Bruce détacha finalement son regard de son majordome pour le poser sur la psychiatre, qui les attendait calmement dans le salon toujours sans s'être départie de son sourire bienveillant. Il décida de se diriger vers elle d'un pas ferme, alors que celle-ci se redressait face à sa venue.
« Monsieur Wayne » le salua-t-elle à nouveau.
Bruce ne répondit rien mais lui fit tout de même un léger hochement de tête pour essayer de ne pas être trop malpoli. Ses parents, ainsi que Alfred, lui avaient tout de même appris à bien se tenir... Même s'il fallait bien avouer que la situation actuelle rendait les choses compliquées, tant de violentes émotions se bousculaient en lui.
Froidement mais le plus calmement possible, il fit signe à la psychiatre se rasseoir puis s'assit lui-même dans l'un des autres fauteuils du salon, tandis que Alfred les imitait à son tour, son regard vif jonglant entre chacun de ces drôles de protagonistes.
« Vous avez amené le Joker ici. »
La voix tranchante de Bruce avait lâché ces mots tel un coup de tonnerre. Ce constat semblait contenir bon lot de reproches.
« Suite à votre candidature au projet de famille d'accueil pour patients de psychiatrie en voie de rétablissement, répondit très calmement la psychiatre Eileen Williams, nous avons convenu d'une visite au cours de laquelle nous vous avons présenté l'un des patients de notre service. John Kerrigan a, en effet, été connu sous le pseudonyme de "Joker" lors de certains incidents qui se sont produits dans notre ville. »
Alfred ressentit un profond respect pour cette femme qui narrait les faits avec pareille neutralité.
« Il s'agit du Joker ! répéta Bruce dont on sentait de l'émotion poindre dans sa voix.
- Pour notre équipe de professionnels, il s'agit avant tout de John Kerrigan. Suite à certains éléments de son vécu, John a développé un stres post-traumatique complexe qui a impacté le développement de sa personnalité, jusqu'à avoir un trouble de la personnalité narcissique et ce cumulé avec des éléments délirants, c'est-à-dire lui faisant perdre contact avec la réalité objective ; c'est à cette époque que, en effet, il s'est fait connaître sous le nom de "Joker". Néanmoins, poursuivit la psychiatre alors qu'elle avait bien vu que Bruce avait voulu l'interrompre, depuis treize mois à présent, pour nous, la personne avec laquelle nous travaillons est John Kerrigan : déjà car c'est sa véritable identité de base, son nom de naissance ; mais aussi car celui qui nous accompagnons au quotidien est bel et bien John : il ne s'agit plus du Joker.
- Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? rétorqua Bruce, toujours buté.
- En résumé, répondit Eileen Williams, John a parfaitement répondu au traitement médicamenteux qui a été instauré : nous avons couplé l'efficacité de deux anti-psychotiques complémentaires afin de permettre une baisse de son vécu délirant et de reprendre peu à peu contact avec la réalité ; nous lui avons également prescrit un anxiolytique afin de calmer ses périodes d'angoisses et d'agitation ; ainsi qu'un somnifère lui permettant de retrouver un rythme régulier de veille-sommeil. Faisons donc un rapide calcul : baisse et même effacement du délire, grande réduction de l'angoisse, retour à un rythme de vie régulier... Que restait-il donc à traiter à part ces symptômes ? »
La psychiatre laissa planer quelques instants sa question ; puis voyant qu'elle n'était pas interrompue, elle reprit la parole.
« ...Et bien, il restait tout de même les traumatismes et le trouble de la personnalité narcissique, bien enracinés. Bien sûr cela était déjà un peu moins déséquilibré grâce au traitement médicamenteux mais... Ce genre de troubles n'apparaît pas pour rien. Chez John, ils sont ancrés dans une histoire de vie complètement chaotique, où cette façon d'être est devenue la seule solution possible pour lui d'exister. Un mode de survie de l'extrême. »
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Le Manoir Wayne : lieu d'accueil thérapeutique
Fanfiction[Anciennement sous le nom "Joker at Wayne Manor"] Tout était parti du double constat qu'avait fait Alfred Pennyworth : Bruce se repliait de plus en plus sur lui-même, et le Manoir Wayne manquait cruellement de vie. Lorsqu'il avait entendu parler de...