A ma place

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J'arrivai toute essoufflée dans le couloir menant à ma chambre, et qui était plus encombré qu'il ne l'avait jamais été, selon moi. Il y avait là Henry, toujours tiré à quatre épingles, Amélia, l'air défait, Matthieu, complètement ébouriffé comme si on l'avait tiré du sommeil, ainsi qu'une partie de ma garde personnelle.

– Bonjour !

Ils se retournèrent tous comme un seul homme vers moi, ébahis.

Matthieu arriva à grandes enjambées vers moi, et après un léger examen pour voir si je me portais bien, il m'attrapa par les épaules et me secoua.

– Qu'est-ce qui t'as ... vous a pris de disparaître comme ça ?! me dit-il, furieux. Vous êtes PRINCESSE maintenant, si vous ne l'aviez pas encore remarqué.

Il me relâcha, et grimaça en comprenant qu'il s'était plus ou moins lâché devant tout le monde. 

Quant à moi, j'avais l'impression que toute ma sérénité s'était envolée à présent, et je mourrais de faim.

Je croisai les bras sur ma poitrine. Contrite, je ne savais pas quoi dire, n'ayant pas du tout pensé que tout le monde s'inquièterait pour une banale balade dans le château, et ne voulant pas attirer l'attention sur les gardes qui n'étaient pas présents ce matin.

J'avais l'habitude de n'en faire qu'à ma tête, et je suppose que ce temps était révolu.

– Nous en reparlerons plus tard. 

Je croisai le regard furieux de Matthieu avant de me tourner vers les autres. 

– Je suis vraiment désolée, je n'avais pas l'intention de vous inquiéter, je n'ai pas réfléchi, mais cela ne se reproduira plus.

J'avançai ensuite vers Amélia.

– Ça te dis un petit-dej ? Je meurs de faim !

Il n'était même pas encore huit heures, et pourtant la journée avait déjà commencé sur des chapeaux de roue.

Après un petit déjeuner gargantuesque, au cour duquel Amélia se moqua bien de moi à propos de ma petite « fugue », je me rendis à mon bureau et appelai Henry et Matthieu.

– Encore une fois, je m'excuse pour ce matin, je vais faire plus attention, à présent. Je voulais vous voir car j'aimerais rencontrer personnellement l'ensemble de ma garde personnelle, afin de les connaître un peu mieux.

Henry regarda brièvement Matthieu avant de hocher la tête.

– Oui, je pense que cela pourrait être une bonne idée, surtout si l'on considère que ces gardes seront à vos côtés durant la totalité de votre futur règne.

Matthieu acquiesça sobrement.

– Je suis d'accord. 

Une fois seule avec Matthieu, je me levai et m'approchai de lui. Il me tournait le dos, regardant par la fenêtre, les épaules rigides. J'étais maintenant assez près de lui pour voir sa mâchoire serrée et son regard furieux. 

Je me glissai entre la fenêtre et lui.

– Je suis vraiment désolée.

Il baissa lentement les yeux vers moi et je posai délicatement la main sur sa joue.

– Tu étais introuvable, je ne savais pas quoi faire, murmura-t-il. Je suis sensé être responsable de ta garde personnelle, de ta sécurité, mais ce n'est pas ce que je ressens à propos de toi. J'ai paniqué, je revoyais encore et encore ce sale Martin au dessus de toi.

Je tressaillis à ce souvenir, puis me mis sur la pointe des pieds pour passer les bras autour de son cou.

– Je vais bien, grâce à toi.

Myssandra : le retour d'une future reineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant