Promise II

Chapitre 9

La semaine est passée bien plus vite que je ne l'aurais cru. À la veille de notre départ, pour préparer la Grande Guerre, il a été décidé et annoncé que je resterais à Versailles. Mais j'en ai décidé autrement. Je viendrais avec eux qu'il le veuille ou non. Il ne reste plus qu'une semaine avant l'attaque. J'ignore si j'ai les épaules pour supporter tout ce qui va arriver, mais j'irais. Je ne serais pas séparé d'Ayden une nouvelle fois sans que l'on me laisse le choix. 

 Alors que la nuit s'est installée depuis plusieurs heures et que tous on prit refuge dans leurs chambres ou leurs appartements, je suis pied nu en train d'arpenter les couloirs du château. Muni d'un chandelier, je m'éclaire dans la sombre nuit silencieuse. Je voudrais aller voir Ayden. Je voudrais lui parler. Mais depuis une semaine, il semble m'éviter autant que possible. Il m'adresse la parole, mais pour échanger des banalités. Il m'adresse des sourires, mais sans sincérité. Il essaye par tous les moyens de ne pas avoir de conversation sérieuse avec moi. 

 Alors que je marche sans faire attention autour de moi, une lumière capture mon attention. Je m'arrête tout à coup puis je me tourne vers une porte semi-ouverte, dans laquelle une lumière jaillit. J'entends des voix que je connais très bien s'en échapper : 

 -Je pense que vous faites erreur et que vous allez le regretter, s'exclame William d'un ton calme.

-Je ne pense pas avoir demandé votre avis, rétorque Ayden d'un ton sec.

 Au son de sa voix, d'un souffle vif j'éteins les flammes de mon chandelier et je vais me camoufler derrière le mur. Très lentement, je m'approche du cadran de la porte et j'observe d'un œil la scène face à moi.
J'ai vraiment l'air d'une fouineuse , mais la présence d'Ayden et de William m'intrigue bien trop pour juste passer mon chemin. 

 -Vous ne pouvez pas l'abandonner encore une fois, déclare William alors que la chandelle entre eux fait briller ses yeux intensément. 

 -Cessez de me dire ce que je suis censé faire ou ne pas faire. Je n'ai aucun compte à vous rendre, s'exclame Ayden en adressant un regard furieux à son interlocuteur. 

 -Je sais que je ne peux m'octroyer ce droit. Mais je m'y sens obliger, j'ai assisté au chagrin d'Aria durant ces dernières années et je ne veux pas que cela arrive à nouveau. 

 Les pulsations au fond de ma cage thoracique se font plus intenses. Ils sont en train de parler de moi et inconsciemment j'ai hâte de voir la manière dont va tourner la discussion. Malgré la nervosité qui gonfle en moi, ma curiosité se fait bien plus grande. 

 -Je n'y ai pas assisté, mais elle me l'a fait ressentir, dit-il en baissant le ton de sa voix.Je sais en voyant son regard qu'il repense à mes lettres et qu'il repense à tout le chagrin et les sombres pensées qu'elle retenait. 

Je vois Ayden passer une main dans ses cheveux et à contrecœur, il finit par dire: 

 -Je ne peux pas l'emmener avec moi. Je ne veux pas la faire souffrir. 

 En fronçant les sourcils, William déclare: 

 -Cette souffrance était causée par votre séparation. Je pense que vous allez lui faire encore plus de mal en l'abandonnant derrière vous. 

 -Vous n'avez aucune idée de ce dont il s'agit réellement, marmonne-t-il avec aigreur. 

 -Elle va souffrir... 

 Excédé et à bout de nerfs, Ayden le coupe pour éclater: 

 -Elle va souffrir si elle reste avec moi ! Ce n'est pas l'abandon qui va lui faire le plus de mal... C'est moi. C'est seulement moi.