Chapitre 9 : Réactions

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La jeune femme passa à la caisse du supermarché accompagnée de sa mère. Elles mangeaient ensemble ce midi là, chez Anaëlle.

- Tu as pris 7 tablettes de chocolat ! Mais tu vas grossir ma pauvre fille !

- Les temps sont durs, maman.

- C'est ça, ouais. C'est pas une raison, maugréa la sexagénaire en levant les yeux au ciel et passant un sac autour de son épaule.

Elles cuisinèrent en silence, ne voulant ni l'une ni l'autre mettre le sujet sur la table la première. Anaëlle mit le couvert, sans regarder sa mère ; l'ambiance était carrément lourde. Elle souhaitait vider son sac. Mais, elle redoutait aussi la réaction de la femme qui l'avait élevée.

Au milieu du déjeuner silencieux, Hélène claqua bruyamment ses couverts, croisa les mains, les coudes posés sur la table, un air de conspiratrice sur la figure. Anaëlle comprit qu'elle allait y passer.

- Dis-moi tout. Maintenant.

- Je ... Je ne sais pas où j'en suis. John ne me convient plus.

A cette phrase, Hélène s'écroula contre son dossier, la bouche et les yeux grands ouverts.

- Comment ça ? C'est impossible, chérie. Il est parfait, ce garçon. Il représente tout ce que tu pouvais espérer de mieux. Pourquoi est-ce que tu gâches tout !?

- Maman ! Il a toujours été parfait pour papa et toi ! Mais moi ! M'avez-vous un jour demandé mon avis ?

Furieuse, sa mère se leva en repoussant sa chaise.

- Comment oses-tu ? C'est bien toi qui nous l'a ramené ce John ! Nous ne t'avons JAMAIS forcée à l'épouser !

A ces mots, Anaëlle se redressa elle aussi. Elle l'imita d'une voix nasillarde.

- John est tellement merveilleux, beau, riche, intelligent, attentionné ! Jamais je ne rencontrerais de gendre plus parfait. C'est l'homme qu'il te faut ma chérie ! J'aurai aimé avoir la chance de rencontrer quelqu'un comme lui dans ma jeunesse.

Comprenant qu'elle répétait ses paroles, Hélène lui cria d'arrêter.

- Et après tu n'appelles pas ça de la persuasion ? Tu m'as poussée à bout ! Et papa aussi ! Alors appelles ça comme tu veux mais moi je te dis que mon avis sur MA vie ne vous importait que très peu. Alors, s'il te plait, maman, sors de chez moi. Je ne tiens pas à me mettre en froid avec toi en plus de tous les autres.

Cette dernière fit mine de répliquer.

- S'il te plait !

Sans se le faire répéter, elle prit son manteau, son sac et partit en jetant un regard par dessus son épaule.

Anaëlle s'écroula sur sa chaise. En moins de 24 heures, elle avait renvoyé deux personnes de chez elle. Seule la solitude la guérissait. Ou l'obnubilait.

++++++++++

- Tout va bien ?

Roby, le regard dans le lointain, n'avait pas prononcé un mot depuis près d'une heure ; Anaëlle s'en inquiétait. Elle discutait avec ses amis, collée contre lui, une main sur son genou pour le gratifier de sa présence. Le jeune homme avait le bras posé sur le dossier du canapé mais ne semblait pas être là. À la question de sa copine, il hocha la tête, sans même la regarder. Mais la jeune fille ne pouvait rien y faire, à son plus grand désespoir.

- Et là, il lui dit qu'il a un bleu !

Elle avait décroché des blagues qui filaient. En temps normal, elle aurait rit au fait qu'un schtroumph ait un bleu. En temps normal.

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