C'était le matin.
Elle venait de se lever, encore la tête dans son doux rêve de la nuit, quand son regard fut attiré par la mare écarlate qui s'étendait sur son tapis dans son salon excessivement cher comme tout ce qui trônait dans son appartement huppé. Du sang.
Un hurlement d'horreur résonna dans le loft.
- Michael !? Michael viens voir !
Pas de réponse.
Complètement paniquée, elle se rua sur son téléphone en cherchant désespérément dans son esprit rationnel ce qui aurait pu causer une telle chose. Elle appela à nouveau son copain, la voix tremblante.
- Michael !
Alors qu'elle composait le numéro de la police, ses doigts s'arrêtèrent.
Ils allaient l'accuser, évidemment. De quoi par contre...
Ses yeux se posèrent sur ses doigts à l'étrange teinte... Rougie.
Son téléphone se fracassa par terre.
La gorge serrée étroitement de terreur, elle fixait ses mains rouges, les tripes nouées par la terreur. Qu'avait-elle fait ?!
Elle chercha un indice pour voir où était Michael mais il n'y avait aucune trace de lui. Etrangement, ça la soulagea quelque part au fond d'elle.
Elle couru à la salle de bain pour nettoyer tout ça, faire partir les traces à tout prix.Si jamais il revenait, elle allait se faire engueuler encore... ! Son savon en main, elle frottait, récurait chaque parcelle de peau pour faire disparaître ce qui semblait être de l'hémoglobine séchée. Il fallait qu'elle soit parfaite !
Les larmes roulaient sur ses joues, nombreuses et vives. Dieu, qu'avait-elle fait ?! Pourquoi elle ??
En relevant le visage vers le miroir face à elle, son reflet lui renvoya une image d'elle différente de ce qu'elle pensait.
Ses larmes n'étaient pas de peur, son visage semblait plus apaisé, plus lumineux. Mais ce qui la choqua fut ses yeux. Elle avait un regard serein. Sombre mais serein. Comme si la culpabilité n'était rien qu'une ligne sur une liste de choses à faire.
Puis elle revint à ses mains et remarqua qu'elle ne tremblait pas. Elle n'avait plus de panique en elle.
Evidemment, puisque celui qui la terrifiait n'était plus là.
Elle souffla longuement. Il fallait qu'elle retrouve un semblant de lucidité. Qu'elle se reprenne.
Après s'être passé la main sur le visage, elle tourna les talons pour revenir au salon, cette fois-ci armée de produits nettoyants.
D'abord enlever le plus gros, ça l'aidera à faire le tri mentalement.
Plus elle nettoyait, plus les points se reliaient dans sa tête. L'absence suspecte mais plus que bienvenue de Michael après une énième soirée à le ramener ivre mais aussi le fait que ses affaires aient disparu, suivi de ce rêve étrange cette nuit, faisaient trop de coïncidences pour que ce soit normal.
Une fois le plus gros du travail fait, elle s'autorisa une pause pour fouiller un peu l'appartement. Peut-être qu'elle trouvera quelque chose...
C'est en fouillant dans sa veste qu'elle trouva dans l'une des poches les clés d'une, apparemment, vieille Volkswagen. « Apparemment vieille » puisqu'il n'y avait aucune électronique sur la clé.
Elle ne conduisait jamais de voitures anciennes sauf pour certaines occasions très spéciales quand ses médicaments étaient à sec.
A sec.
La femme fronça les sourcils. Elle était à sec ?
Elle alla regarder dans sa boîte spéciale. Oui, elle était à sec. Depuis combien de temps ?
Son œil capta une trace de poudre blanche, faisant remonter un souvenir. Michael avait réduit ses médocs en poudre et les avait sniffé pour se faire rire. Elle lui avait hurlé d'arrêter parce qu'elle en avait besoin, sinon elle allait faire des choses qu'elle n'aimait pas. Il n'avait pas écouté. A la place, il s'en était prit à elle comme il faisait toujours quand il était ivre. Une gifle de trop avait volé, elle a viré.
Comprenant enfin ce qui était arrivé, elle bascula la tête en arrière pour respirer un bon coup. Un murmure franchit ses lèvres.
- Un mal pour un bien.
Les clés en main, elle mit sa veste en soupirant.
- On est à sec, allons chez le médecin.
Elle roula son tapis pour descendre le mettre dans la vieille voiture avant de partir s'occuper des derniers détails pour commencer le reste de sa vie de femme coupable mais libérée.
