Myssandra : le retour d'une future reine

Entraînement

Des heures plus tard, je me rendais dans le jardin pour une pause bien méritée quand Matthieu me héla.

–  Votre Altesse !

Je me retournai, serrant les dents.

– Oui ? 

–  Êtes-vous prête pour votre leçon ?

J'ouvris la bouche, surprise.

–  Quoi ?

Il eut au moins le mérite de paraître gêné.

– Eh bien, Sa Majesté le Roi m'a demandé d'assurer vos cours de défense.

Je me raidis, m'approchant de lui.

– Je refuse, murmurais-je, trouvez un autre professeur.

Il resta neutre et haussa les épaules.

– C'est que je suis le meilleur, et j'ai de l'expérience en tant qu'instructeur.

De l'expérience mon oeil, oui. 

Sale type.

Comme nous commençâmes à attirer l'attention, j'acceptai de le suivre jusqu'au terrain d'entraînement, complètement excentré du reste du jardin royal.

Ce terrain - qui n'était pas réservé aux gardes du palais mais ouvert à toute personne souhaitant se dépenser à l'extérieur - était constitué d'une pelouse minutieusement entretenue, assez grande pour abriter n'importe quel sport en équipe et de forme ovale. Elle était ensuite totalement entourée par  trois pistes de courses côte à côte. Sur le côté gauche, des équipements qui me passèrent au dessus de la tête pendant mon inspection : un court de tennis, un endroit équipé pour le saut en longueur et en largeur, etc...

Trépignant, j'étais furieuse. J'en avais marre que l'on prenne des décisions pour moi. Mon père aurait dû m'en parler, on s'était vus il y a peu de temps, pourtant ! D'un côté, il me considérait comme une gamine à protéger et à diriger, et de l'autre il m'offrait de grandes responsabilités. J'avais vraiment du mal à le comprendre.

– Nous alternerons les séances d'entraînement et les séances en conditions réelles. Nous commencerons par une séance en condition réelle afin que j'évalue votre niveau, vous n'aurez donc pas besoin de vous changer, commença-il d'un ton sérieux.

Je pouvais voir d'autres gardes royaux s'entraîner, ils ne faisaient pas vraiment d'effort pour cacher leur intérêt et nous regardaient sans vergogne.

Génial, j'adorais être le centre de l'attention...

Matthieu se plaça derrière moi avant de se remettre à parler :

– Je vais vous montrer une prise assez simple, j'aimerais voir si vous arrivez à vous libérer, me dit-il d'une voix douce.

Je sentis les poils de ma nuque se hérisser, mais j'acquiesçai.

Il m'immobilisa ensuite par derrière, passant un bras musclé autour de mon cou.

– Je t'aime, murmura-t-il à mon oreille.

Je me raidis, maudissant mon stupide cœur qui se mit à battre à toute vitesse. Je lui écrasais le pied, le faisant desserrer sa prise sur mon cou, puis me débattis et parvins finalement à lui échapper.

J'avançais d'un pas en avant, ne me sentant pas le courage de croiser son regard. J'avais l'impression de ressentir chaque terminaison nerveuse de mon corps, toutes plus électrisées les unes que les autres.

J'avais tant espéré l'entendre prononcer ces mots...

Il se racla la gorge.

– Bien. Quand la force de votre adversaire est bien plus importante que la votre, vous devez utiliser celle-ci à votre avantage, ainsi que tout élément de surprise que vous pourrez mettre en oeuvre, continua-t-il.