Asmodia, reine des succubes

Retrouvailles

Le roi des démons a annoncé la trêve, sa défaite des mois précédents l'ont décidé à se raviser. Oprah sait que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne change d'avis, la dette n'a pas été payée mais aujourd'hui elle n'est plus valable, seulement il l'ignore encore...
Ce silence n'en reste pas moins inquiétant mais peut-être est-ce là une de ses tactiques pour que le peuple d'Oscarath baisse sa garde, lui laissant une marche de manoeuvre plus aisée. Ou alors, peut-être est-il déjà au courant ? Non, si tel avait été le cas il l'aurait cherché partout pour la retrouver... L'ancienne régente soupire, malgré tout, elle apprécie ce moment de repos, lui permettant ainsi de veiller au mieux sur la reine qui a réussi à se remettre plus rapidement qu'elle ne l'aurait cru, au vu des blessures importantes qu'il lui avait été infligé.

- Oprah, pensez-vous que la trêve va encore durer longtemps ? Je sais que vous préférez éviter le sujet en ce moment mais...
- Tu as raison de t'en inquiéter Burach, malgré mon appréhension et mon scepticisme, je ressens qu'autre chose préoccupe le roi des démons depuis peu. Quelque chose qui va bientôt tous nous concerner.

Le jeune homme reste silencieux, il n'a pas réussi à tuer le prince Zeldris comme il l'aurait voulu ni même le blesser ; cet imbécile de précepteur lui a mis des bâtons dans les roues mais peu importe, le moment viendra où il obtiendra ce qu'il souhaite plus que tout au monde, il en est certain.

- Sais-tu où se trouve ta soeur ?
- Elle est avec Asmodia, depuis ... Enfin depuis ce qu'il s'est passé, elle a encore du mal à rester seule.
- C'est vrai. Pourras-tu informer Jézadel que j'ai à lui parler ?
- Bien sûr, je vais faire le guet près de la porte de la salle de bain. dit-il d'un ton ironique mais il se ravise rapidement devant la mine sérieuse et effrayante de sa nourrice, Bon, bon, je vais attendre non loin et je lui dirai.

L'ancienne régente soupire, serrant tout contre elle son sceptre argenté, elle prie intérieurement que les choses s'arrangent et surtout, qu'Asmodia ne découvre pas la vérité de sitôt... L'histoire de sa conception, la nuit de sa naissance mais aussi l'évènement des mois précédents... Tout cela lui pèse mais moins la reine en sait, mieux elle se portera, du moins pour le moment.

Dans son grand bain, s'apparentant plus à un bassin doré, la reine se prélasse, discutant avec son amie, assise sur l'un des fauteuils paré de dorures ayant appartenu à l'ancienne reine. Jézadel rit à pleins poumons, cela lui fait tant de bien mais aussi tant de mal, mentir à cette sœur qu'elle aime de tout son cœur, voilà le fardeau que lui a confié Oprah... Asmodia rit de bon cœur en jouant avec les fleurs qui flottent sur l'eau de son bain, leur odeur parfumée l'apaise et lui donne une sensation de volupté inattendue. Ses blessures ont presque toutes guéries, seule celle sur son ventre persiste à se montrer mais la jeune femme brune préfère l'ignorer, faisant comme si de rien n'était. Les cheveux relevés, elle plonge dans l'eau chaude jusqu'aux épaules puis ne résiste pas à fondre son menton à l'intérieur pour faire des bulles avec sa bouche. Jézadel rit de plus belle, sa reine est tellement différente dans l'intimité, comparé à ses apparitions en public, comme si elle avait deux personnalités bien disctinctes. La jeune femme relève également sa chevelure orangée, la chaleur ambiante des évaporations d'eau lui donnant l'impression de suffoquer avec sa tignasse bouclée et épaisse. Kheylis s'approche avec une amphore remplie à rabord pour garder l'eau bien chaude, le regard malicieux, la jeune reine l'observe du coin de l'oeil. Jézadel comprend vite que sa soeur a une intention derrière la tête. Asmodia s'approche doucement puis, d'un seul coup, l'éclabousse lui arrachant un cri de surprise. Les jeunes femmes éclatent de rire, "c'était sûr" pense la rouquine, la souveraine a beau avoir des responsabilités, ce genre de situation l'amuse. La succube blonde ne réplique pas, n'osant pas, par peur que cela soit pris comme une offense à l'égard de sa Majesté. Tout à coup, un bruit survient, Burach, de l'autre côté de la porte, semble ordonner à quelqu'un de rester à l'extérieur mais en vain. La grande porte en bois beige s'ouvre d'un coup sec.