Chapitre 6 : Pour la charité

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- Petit déjeuner au lit !

- Mffphhhfe.

- Il est tard, chérie. Aujourd'hui nous sortons.

- Quoi ? Où? , grommela la jeune femme, emmêlée dans les draps.

- J'ai un repas de charité au golf.

- Je n'irai pas.

- S'il te plait. Ça fait longtemps ! Les gars n'arrêtent pas de me demander quand est-ce qu'ils te reverront ... Pauline Thomas y va tous les mois, elle.

- Je ne culpabiliserai pas, John ! Je me fais chier à mourir là-bas !

- S'il te plait. Fais ça pour moi.

- Et toi, tu fais quoi pour moi en échange ?

Il détourna le regard, vaincu. Elle lui prit le plateau de petit déjeuner qu'elle mangea sans conviction. C'était toujours la même chose. Le travail de John revenait toujours entre eux deux. Il n'était pas là pour elle. Le train-train quotidien les consumait. Se lever, se préparer, aller au travail, rentrer, manger dans une sale ambiance, se coucher et recommencer. Sans intérêt. Ce n'était pas le style de vie qu'une femme de 27 ans pouvait espérer vivre. Peut-être 45 ans et encore...

En se préparant, John passa la tête par la salle de bain.

- Juste aujourd'hui. S'il te plait.

- Quelle tête de mule !

- On part dans 30 minutes. Habilles-toi bien.

Le couple arriva aux festivités bras dessus bras dessous. Une femme de haute taille arriva en trottinant vers eux, la robe dans le vent.

- Anaëlle !

Elle l'embrassa sur les deux joues, la prenant de court.

- Ça fait tellement longtemps ! Comment vas-tu ?

- Heu ... bien, merci.

- Bonjour John !

Elle déposa une bise au mari d'Anaëlle et les laissa seuls. Anaëlle se pencha vers son mari, sans la quitter des yeux.

- Qui est-ce ?

Il la regarda, cherchant à savoir si elle était sérieuse. Elle insista et son visage s'assombrit.

- Tu ... tu ne sais pas qui c'est ? Chérie, c'est la femme de Pierre. Quand tu venais plus souvent, vous étiez toujours dans le même groupe ...

- Je n'ai jamais fait attention à qui était là.

- Tu me désoles.

Ils partirent chacun de leur côté. Anaëlle gardait un œil pour son mari et compris bien vite qu'il parlait de sa nouvelle voiture quand il sortit les clés. Elle leva les yeux au ciel. Oui, il s'était acheté une Ferrari, pas la peine de craner devant tout le monde non plus !

- Et vous Madame Cartain ?

- Comment ? Excusez moi, je réfléchissais.

- Partez vous en vacances cet été ?

- Mon travail me retient.

- Mais, pourquoi travaillez vous alors que les hommes le font si bien ? De plus, votre mari à l'air de rapporter de belles sommes, non ?

Exaspérée, la jeune femme souffla un "oui" sec et se leva en prenant appui sur les accoudoirs.

Elle se dirigea d'un pas décidé vers John et l'attrapa par le bras :

- Maintenant, on peut partir ? Y'a une salope de bourge qui insinue que je suis inutile dans le monde du travail et qui bave sans gène devant ton portefeuille.

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