Chapitre 7 : Ce qui naît dans l'os transparaît dans la chair

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Les trois résidents du Manoir Wayne avaient raccompagné la psychiatre et l'aide-soignant jusqu'à leur voiture. Les au revoir avaient pris quelques temps à John, avait remarqué Alfred, mais celui-ci avait apparemment été rassuré lorsque sa psychiatre lui avait confirmé qu'ils se verraient bien le lendemain pour leur consultation habituelle – elle renvoya le jeune homme vers le planning qu'elle lui avait fourni pour s'orienter dans son programme de la semaine. Après cette dernière réassurance, le moteur de la voiture avait démarré et, les pneus roulant sur le chemin de gravier menant jusqu'au portail, elle avait ensuite disparu de leur champ de vision.

Alfred, John et Bruce se retrouvaient à présent seuls à l'entrée du grand Manoir. Le silence s'installa entre eux tandis qu'ils restaient là, immobiles, ne sachant trop comment se comporter. Alfred proposa alors ce qui lui semblait logique en pareille situation.

« Voulez-vous une tasse de thé ? » demanda-t-il aux deux jeunes hommes près de lui.

John s'empressa d'acquiescer avec un grand sourire, ce qui rassura Alfred : car quoi de mieux qu'un thé bien chaud pour briser la glace ? Le majordome fut d'autant plus ravi de voir que Bruce, même s'il était resté silencieux, suivait le mouvement pour rentrer dans le manoir, se dirigeant ensemble vers la cuisine.

Tandis qu'Alfred préparait l'eau chaude, il eut la surprise devoir John étudier minutieusement les différentes boîtes de thé s'offrant à son regard.

« Vous avez tellement de choix, mon cher Alfred ! Quel thé choisir ?

- Je vous recommande ce thé noir particulièrement délicieux » lui répondit le majordome en désignant l'une des boîtes face à eux.

Bruce regarda d'un œil mi-sceptique mi-agacé la scène qui s'offrait à lui : le Joker préparant avec un enthousiasme exagéré les boules à thé, en parfaite harmonie avec son majordome. Le jeune millionnaire se passa une main sur le visage, ayant encore du mal à réaliser ce que tout ceci impliquait : le Joker allait vivre avec eux. Il allait faire des choses comme préparer du thé, mais aussi être présent aux repas, dormir sous son toit, être présent chaque matin et chaque soir... Bruce eut l'impression qu'il s'agissait d'une vaste blague.

Une fois la boisson préparée, Alfred proposa de s'installer dans le petit salon, plus chaleureux et convivial que les autres vastes pièces du manoir. Il fut suivi par les deux autres hommes et tous trois prirent place dans les fauteuils confortables.

Le silence qui s'installa ensuite, en revanche, ne sembla pas du tout confortable pour le majordome. Même si John sirotait son thé avec nonchalance, Bruce sentait la crispation à deux kilomètres à la ronde et Alfred ne savait trop quoi faire pour détendre l'atmosphère. Il eut un soupir intérieur. Il faudrait probablement un certain temps pour que son jeune maître s'habitue à cette nouvelle situation. Et lui aussi, soit dit en passant...

« Est-ce que vous avez réfléchi aux façons dont je pourrais me rendre utile ici ? » demanda John, sortant Alfred de ses pensées.

Le sexagénaire regarda Bruce, qui ne semblait pas vouloir lâcher ne serait-ce qu'un seul mot. Ce fut donc Alfred qui répondit, se souvenant que la psychiatre avait suggéré des "activités quotidiennes" à effectuer au manoir pour son patient.

« Et bien, répondit le majordome peu sûr de lui. Pour aujourd'hui, la journée étant déjà entamée, peut-être que le fait de vous installer dans vos nouveaux quartiers peut déjà être un bon objectif. Ensuite... Peut-être voudrez-vous m'aider à préparer le repas de ce soir ?

- Ce serait avec plaisir, mon cher Alfred » répondit John en hochant la tête.

Bruce resta silencieux face à cet échange, mais se promit de surveiller que le Joker ne tente pas d'empoisonner leur futur repas.

Le Manoir Wayne : lieu d'accueil thérapeutiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant