Chapitre 9 : Crise psychotique

562 71 28
                                    

Le lendemain, les mêmes pensées qui l'avaient empêché de bien dormir continuaient à tourner en boucle dans la tête de Bruce. John avait-il réalisé qu'une caméra était dissimulée dans sa chambre ? S'en était-il rendu compte avant ou après sa petite partie de plaisir solitaire ? Et si jamais il s'en était rendu compte avant... Avait-il fait cela uniquement dans un but provocateur ? John jouait-il avec Bruce ? Le jeune millionnaire espérait d'ailleurs que John ne croit pas qu'il s'agisse d'Alfred derrière les caméras...

En tout cas, en cette nouvelle matinée, John se comportait de manière tout à fait habituelle. Bruce essayait de faire de même, bien que la gêne ressentie et le léger réveil de ses tendances paranoïaques le perturbaient quelque peu. En ce dimanche matin, Alfred confia à John quelques tâches de jardinage. Celui-ci partit se mettre à l'ouvrage avec enthousiasme, et Bruce ne le surveilla discrètement que depuis l'intérieur du Manoir, le regardant à travers la fenêtre, tout en restant songeur.

Alfred quant à lui en profita pour effectuer un peu de ménage dans la cuisine avant de se mettre à la préparation du repas, préparation à laquelle il finit par convier John et Bruce comme ils en avaient maintenant pris l'habitude. Après le repas, il invita les deux jeunes hommes à prendre un petit moment de repos en vue d'être en forme pour l'après-midi au lac qui était prévue dans leur programme.

Bruce était donc remonté dans ses quartiers après s'être assuré que John avait fait de même. Ayant bien vu sur les caméras que le jeune homme était affalé sur son lit, l'air occupé par ses pensées, Bruce s'était senti suffisamment entouré de calme pour effectuer son exercice de méditation.

Mais c'est alors qu'un bruit attira son attention et le coupa dans sa relaxation au bout de quelques minutes à peine. Lorsqu'il ouvrit les yeux, son regard fut immédiatement attiré par la caméra du rez-de-chaussée ayant capté des mouvements : ceux d'Alfred, équipé de son matériel de ménage, qui pénétrait dans la bat-cave.

Toutefois un autre mouvement attira le regard de Bruce. Il regarda spontanément vers l'angle de l'écran affichant la chambre de John, qui était vide à présent. Ni une ni deux, Bruce se leva d'un bond et sortit de sa chambre en trombes avant de dévaler les escaliers.

.

Pendant ce temps calme Alfred faisait mentalement la liste des tâches ménagères à effectuer. La plupart avaient déjà été faites en compagnie de John, à la fois pour l'occuper et pour l'impliquer au sein de sa nouvelle demeure ; mais il en restait une que le majordome ne pouvait effectuer que seul. Certes, l'entretient de la bat-cave n'était en rien urgent et avait même été relégué à une importance très secondaire durant ces dernières années... Mais, depuis que Bruce avait retrouvé cet aspect que Alfred qualifierait de tout simplement plus "vivant", depuis que le projet d'accueil de John lui avait redonné l'envie de se rendre dans l'antre du Batman, il tenait à cœur à Alfred de prendre soin de cette partie cachée du Manoir. C'était peut-être, au fond, comme s'il prenait soin d'une partie de Bruce...

Bien sûr, sachant qu'ils n'étaient pas seuls dans la maison, Alfred avait d'abord vérifié que John était bien dans ses appartements avant de se résoudre à aller faire un brin de ménage dans la bat-cave. Il était monté jusqu'aux appartements Sud sur la pointe des pieds, s'assurant que John ne s'apprêtait pas à les quitter, puis était redescendu tout aussi furtivement. Seul le mécanisme d'ouverture du passage secret, au rez-de-chaussée, avait fait un léger bruit ; mais Alfred avait bien vite refermé derrière lui.

Il descendit donc les marches tranquillement avant d'arriver au centre de la vaste pièce, prenant un instant pour inspirer l'air frais du gigantesque sous-sol taillé dans la roche.

Mais son moment de quiétude fut interrompu. Son regard se dirigea vers le haut des escaliers sombres tandis que les notes de musique puis le bruit du mécanisme du passage secret résonnaient contre les parois. « Bruce ? » se demanda-t-il mentalement. Des bruits de pas retentirent, s'approchant peu à peu de lui. Et là, stupeur : ce n'était pas Bruce qui descendait les marches de la bat-cave. C'était John.

Le Manoir Wayne : lieu d'accueil thérapeutiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant