Vernis vermeil

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Ses ongles étaient peints de rouge.

Elle aimait bien cette couleur. Elle lui portait chance dans tout ce qu'elle entreprenait. Les examens, les grandes étapes importantes de sa vie, la vie qu'elle avait toujours voulu avoir.

Sa famille, ses amies, son copain, sa maison, sa voiture, son travail. Pour tout ça, du rouge. Avec cette couleur, elle avait obtenu monts et merveilles. Les dieux qu'elle priait tous les soirs la guidait sur le chemin de la réussite. Sa réussite.

Elle l'avait obtenue de ses propres mains, n'allez pas croire le contraire, lecteurs. Seulement, on lui avait monté les étapes à suivre.

Chaque étape importante avait été marquée par l'apparition d'un esprit qui venait lui chuchoter ses consignes dans l'oreille et sa journée venait alors se parer de rouge jusqu'à minuit, heure des Yokais.

Alors elle sortait de chez elle, après sa longue journée d'épreuve, et s'installait avec eux pour boire à la santé de tous.

Ils l'accueillaient comme une des leurs, une coupe de sake déjà prête. Elle se sentait étrangement bien avec eux. Le rouge dominait leur assemblée.

Ils discutaient généralement de tout et de rien sous la lueur paisible des étoiles. Parfois ils se taisaient pour entendre le chant des grillons quand c'était l'été.

Les meilleurs moments de sa vie, elle les avait passés avec eux. Ils étaient ses guides, ses amis, sa famille. Sa vraie famille.

L'ancienne était morte depuis longtemps déjà.

Elle se rappelait de ce jour-là. Un jour rouge aussi. En rentrant chez elle, elle vit le sang qui avait giclé sur les murs, ses parents et son frère morts, les tripes à l'air libre, ouvertes aux mouches et autres insectes charognards, qui avaient refait le sol. 24 mètres de boyaux, 15 litres de sang, 210 kilos de viandes répandus sur le sol et les murs.

Elle n'en était pas traumatisée bizarrement. L'esprit avait été là pour lui murmurer des choses et elle s'était rendue à l'assemblée avec son vernis préféré à la main pour se faire les ongles qu'elle avait assez longs. Là, on lui avait présenté tout le monde et ils trinquèrent avec elle en l'incluant directement dans leur groupe.

Un gargouillis la fit revenir à la réalité. Aujourd'hui aussi était rouge. Elle devait finir son épreuve et rentrer.

Ses ongles étaient peints de rouge et enfoncés dans la gorge de son amant. Elle enfonça ses doigts dans la viande et arracha son œsophage de son cocon chaud et juteux. Une gerbe splendide lui teint son visage blanc dans une magnifique couleur sang.

Elle s'agita comme une gamine devant une bonne note.

Il la regarda, suppliant.

Elle sourit de toutes ses dents. Sa famille aimait particulièrement les yeux.
Elle approcha sa main et les lui retira avant de partir pour l'assemblée du soir sous les gémissement d'agonie du jeune homme.

Ces journées rouges étaient toutes aussi fantastiques ! La teinte du sang sur les murs et le sol lorsqu'elle repartait de la pièce étaient comme une œuvre d'art à part entière.

Sa famille avait été son début, son commencement. Ses amies, son entraînement à la beauté. Son boulot, l'œuvre de sa vie. Et son copain, l'ultime chef-d'œuvre.

Elle arriva sur le lieu de rendez-vous. La dernière assemblée allait débuter.

Les ombres de l'espritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant