Myssandra : le retour d'une future reine

Retour au bercail

J'étais fébrile. Nolan avait été envoyé retrouver Matthieu, ce qui pouvait prendre des jours, voire des semaines. 

C'est ce que j'espérais, en tout cas. 

Je savais bien que nous ne nous étions retrouvés que depuis peu de temps, mais j'avais vraiment eu l'impression qu'il y avait une véritable connexion entre nous, un lien inaltérable. 

J'avais dû me tromper, apparement. Et bien comme il faut. 

Impassible, je donnais le change devant les autres, mais au fond de moi, j'étais triste et en colère. Son départ m'avait fait tomber de très haut. Je voulais hurler de toutes les forces, hurler jusqu'à ce que toutes ces émotions se tarissent.

Bien sûr, je ne pouvais pas. Comment l'expliquerais-je ? Je continuais donc ma vie dignement, comme si de rien était, cachant le volcan bouillonnant de mes sentiments.

J'avais commencé à faire la connaissance de Rivan, toujours accompagné d'Amélia. C'était vraiment un garçon gentil, toujours serviable. Quand on lui parlait, il écoutait vraiment : il faisait partie de ces gens qui essaient vraiment de comprendre l'autre, même si ce n'était qu'à propos de détails insignifiants de notre vie. 

S'il n'avait pas était désigné d'office comme mon fiancé, s'il n'y avait pas eu un autre brun importun torturant mes pensées, j'aurais pu éprouver quelque chose pour lui. Mais la vie étant ce qu'elle était, et malgré la peine je n'y changerai rien. 

De toute façon ce n'était pas de mon ressort : Amélia et Rivan s'était trouvés, deux grands blonds élégants, parfaitement assortis. Pendant nos promenades, je pus les observer de près, et le spectacle était complètement attendrissant. Ils réagissaient à la présence de l'autre, de manière inconsciente : un coup de vent agaçait les cheveux d'Amélia, il se mettait en travers de son chemin, il fronçait les sourcils en cherchant ses mots, Amélia lui chuchotait la réponse à l'oreille.

Adorable.

Même si elle me laissait un peu dans le flou, je me doutais bien qu'ils se voyaient en dehors de ma royale présence, ces deux petits cachottiers. J'étais heureuse pour eux, Amélia méritait le meilleur, et si le meilleur pour elle était Rivan, j'étais ravie. Je ne l'avais jamais vu se comporter ainsi avec aucun autre garçon. 

Je m'inquiétais seulement de savoir comment ses parents à lui et mes parents à moi réagiraient. Les parents d'Amélia n'entrant pas en compte, ils avaient toujours été très indulgents par rapport aux relations de leur fille. Les miens, par contre, risquaient de se sentir insultés, et ceux du blond n'allaient pas apprécier cette histoire non plus.

Un jour, je décidai de crever l'abcès :

– Dit, Rivan, que penseront tes parents de ta relation avec Amélia ?

Il sourit à mon amie avant de me répondre.

– En Norvège, la royauté prête bien moins d'importance à lignée des époux royaux que dans d'autres pays. De plus, je ne suis que le fils cadet et mon grand frère a déjà deux enfants, donc il n'y a pas d'urgence de ce côté là.

Il se gratta la tête.

– Honnêtement, je pense que mes parents seront plutôt soulagés de voir que je m'engage dans une relation sérieuse. Ma mère commençait à désespérer.

Je pus voir en direct Amélia fondre aux mots de Rivan, elle qui pourtant avait toujours détalé au quart de tour devant un quelconque engagement.

Restait à en parler à mes parents, qui ne prendraient sûrement pas les choses aussi bien...