la salle de bain. Kazutora fronça les sourcils, il déposa sa toile sur le plastique qu'il avait déployé sur le parquet du salon, et se releva.
— Il est où, demanda-t-il à l'adresse du chat près de lui.
La petite boule de poile miaula et vint frotter sa tête contre sa cheville.
En temps normal, Chifuyu restait toujours à proximité de Kazutora où Peke J. Sauf le week-end où il prenait un peu de temps pour lui, mais le reste du temps, il était toujours avec lui. Pourquoi est-ce qu'il n'était pas là ? Kazutora tourna la tête vers un cadre posé sur une commode, et croisa le regard de Baji. Il le regarda longuement, comme s'il attendait que son meilleur ami lui dise quelque chose.
Le jeune homme finit par se détourner de la photographie, et partie en direction de la chambre de Chifuyu. Sa porte était fermée. Kazutora leva son pied pour abaisser la poignée, afin de ne pas la salir avec ses mains sales. Il trouva son ami assis contre le dossier de son lit, uniquement vêtu d'un large pull et d'un caleçon. Chifuyu avait sa capuche sur la tête, ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles, son téléphone reposait sur ses cuisses et il tenait un pot de glace dans les mains.
   Pull large, écouteurs, série sur le téléphone, et glace par dessus le marché, aucun doute, c'était le kit de survie spécial déprime de Chifuyu. Kazutora s'approcha de son ami en silence, il grimpa sur son lit et s'assit à côté de lui sans rien dire.
— Passe un écouteur.
Chifuyu lui mit un écouteur dans l'oreille droite, et il décala son téléphone au milieu pour que Kazutora puisse mieux voir. Le jeune homme n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de regarder, mais ça n'avait pas d'importance. Il voulait être là, avec son ami. Alors il posa sa tête sur l'épaule de Chifuyu, prit sa main, approchant son visage du sien, et regarda un épisode qu'il ne comprenait absolument pas pendant presque heure sans rien dire, mangeant de temps en temps dans le pot de glace de Chifuyu, jusqu'à ce que celui-ci murmure :
— Je suis désolé...
— Pourquoi ?
— C'est un jour important aujourd'hui, mais je ne me sens pas très bien...
— C'est un jour important, répéta Kazutora d'un ton surpris.
— Tu ne t'en souviens pas... ? Aujourd'hui ça fait pile un an qu'on habite ensemble, déclara Chifuyu à voix basse.
— Vraiment, s'exclama Kazutora avec hallucination. Mais non pas déjà !
— Si... Ça fait déjà un an. Je suis heureux que tu aies accepté de venir avec moi tu sais...
Un an, vraiment ? Le temps passait à une vitesse folle, Kazutora ne s'en était absolument pas rendu compte. Il ne faisait pas attention aux jours qui s'écoulaient, mais maintenant qu'il y réfléchissait, c'était vrai. Il était bel et bien là depuis un an.
   — Un an... whaou...
   — Hmm... je me demandais... peut-être que tu en as marre, demanda Chifuyu en levant les yeux vers Kazutora.
   — De quoi ?
   — D'être ici. Maintenant que tu travailles et que tu vas parfaitement bien, tu veux peut-être ton indépendance... je veux dire... avoir ton propre appartement, payer un loyer, vivre seul.
   Kazutora regarda Chifuyu, les sourcils haussés. Il ne prit pas la peine de répondre, et préféra plutôt prendre le pot de glace pour en prendre une cuillerée.
   — Tu ne veux pas me répondre, demanda tristement Chifuyu.
   — Chest ichi ma maijon, dit Kazutora la bouche pleine. En pluch Peke J m'aime bien main'ant.
   — Pour de vrai ?
   — Ben oui. Ichi chest trop cool, g'ai un appart de ouf, ge travaille avec plein d'animaux trop mignon, et ge t'ai toi donc chest bon.
   Kazutora avala se bouchée de glace, alors que son ami baissait ses yeux embués de larmes.
   — C'est pour ça que t'es triste ? Tu pensais que j'allais partir ?
   — C'est pas que pour ça... je... tout ce qu'on fait, tu penses vraiment que ça servira à quelque chose, demanda Chifuyu d'un air désespéré. J'ai l'impression qu'on patauge dans le noir et que dès qu'on arrive à avoir une info, elle disparaît sous un tas de nouvelles complications.
   Kazutora posa le pot de glace sur le chevet près du lit, puis il coupa le téléphone de Chifuyu et enleva les écouteurs de leur oreille.
   — Je comprends que tu puisses craquer, tu te bats seul depuis la mort de Baji, mais maintenant je suis là pour t'aider et je t'assure qu'on avance dans notre enquête. On en sait plus sur le Toman et les cadres, on en sait plus sur Mikey, sur Draken, sur Kisaki. Tiens bon ok, on va tous les sauver et venger Baji, promit Kazutora.
   — Et comment on est censé faire ? Tu te vois te battre contre un Koko, un Inui ou un Hakkai ? Tu te vois retrouver Mikey et lui remettre les idées en place ? Notre ambition est trop grande Kazutora... on vise trop haut, soupira Chifuyu en secouant la tête.
   — Dis pas ça ! On vise pas trop haut, s'exclama le jeune homme. On sait que ces mecs ne sont pas biens, il suffit juste qu'on ait des preuves, et qu'on les envoie à Naoto !
   — Kazutora... ça fait onze ans que j'attends ça, murmura Chifuyu alors que des larmes dévalaient ses joues.
— Chi pleure pas, c'est pas une mission impossible, on va y arriver !
   — ... J'en ai juste assez...
   — D'attendre ? Mais ça sera plus long, on va mettre des caméras partout dans les bureaux et-
   — D'aider les autres.
   — ... on les aura les preuves... Quoi ?
   Kazutora fronça les sourcils, il pencha la tête en avant pour essayer de croiser le regard de son ami, mais celui-ci tourna la tête vers la fenêtre de sa chambre.
   — Qu'est-ce que tu racontes Chifuyu, demanda doucement Kazutora en caressant la tête de son ami.
   — Pourquoi est-ce que je devrais les aider, chuchota Chifuyu.
— Parce que ce sont tes amis. Parce que tu es comme ça, tu aides toujours les autres. Parce qu'ils ne méritent pas ça...
— Je fais tout pour remettre le Toman sur la bonne voie, mais moi... qui m'aide hein ? J'ai pas reçu d'aide comme toi, personne ne fais attention à moi, je suis juste Chifuyu Matsuno, le second de Takemichi, qui passe son temps à faire chier les autres cadres. Je suis en dessous des autres, je suis une poussière sur leur chemin et pourtant je me casse la tête pour eux. Mais eux qu'est-ce qu'ils font pour moi hein ?
   Chifuyu tourna la tête vers Kazutora et le regarda, les yeux brillant de larmes.
   — Je souffre depuis des années, et personne ne vient jamais me demander comment ça va. Je suis là pour les autres mais personne n'est là pour moi. J'aimerais juste qu'on me prenne dans ses bras, et qu'on me dise que ça va aller, que je peux être fier du chemin que j'ai parcourut, que c'est pas grave si j'arrête maintenant... je veux... je veux juste que... que là-haut tout le monde soit... fier de moi...
   Kazutora ne répondit pas, incapable de dire quoique ce soit.
   — Et Baji hein ? Pourquoi je devrais le venger ? « Les fondateur du Toman sont ce que j'ai de plus précieux », c'est ce qu'il a dit dans mes bras. Je suis pas un fondateur du Toman putain... Tu comprends ?
   Kazutora ne sût pas quoi répondre.
   — Je lui ai toujours tout donné mais j'ai jamais rien été pour lui, parce que je ne suis pas un fondateur du Toman, parce que je suis juste un mec comme un autre. J'aimais tellement... tellement Baji, que tout ce qu'il pouvait me faire n'avait pas d'importance. Mais se prendre le poing de la personne que t'admire en pleine tête, et le voir te frapper encore et encore... et encore... sans aucune hésitation... ça.... ç-ça te fait juste vraiment... vraiment... mal au cœur. Je le tiens dans mes bras jusqu'à la fin, et les seuls mots qu'il a eu pour moi, c'était qu'il voulait bouffer, et il est mort juste après m'avoir dit merci, cria Chifuyu en se prenant la tête dans les mains.
— Chifuyu je...
— Est-ce que j'ai compté pour lui ne serait-ce qu'une seule fois au moins ? Est-ce qu'il a pensé à moi pendant toute cette histoire ?! Même avec lui, j'ai toujours été là, et lui il m'a laissé en me disant merci, hurla Chifuyu alors que Kazutora l'attirait contre lui. Il m'a laissé et ce connard m'a juste dit merci ! Merci putain ! Qu'est-ce que... qu'est-ce que... je dois faire après ça...
Kazutora garda le silence, il serra le visage de Chifuyu contre son torse, en caressant doucement ses cheveux pour l'apaiser. Son ami sanglotait violemment contre son t-shirt, ses épaules étaient secouées de spasmes et il hoquetait.
— Ça va aller, murmura Kazutora avec douceur. Tout va bien, je suis là...
— Me lâche pas, supplia Chifuyu entre deux sanglots.
— Je ne te lâcherais pas.
— Me lâche pas toi aussi, supplia Chifuyu, la voix étranglée de sanglot.
— Chifuyu, dit Kazutora en posant son menton sur le sommet de la tête de son ami. Chifuyu écoute moi.
   Les pleurs du jeune homme se firent plus discrètes pendant un instant, pour laisser Kazutora parler.
   — Je t'assure, que tu comptais pour Baji. Il me parlait tout le temps de toi, tout le temps. Il t'aimait autant que toi tu l'aimais, et je suis sûr qu'aujourd'hui, Baji est très, très, fier de toi. Tu es une personne incroyable, et je trouve ça magnifique que onze ans plus tard, tu te battes toujours pour Baji. Il serait vraiment fier de toi s'il était là. Et moi aussi je suis fier de toi.
   Kazutora descendit sa main sur la joue de Chifuyu, il essuya calmement ses larmes, sans le lâcher pour autant.
   — Je sais que c'est dur pour toi, mais je sais aussi que t'es incroyablement fort. Tu as raison, rien ne t'oblige à aider le Toman et à venger Baji, si là, maintenant, tu voulais tout arrêter, je te suivrai. Je ne te lâcherai jamais parce que tu es devenu ma famille, et si tu voulais abandonner le Toman, et partir à l'autre bout du monde, je viendrais avec toi sans hésiter. Tu as le droit de choisir ton combat, et personne ne te force à rien. Mais sache que si tu as l'impression d'être seul, ça ne reste qu'une impression. Moi je suis là, tu m'as aidé pendant un an, et je fais de mon mieux pour t'aider en retour, même si je ne suis pas le plus doué. Tu n'es pas seul, tu n'as qu'à tendre ta main et je t'assure que des dizaines de mains vont apparaître pour prendre la tienne. T'as pas besoin d'aider qui que ce soit. Mais nous on t'aidera si tu en a besoin.
Chifuyu ne dit rien, il ne fit que renifler. Ses pleurs ne s'étaient pas apaisés, il tremblait toujours autant. Kazutora le garda alors dans ses bras, il ne voulait plus se séparer de lui avant qu'il ne se sente parfaitement mieux. Les deux garçons restèrent longtemps comme ça, Kazutora finit par s'adosser contre le dossier du lit, tout en gardant son ami contre lui. Il le berça en lui racontant une histoire que lui racontait sa mère lorsqu'il était petit. Une histoire d'ange et d'étoile.
Chifuyu finit par s'endormir, sûrement bercé par les caresses et la voix de Kazutora. Ses larmes cessèrent, son corps se détendit et sa respiration ralentit. Kazutora continua de le câliner encore un bon moment, pour être sûr qu'il soit bien endormi, puis il écarta son ami de lui et l'allongea plus confortablement dans le lit.
