Myssandra : le retour d'une future reine

Plus de murs

C'était assez bizarre, je me souviens à quelle point j'avais été amoureuse de Matthieu.

Cependant, en tant que petite fille de 6 ans jouant avec un garçon plus grand qui s'amusait à me jeter de la terre dessus, ce n'était pas du tout la même chose, surtout comparé à ce que je ressentais à présent.

Son départ m'avait rendue tellement triste, je pense que s'il n'y avait pas eu ce stupide enlèvement, je n'aurais jamais pu l'oublier.

Après mon emménagement chez les Durand, j'avais préféré occulter toute ce qui avait trait à ma vie d'avant. C'était beaucoup trop dur pour moi, je ne comprenais pas à l'époque pourquoi mes parents m'avaient envoyée au loin.

Je pensais avoir fait quelque chose de mal, que c'était une sorte de punition, et cette période avait été incroyablement douloureuse pour la petite fille que j'étais.

Les émotions tourbillonnaient en moi à l'époque, et j'avais préféré les étouffer, ainsi que mes souvenirs - les bons comme les mauvais.

Je secouai la tête, ne souhaitant pas m'attarder plus longtemps sur cela, et partis me préparer. J'enfilai en vitesse un jean slim délavé avec des cuissardes en daim marron ainsi qu'un col roulé bleu électrique. Je pris cependant le temps de me maquiller cette fois-ci, puis sortis retrouver Amélia.

Ne la trouvant pas dans sa chambre, je me rendis dans la salle à manger, où elle prenait son petit déjeuner, à ma grande surprise.

– Bonjour ! Tu es tombée du lit ?

– Bonjour, me répondit-elle. Je ne sais pas, je crois que c'est Matylia qui me rends matinale.

– Vraiment ? rétorquai-je, peu convaincue.

– Ça et le fait que les gardes officiels s'entraînent tous les matins avec ta garde rapprochée dans les jardins, et que c'est juste... Miam.

Je ricanai.

– Ça te ressemble plus.

Elle haussa les épaules.

Amélia a toujours aimé papillonner autour des garçons, qui le lui rendaient bien. Personnellement après mon enlèvement je suis passée de petite fille aventureuse à petite fille modèle, essayant de rendre mes parents aussi fiers qu'ils pouvaient l'être, de loin.

Si quelques garçons m'avaient attirés par le passé, je n'avais jamais rien tenté de peur de me retrouver plus tard avec des histoires du genre : "je suis sorti avec une princesse sans le savoir" et des idiots racontant des détails privés de ma vie à la presse.

C'était donc la première fois que je sortais, embrassais et même dormais avec un garçon. Que de changements pour la sage Mélissa ! J'avais envie d'en parler à Amélia, mais c'était une vraie pipelette, qui ne savait pas tenir sa langue.

– Tu avais raison pour Cyril, d'ailleurs, reprit Amélia, gênée. J'ai suivi un peu les nouvelles de Marie Claire sur Insta, et il était avec une autre samedi. Ça ne lui a pas pris trop de temps de m'oublier, apparemment...

Fronçant les sourcils, je pris la main de mon amie.

Je savais que malgré son incroyable confiance en elle, elle pouvait parfois se montrer très naïve, et le retour à la réalité était douloureux.

– C'était un abruti qui ne te méritait absolument pas. Je suis sûre que quelqu'un digne de toi se présenteras dans ta vie, Amélia.

Cette dernière cligna des yeux, émue, avant de me mettre un coup de coude.

– Il est beaucoup trop tôt pour que tu me fasses pleurer, dit-elle d'une voix tremblante.

Mais elle avait retrouvé le sourire, et c'était tout ce qui m'importait.