Une semaine. Cela faisait une semaine que... « l'incident », comme Bruce l'appelait en son fort intérieur, s'était produit.
Ce n'était pas l'incident concernant la bat-cave auquel il pensait, non. Cela concernait le... baiser, que John lui avait donné dans la pénombre de la chambre. Un baiser fugace, certes, mais chargé d'une douceur que Bruce ne savait toujours pas expliquer.
Il n'expliquait déjà pas le geste en lui-même...
Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Lorsqu'ils étaient Batman et le Joker, ils se haïssaient. Enfin... Bruce devait bien admettre que la répulsion était alors accompagnée d'une forme d'attraction : à cette époque, ils se cherchaient sans cesse. Mais Bruce se souvenait bel et bien de la haine qu'il avait régulièrement ressentie, vivement, à l'encontre de son ennemi. A cette réflexion, une petite voix dans sa tête, ressemblant à s'y méprendre à celle d'Alfred, lui avait susurré « la haine est parfois plus proche de l'amour qu'on ne le croit... ». Foutaises. Pourrait-il aimer John ? Absolument pas. Tout au plus il réussissait à tolérer sa présence depuis quelques temps. Certes, lors de son moment de crise, il avait été particulièrement inquiet pour le jeune homme et avait pris soin de lui ensuite. Cela faisait-il pour autant qu'il lui portait de l'affection ? De l'amour ? Certainement pas.
Enfin, il ne lui semblait pas... Mais Bruce n'avait jamais été très doué avec ses propres sentiments. Avec ceux des autres non plus d'ailleurs.
Mais alors... Se pourrait-il que John, de son côté, soit amoureux de lui ? Bruce n'aurait su le dire. Le Joker avait eu une sorte d'admiration, de fascination malsaine pour Batman. Mais le Joker et Batman n'existaient plus, à présent. Ne restaient que Bruce Wayne et John Kerrigan. John aurait-il pu toutefois garder cette sorte d'attrait pour sa personne ? Cela aurait-il pu évoluer en sentiment affectueux, voire amoureux ?
Pendant toute la semaine Bruce fut obnubilé par ces pensées. Il passa des heures, seul, à essayer de les démêler. En vain. Et à chaque fois qu'il essayait d'en faire abstraction il finissait par se retrouver aux côtés de John – lors des repas par exemple – chez qui rien n'avait changé : dans ses habitudes, sa personnalité, son comportement... Il restait indubitablement le même. Ce baiser n'avait donc rien changé pour lui ?
« Pour moi... ça ne change rien » lui avait-il dit ce soir-là avant de l'embrasser.
Cela voulait-il dire qu'il avait toujours eu ce genre de sentiments pour lui ? Ou bien depuis son arrivée au Manoir seulement ? Et quoi, qu'il s'en accommodait simplement ? Ou encore... Était-il possible qu'il soit suffisamment lunatique pour faire une chose aussi folle que l'embrasser sans que cela ne soit lié à aucun sentiment en lui ?
Bruce était complètement perdu.
Cette semaine-là, les nuits, il eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. En plus des journées qu'il passait principalement dans ses quartiers, à observer la vie des deux autres habitants du Manoir via les caméras, il avait aussi passé, les nuits, de longues heures à regarder John dormir sur son écran. Le rouge lui était parfois monté aux joues lorsqu'il repensait à ce à quoi il avait assisté quelques temps auparavant. Lorsque, à présent, John se dévêtait pour aller se coucher, Bruce était partagé entre une furieuse envie de détourner les yeux et celle de regarder le jeune homme, de le détailler sous tous les angles. Le rouge lui montait également aux joues lorsqu'il repensait au baiser qui avait eu lieu. Ne sachant toujours qu'en penser, il se demandait régulièrement ce que John, lui, pouvait bien avoir en tête à ce sujet... Pendant de longues heures, il se perdait ainsi dans sa contemplation, absorbé, ressassant tous ces événements ainsi que ses nombreuses pensées.
Le vendredi soir, soudain, Bruce n'y tint plus. Après une semaine à regarder chaque nuit John dormir sur son écran, il eut soudain besoin de plus. Il ne savait pas vraiment pourquoi, comment, mais il ressentit le besoin de le voir pour de vrai.
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Le Manoir Wayne : lieu d'accueil thérapeutique
Fanfic[Anciennement sous le nom "Joker at Wayne Manor"] Tout était parti du double constat qu'avait fait Alfred Pennyworth : Bruce se repliait de plus en plus sur lui-même, et le Manoir Wayne manquait cruellement de vie. Lorsqu'il avait entendu parler de...