   — L'ancien Toman n'a pas prit soin de toi quand tu en avais besoin, mais je vais rattraper ça, murmura Kazutora. Je vais te rendre heureux. 
   Il déposa ses lèvres sur la peau blanche de Chifuyu, au niveau de son front, et passa une dernière fois sa main dans ses cheveux. Il avait sûrement dû y laisser des résidus de peinture sèche, mais ça n'avait pas d'importance.
   Kazutora descendit du lit, il déploya une couverture sur son ami, puis il éteignit les lumières, et jeta le pot vide de glace à la poubelle. Il ferma les rideaux de la chambre, puis la quitta silencieusement. Il devait se doucher, et aussi ranger tout son bazar qu'il avait laissé dans le salon. Kazutora s'activa avec empressement, la soirée ne s'était pas passée comme prévu, il pensait qu'elle serait comme toutes les autres. Peu importe, parler avait dû faire du bien à Chifuyu. Il intériorisait trop de chose.
   Kazutora avait parfaitement conscience de ce que pouvait ressentir son ami à cause de la mort de Baji, et le fait qu'il ne reçoive aucune aide de la part de ses amis devait l'enfoncer encore plus. Surtout que depuis un an, Chifuyu s'était mis de côté pour Kazutora.
   Le jeune homme s'arrêta devant la photographie de Baji, elle brillait légèrement au clair de lune.
   — T'es qu'un connard, murmura Kazutora, le regard vide. Dire « merci » en mourant ? Y'a pas plus égoïste. Je ne sais pas quoi penser Baji...
   Kazutora saisit le cadre du cliché et s'assit en tailleur sur le sol.
   — D'un côté j'aimerais que Chifuyu t'oublie, parce que ton souvenir lui fait plus de mal que de bien. Il persiste à vouloir te faire vivre à travers ses souvenirs, mais c'est pas une vie ça... J'aimerais aussi t'oublier, et vraiment repartir à zéro. Je suppose que tout ça est impossible. Sérieux... même mort tu nous prends la tête.
   Kazutora soupira.
   — On a toujours besoin de toi, j'ai longtemps pensé que sans toi je n'étais rien, et Chifuyu devait penser la même chose. Mais regarde, tu n'es plus là et pourtant je me sens vraiment, vraiment bien. Je veux que Chifuyu se sente aussi bien que moi, tu ne crois pas qu'il le mérite ? Je voudrais juste que tu le libères...
   Le jeune homme resserra sa prise sur le cadre.
   — J'ai l'impression que t'as été un horrible connard avec Chifuyu, il a dit qu'il était incapable de te frapper, mais toi t'as pas hésité une seule seconde. Moi aussi j'ai fait des erreurs, mais je me demande si j'aurais pu frapper Chifuyu. Comme toi. Je crois que je t'en veux pour avoir fait ça...
   Kazutora se laissa tomber en arrière, son dos cogna le parquet du sol, et ses yeux se perdirent dans le plâtre blanc du plafond.
   — En fait j'en sais rien. J'aime beaucoup Chifuyu, et je me sens inutile avec lui. Son problème vient du Toman et de toi, qu'est-ce que je peux faire à part rester avec lui...
   Kazutora sentit un instant. Il avait l'impression de sentir Baji tout près de lui, il était là, assis en tailleur à ses côtés, à l'écouter en silence, avec attention. Kazutora tourna les yeux vers lui. Il n'avait pas changé du tout.
   — Je pense qu'à ce stade là, c'est foutu pour le Toman, annonça Kazutora. Qu'est-ce que tu en penses ?
   Baji tourna la tête vers lui. Son image semblait pâle, elle flottait dans le rayon du clair de lune, dans un scintillement argenté. Un sourire se dessina sur la bouche de son meilleur ami.
   — Ouais, c'est bien ce que je pensais. Mais Chifuyu abandonnera pas. À cause de toi. S'il lui arrive quoi que ce soit, je ne te le pardonnerai pas.
   Baji pencha la tête, sans perdre son sourire.
   — Dis Baji... tu approuves notre relation ?

Issue - Là où apparaît la couleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant