Chapitre 8 : Intrusions

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La jeune femme passa deux jours à hiberner. Son patron l'avait appelé puis, entendant qu'elle n'était pas en état de travailler lui avait donné deux jours de congés. Ses journées se résumaient à : dormir, se lever, prendre à manger, se recoucher, trainer sur l'ordinateur, dormir, se relever, etc ...

Le lundi soir, elle décida d'aller marcher dans les rues de la ville. La musique défilait dans ses écouteurs et elle finit par courir. Si sa vie en avait dépendue, elle ne serait pas allée plus vite. La fureur qu'elle contenait se transformait en énergie.

Une fois autour du lac, elle s'arrêta, complètement éreintée, les mains sur les genoux. Une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter. Elle ôta ses écouteurs, se retourna et enfoui sa tête dans le cou d'Alexandre, son collègue, qui après une légère hésitation, il la serra contre lui. Cette étreinte était vitale pour Anaëlle ; elle avait besoin de sentir qu'elle n'était pas seule, que des personnes étaient là pour elle. Sous un accord commun, les deux adultes s'assirent sur un banc. La jeune femme s'affala contre le dossier, les yeux fermés pour empêcher les larmes d'affluer.

- C'est John ?

Elle hocha la tête.

- Vous ..., il butait sur les mots comme si cette phrase ne devait jamais être prononcée. Vous vous êtes séparés ?

La jeune soupira, passa une jambe sous l'autre et déclara, une main dans les cheveux :

- Pas encore.

- Wow. Vous aviez l'air d'aller bien pourtant.

- Nous n'avons jamais été bien tu sais.

- Oh non ! C'est pas vrai, les premières années c'ét-

- Alex, je n'avais pas le choix. Je devais passer à autre chose, tu le sais très bien.

- Ok, ok, tu veux manger un bout ?

Une heure plus tard, les deux adultes payaient le petit restaurant où ils avaient diné. Le moral d'Anaëlle était remonté en flèche. Elle salua son ami et rentra dans son appartement. En allumant la lumière, elle poussa un cri strident. Sur toute sa hauteur, John se tenait debout au centre du salon, un verre à la main. Quand il vit sa femme, il posa le contenant sur la table pour se précipiter vers elle.

- Oh non !

Elle tendit la main pour l'arrêter.

- Tu ne m'approcheras pas. (elle relâcha le bras) Comment tu as fait ?

- Ton double des clés était sur le crochet de l'entrée. Chez nous, dans TA maison, là où tu vas retourner.

Sans répondre, Anaëlle ouvrit grand la porte, lui faisant signe de partir. Il s'approcha d'elle, menaçant. Son affreuse haleine combinée à sa barbe naissante lui donnait un air d'ivrogne.

- Anaëlle, nous allons oublier tout ça, reprendre le courant de la vie, comme avant. Il n'y a pas d'autre option.

Sans réfléchir, la jeune femme le chassa :

- Tu es complètement malade mon pauvre. Sors de chez moi.

Vaincu, John se colla presque contre elle. Il lui passa une mèche derrière l'oreille et l'embrassa alors qu'elle restait stoïque, agrippée à la porte. Il essayait de jouer avec ses sentiments et ses hormones, en vain.

- Je t'aime. Tu es ma femme et tu dois vivre à mes côtés.

- Imagines toi que ... que je suis en séminaire pour une durée indéterminée.

- Un séminaire duquel tu rentreras à la maison ?

- Oui ... si tu veux. (elle lui présenta la paume de sa main, à bout de patience). Donnes-moi le double et l'autre que tu as fait faire.

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