Souvenirs

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Je me réveillai complètement confuse, et avec un énorme mal de tête. Les évènements de la soirée me revinrent soudain en tête, et j'essayai de me lever brusquement. Bien mal m'en a pris: je sentis la nausée m'envahir et me recouchai en gémissant, la main sur le visage.

– Myssa ? Tu es réveillée ?

– Amélia, c'est toi ?

Je la vis s'approcher de mon lit en souriant, et elle me serra dans ses bras - ce qui nous fit grimacer de douleur toutes les deux.

– Mon Dieu, j'ai cru que tu ne te réveillerais jamais ! me dit-elle, visiblement soulagée.

– Comment vas-tu ? Tout le monde va bien ? J'ai dormi combien de temps ? Et le lieutenant Millens ?

Elle rit.

– Une question à la fois, reprends ta respiration !

 Puis elle perdit son sourire.

– Tout le monde va plus ou moins bien depuis l'attaque d'hier soir, mais le lieutenant Millens... Il n'a pas survécu...

Je plaquai la main devant ma bouche, les yeux pleins de larmes.

– Il a donné sa vie pour moi, et il n'était même pas sûr de mon identité !

Elle secoua la tête.

– Je pense qu'il savait très exactement qui tu étais : il y a des portraits de tes ancêtres dans le couloir, je les ai vus, et tu leur ressembles trait pour trait.

Je soupirai. 

Je ne voulais pas que mon retour cause de mort, et ne pensais pas que cela se passerais comme cela.

Je vis qu'elle n'évoqua pas Martin, ce qui était plutôt un soulagement, car je n'avais pas du tout envie de revivre les derniers moments de sa vie.

Je serrai sa main dans la mienne.

– Et toi comment vas-tu ? Les cris... 

– Je vais bien, ne t'inquiètes pas ! Je devrais juste me passer de bikinis et de dos-nu quelques temps, mais le fouet ce n'est pas si atroce que cela, dit-elle en haussant les épaules.

Je souris devant cette maigre tentative de nous remonter le moral à toutes les deux, mais je savais bien que cela devait être plus grave que cela. J'avais entendu ses hurlements, après tout.

– Je suis désolée, tu sais, tout est de ma faute. Tu avais raison, tu n'aurais jamais dû m'accompagner.

– N'importe quoi ! A ce propos, c'est moi qui suis désolée pour tout ce que j'ai dit avant notre départ d'Avignon, je ne le pensais pas. J'étais juste furieuse et inquiète. Tu es ma meilleure amie, une sœur pour moi, et je ne regretterais jamais de t'avoir rencontrée.

Je souris, émue.

– Arrête, tu vas me faire pleurer, et je ne pleure jamais ! Toi aussi tu es et tu seras toujours ma sœur, Amélia. On ne choisit pas sa famille, mais on s'est choisies toutes les deux.

Elle hocha la tête en souriant.

J'essayai de me relever, plus doucement cette fois-ci, et y parvins plus ou moins facilement.

– Où est-ce que tu dors ? Tu es bien installée ?

– Oui, je suis au bout du couloir, ce qui apparemment est un grand honneur, vu qu'il n'y a à cet étage qu'une dizaine de suites, réservées à la famille royale.

– Tu le mérites, dis-je, ravie.

– Et, c'était ta chambre ici, non ? Ton nom est gravé sur le fauteuil où j'étais installée.

Myssandra : le retour d'une future reineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant