Asmodia, reine des succubes

Trahisons

Le lac des sirènes est un lieu hostile pour la plupart des étrangers, bordé a la frontière des terres où résident le clan des vampires, rares sont ceux qui s'y sentent à l'aise, mais Asmodia le connaît bien, la forêt qui y siège ne l'effrait aucunement et c'est pour elle le meilleur moyen d'échapper à la pression royale. La jeune femme tourne en rond, cela fait longtemps qu'elle n'a aucune nouvelles de son bien aimé, bougeant ses mains dans tous les sens, elle réfléchit. Son couronnement a amené une vague d'incertitudes et de tensions, le rituel des correspondances lui promet de toujours retrouver celui qu'elle aime mais cela sera-t-il suffisant pour les réunir ?

- Qu'y a-t-il, Majesté ? Tu sembles soucieuse.
- Zeldris ne m'a pas donné de nouvelles depuis si longtemps...

Elle s'arrête, les paroles d'Oprah lui reviennent en mémoire, et si elle avait raison ? Jézadel a peut-être menti pour éviter de la blesser ? Pour la protéger ?

- C'est donc cela qui t'inquiète ? dit Ondia d'une petite voix
- Oui, je sais que c'est stupide mais...

"Le prince Zeldris use de ses charmes pour t'atteindre, obtenir de toi des informations, ne sois pas si naïve !"

Asmodia se mord la lèvre inférieure, elle sent que si sa voix continue de tourner dans sa tête, elle va s'effondrer en larmes. D'un seul mouvement, elle s'assit sur la rive, plongeant ses pieds dans l'eau froide, abaissant ses mains sur ses cuisses. L'inquiétude d'Ondia augmente au fur et à mesure que la reine se terre dans le silence, alors, lentement, elle se rapproche pour déposer une de ses mains palmées sur sa cheville.

- Sans doute est-il occupé ; ces derniers temps, il se murmure beaucoup de choses sur le clan des démons...
- Comment ça ? Que se murmure-t-il ?
- Je ne sais pas si je dois t'en parler Majesté, je ne sais pas moi même si ces informations sont véridiques, mais une chose est sûre, si ce n'est pas encore le cas, le clan des démons le saura dans peu de temps...
- Ondia, s'il se passe quelque chose, tu dois me le dire ! Je suis ta reine, alors parle !
- Et bien, il semblerait qu'un des membres du clan des démons et un autre du clan des déesses seraient devenus soudainement très proches depuis peu...

Le visage de la souveraine se décompose, comment un membre du clan des déesses et un du clan des démons peuvent ils être proches ? Et surtout, est-ce que...

- Il ne s'agit en rien du prince Zeldris, Majesté, je te l'assure...

Une vague de soulagement vient traverser le corps de la jeune femme brune, en une fraction de secondes tous ses muscles se détendent. C'est vrai, pendant un moment, elle s'était imaginée qu'il entretenait une liaison avec une autre femme, quelle idée, ils sont liés désormais, jamais il pourrait lui faire une chose pareille !

- Merci, Ondia, tu n'imagines pas comme tu me rassures, si je le perdais... Je pense que j'en deviendrai folle...
- Quand à moi, je préfèrerai endurer mille souffrances que de te perdre.

Ondia sourit, le prince s'est posé délicatement à côté de sa dulcinée, aussitôt, elle se retourne pour lui sauter au cou, le faisant tomber à la renverse tout en le recouvrant de baisers.

- Zeeeel !!! Tu m'as tant manqué !
- Tu m'as aussi beaucoup manqué.
- Vraiment ?
- Vraiment.

Le prince soupire, assis, tout en contemplant le paysage boisé qui les entoure, il sent son coeur se serrer. Sa venue de la veille n'était pas uniquement courtoise, bien décidé à lui parler des projets de son père, il s'était précipité chez elle pour la mettre en garde mais devant ses yeux si beaux, si amoureux, il n'a pas réussi à lui dire, et pourtant...

- Tu es déjà réveillé ? demande-t-elle en lui adressant son plus beau sourire
- Je gravais cet instant pour ne jamais l'oublier.

La reine sent que quelque chose le tracasse, le ton triste de sa voix ne lui a pas échappé. Elle se relève pour s'asseoir à ses cotés, déposant sa tête contre son épaule. La jeune femme lui caresse le bras, essayant de calmer son coeur qui commence également à se serrer de plus en plus, déglutissant sa salive avec difficulté. Il ne dit rien, lui caressant l'épaule en retour puis plonge son regard dans le vide, silencieux.