Chapitre 12 : Retrouvailles

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[Souvenir]
Luke ouvrit la porte sur un Roby avec de grosses cernes et une Anaëlle palotte. Il les laissa entrer le plus naturellement du monde, faisant abstraction de l'apparition soudaine de son ami pour se concentrer sur l'état de la jeune fille. Il les installa dans son canapé et leur apporta un verre d'eau à chacun. Roby s' en saisit pour le boire d'un trait puis se tourna vers sa copine qui faisait tournoyer le liquide transparent dans le verre.

- Il faut que tu boives.

Comme elle ne réagissait pas, il enroula sa main autour de la sienne et lui fit avaler doucement. Luke les laissa seuls, tandis qu'ils se regardaient profondément.
Roby lui passa une mèche de cheveux derrière l'oreille en l'embrassant sur le front. Elle le repoussa faiblement d'une main sur le torse.

- J'ai besoin de quelques minutes...

Sur ce, elle sorti dans le jardin et croisa Luke qui l'arrêta.

- Qu'est-ce qu'il s' est passé ? Où est ce qu'il était ?

Anaëlle releva vers lui des yeux embués de larmes où le désespoir se reflétait.

- Au basket. Il ne comprend rien. Il se pointe comme ça et ...

Submergée par ses émotions, elle le contourna et alla se réfugier dans un coin d'herbe.
Le jeune homme en profita pour retrouver son ami; il entra dans le salon et le trouva la tête dans les mains, penché en avant.

- Hey, mec. Tu vas bien ?

Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre.

- Elle me hait. J'ai été affreux.

- T'as toujours pas capté ?, s' exclama Luke en se redressant. Roby, elle est complètement folle amoureuse de toi!
- T'es sûr ? Si c'était le cas, elle aurait pas réagit comme ça ....

- T'as donc aucune idée de ce qu'on a vécu depuis tout ce temps ?

Ne pouvant soutenir son regard plus longtemps, il se leva et tourna en rond :
- Un peu plus et elle tombait en dépression. Je ne l'entend presque plus parler, seulement te pleurer. Tous les jours elle allait se renseigner sur l'avancée de l'enquête. Elle fixait constamment une de tes photos et elle s' est mariée avec son lit et mon canapé. Elle était tellement inquiétante que je ne pensais plus à toi ou bien, quand ça arrivait, je priais pour que tu revienne et prenne le relais. Roby, je me doute que si t'as fait ça, il y avait de bonnes raisons que tu nous donneras plus tard, mais sache que la plus grosse victime dans tout ça, c'est elle.

Le jeune homme se sentit bien plus coupable maintenant qu'il avait écouté son ami. Il se rendit compte que sa fugue n'avait pas affecté que ses parents. Que d'une certaine façon, il avait plus blessé ses amis et Anaëlle que sa famille.
Luke lui prêta sa salle de bains et des vêtements de rechange.

Pendant ce temps, Anaëlle pleurait dans son coin. Elle ne pouvait croire que son petit ami disparu si longtemps était revenu, sans scrupules apparents. Elle le haïssait d'être si naïf et stupide pour partir comme cela. Et elle l'aimait encore plus du fait qu'il soit revenu sain et sauf, prêt à affronter ses problèmes. Luke s'assit à ses côtés, silencieux.

- Il va bien, maintenant, tu peux aller dormir. Viens.

Il l'amena dans sa chambre où il ferma les rideaux et l'invita à se reposer.

- Il ne faut plus s'inquiéter.

A bout de forces, Anaëlle ne broncha pas et s'endormit immédiatement, d'un sommeil sans rêves mais réparateur.

Une petite heure plus tard, elle s'entortilla dans la couette alors qu'elle émergeait. Dans la pénombre, elle se sentait apaisée : il était revenu, sain et sauf, il n'y avait donc plus d'inquiétude à avoir. A cette pensée, un rire guttural lui prit, si violent qu'elle dû se lever pour respirer; chose qu'elle faisait régulièrement ces derniers jours, tant l'inquiétude la rongeait. C'est alors qu'une chose la frappa : elle aimait Roby Johnson, elle en était éperdument amoureuse. Plus rien n'avait de sens sans lui, elle n'était plus rien alors qu'il était tout pour elle. Anaëlle se frotta vigoureusement la figure pour se réveiller et posa la main sur la poignée quand un léger ronflement la fit se retourner. Une masse sombre était étendue sur le canapé dans un coin de la pièce. La jeune fille s' approcha avec prudence et ouvrit les rideaux pour laisser un rayon de lumière entrer. Roby. En effet, Roby était étalé sur le canapé et dormait à poings fermés. Il remuait, visiblement perturbé par de mauvais rêves. Dans un élan d'amour, Anaëlle le couvrit d'une couverture trouvée sur le dossier et s' allongea contre lui. Elle suivit les contours de son visage délicat du bout du doigt, de peur de le réveiller. Le dormeur tendit le cou pour accueillir la caresse en soupirant de bien être, son cauchemar semblant avoir cessé. Anaëlle ne pu s' empêcher de l'embrasser délicatement sur la joue et de fourrer son visage dans son cou. Roby lui passa un bras autour de la taille pour la plaquer contre lui et humer l'odeur de ses cheveux. Les deux amoureux restèrent enlaçés une éternité minuscule. Ils étaient si paisibles qu'aucun d'eux ne prit conscience qu'ils dormaient.

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