[Souvenir].
Anaëlle fixait le plafond de sa chambre quand la sonnerie résonna dans l'entrée.
- Anaëlle, c'est pour toi !, cria Rose en ouvrant la porte.
La jeune fille roula sur le côté et aperçu son réveil qui indiquait 15h38. Voilà deux heures qu'elles pleurait de l'intérieur, qu'elle pourrissait.
Elle se traîna jusqu'à la fenêtre et aperçu Luke en train de discuter avec sa soeur. Cette dernière avait pris une position avantageuse et entortillait ses cheveux autour de l'index.
Anaëlle se passa la main sur la figure, saisit son téléphone et appela son ami. Elle le vit décrocher en relevant la tête vers sa fenêtre :
- C'est pour quoi ?
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Une manucure.
- Je suis là pour t'aider.
- Nan.
- Allez descend.
Pour toute réponse, l'adolescente raccrocha en lui faisant un doigt d'honneur. Elle enfila rapidement des chaussures, mis un pull et sorti le rejoindre. Rose fit le trajet inverse et lui murmura en la croisant :
- Tu me donneras son numéro à ce beau gosse.
Anaëlle fit des gros yeux et pria Luke de se dépêcher de s' éloigner de cet endroit.
Ils marchèrent dans les rues de la ville côte à côte.
- Non, attends, pas cette rue là, s' il te plaît.
Le jeune homme s' arrêta à son tour en se retournant vers elle, soudain paniquée. Il regarda rapidement les alentours et quand il comprit, se rapprocha d'elle pour la prendre dans ses bras.
- Ça va pas toi.
Anaëlle craqua contre lui.
- Où est-ce qu'il est ? Ça fait six jours.
Face à tant de tristesse, Luke dû lutter pour retenir ses larmes. Il se persuada néanmoins qu'il devait rester fort pour Anaëlle qu'il voyait se détruire de jour en jour.
Depuis l'annonce de la disparition de Roby, elle n'était plus qu'un corps humain se traînant ou se faisant traîner, un fantôme errant déconnecté. Comme si Roby était sa drogue et la laissait en manque. Tout le monde faisait des efforts pour l'aider mais elle ne réagissait pas.
- Les policiers ont tracé la région, il faut les laisser faire leur job.
- J'y crois pas une seconde. C'est du foutage de gueule. Ils ne vont me-
- Bon allez tais toi. Tu dis n'importe quoi. Calmes toi.
Luke resserra son étreinte, collant le visage d'Anaëlle contre son torse, aussi bien pour la calmer que pour cacher ses propres larmes.Après plusieurs minutes à tergiverser, ils décidèrent d'aller rendre visite à la mère du disparu :
- Bonjour, les enfants.
- Bonjour Annie, murmura Luke en l'embrassant sur la joue.
- Comment allez vous ?
Le jeune homme se décala pour laisser Anaëlle s' avancer. Quand Annie la vit, elle sursauta et ouvrit les bras pour l'y inviter. L'adolescente refusa d'un mouvement de tête.
- Je suis là à me morfondre alors que vous semblez bien. Je suis ridicule. Vous êtes sa mère, vous le connaissez mieux que moi.
- N'en sois pas si sure, chérie. Allez, entrez.
Ils la suivirent dans le grand salon moderne et s' installèrent sur les canapés.
- Jackson est là ?, demanda Luke en cherchant quelque chose du regard.
Roby a un frère ?
Annie acquiesça d'un mouvement de tête et siffla habilement. Un remue ménage retentit à l'étage et très vite, un grand labrador couleur crème se rua sur Luke après avoir dévalé les escaliers à toute vitesse. Ce dernier rigola en éteignant le chien qui ne cachait pas sa joie de le retrouver.
- Mon vieux ! Comment tu vas ?
L'animal tourna sur lui même la gueule ouverte et se stoppa net, le regard suppliant.
- Oh non mon pote ! Pas de baballe aujourd'hui, rigola le jeune homme.
Comprenant qu'on lui refusait le jeu, le chien couina en faisant les yeux doux, sans résultat. Il se dirigea alors en trottinant vers la porte du fond où il aboya, assit sagement.
Les sourires qu'il avait provoqué s' évanouirent. Annie sembla génée et après s'être excusée le rejoignit. Elle s' accroupit à ses côtés et lui caressa la tête.
- Jackson, Papa n'est pas là.
Le chien sentit la pointe de tristesse dans la voix de la femme car il lui donna un coup affectueux et la lecha. Puis il couina pour s' assurer que Roby n'était pas là et fini par s' allonger, la tête sur les pattes, devant la porte.
- Peut être devrions nous faire comme lui et attendre gentiment que Roby revienne de lui même, souffla la femme, minée.
Anaëlle demanda :
- Vous pensez que les flics font vraiment les recherches ?
Annie vint s'asseoir à ses côtés et lui cala une mèche de cheveux derrière l'oreille dans un geste maternel.
- Ma chérie, ils ont placardé des affiches dans le coin, envoyé deux équipes tracer la région, ils ne peuvent rien faire de plus. Nous ne savons même pas s'il a fugué ou s' il s' est fa-
- Je sais bien, la coupa la jeune fille, ne voulant pas entendre ces mots - ci. Vous êtes sure qu'il ne s' est rien passé dans la semaine ?
La femme fit mine de chercher mais fut interrompu par l'entrée de son mari dans la pièce. Il était tout aussi grand que son fils, les cheveux poivre et sel, vêtu d'un costard cravate , une mallette à la main. Quand il vit le monde dans son salon, il sembla surpris et s' arrêta. Ses yeux tombèrent sur Anaëlle, le faisant esquisser une mine de dégoût.
- Bonjour, marmonna - t - il.
- Paul ! Tu rentres tôt !
- Je vais aller chercher ce chenapan et le ramener ici.
Annie se leva tout comme les deux adolescents qui se rapprochèrent l'un de l'autre, surpris par le ton de sa voix.
- Je te présente Anaëlle, déclara la femme froidement.
Paul la jaugea avec dégoût et cracha avant de monter :
- Elle n'a rien à faire sous mon toit. Ni dans la vie de mon fils, d'ailleurs.
Médusée, la jeune fille le regarda s'éloigner, les bras ballants, la bouche ouverte.
- Je crois qu'on ferait mieux de s' en aller, murmura Luke.
- Je vais aller m'expliquer avec lui. Saches Anaëlle qu'il ne t'empêchera pas de fréquenter Roby, je te le promets.
- M.. merci.
Mais Annie était déjà dans les escaliers, le visage rouge de fureur.
VOUS LISEZ
Only you
RomanceAnaëlle et John. Mariés. Ensemble. Riches. Et tout pour être heureux. Mais pas heureux non plus. Il l'aime. Elle aussi... Et pourtant... Il est la... Encore et toujours... Elle ne songe qu'à lui... Son souvenir la hante et l'empêche d'avancer. Et...