Lumière.
Il se trouvait dans une pièce vide. Les murs étaient tapissés avec un papier-peint bleu-violet aux motifs baroques. Le sol était couvert d'une moquette agréable sous le pied.
Il regarda autour de lui en jurant silencieusement.
Qu'est-ce qu'il foutait là ?
Ses derniers souvenirs étaient lui qui marchait pour rentrer jusqu'à chez lui alors qu'il cherchait une musique à mettre sur son enceinte. Il s'était arrêté de marcher histoire de ne pas percuter quelqu'un et puis... Plus rien.
Il s'était réveillé dans cette pièce vide, sans porte ni fenêtre.
Son premier réflexe fut de vérifier s'il n'y avait pas des issues cachées, des micros ou des caméras. On ne sait jamais, une mauvaise blague très déplaisante juste pour faire rire le Web...
Il passa un temps infini à chercher, qui l'a emmené ici, pourquoi et comment en sortir. Mais son esprit semblait aussi bloqué que lui dans cette pièce. Voire même...
-... Avec lui, n'est-ce pas ?
Il se redressa vivement et regarda autour de lui. La pièce était dans le noir comme régulièrement et il avait présumé que c'était une sorte de nuit. Bien qu'il n'ait ni faim ni soif ni fatigue, avoir un semblant de repère temporel le réconfortait...
-... Au fond de lui.
-Qui est là ?
Il cherchait partout, dans toutes les directions. A tâtons sur les murs, dans les coins.
-Rien.
Il se mit à frémir de peur.
-Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
Le noir s'obscurcissait de plus en plus, l'enveloppant de son voile terrifiant et inconnu.
-L-Laissez-moi-
-Tranquille ? Non. C'est bien plus amusant comme ça enfin. Te faire lambiner pendant des... Heures ? Jours ? Semaines ? Mois ? Je trouve cela amusant...
Il continuait de chercher la provenance de cette voix au timbre rugueux, en quelque sorte...
-Arachnéen.
-Arrêtez !
Elle roucoula.
-Non. J'aime bien m'amuser avec toi. Tu as passé des années à m'ignorer alors que j'étais juste là, avec toi. Mais tu as préféré me laisser là où j'étais, sans savoir que ça ne faisait que me grandir. Dommage pour toi je suppose.
Il se prit la tête entre les mains en hurlant.
-SORTEZ DE MA TÊTE !
- Mais enfin...
-SILENCE !
Tout se tut. Le voile s'enleva, laissant place à la pièce, vide.
Pourquoi était-il là ? Qui l'avait emmené ici ?
Un vague écho de voix se fit entendre au loin. Ce paradoxe sonore et l'entente simplement d'un bruit qui n'était pas causé par lui-même le fit regarder vers le haut. Le plafond. Avait-il toujours eu cette vague lueur ?
C'était une voix féminine. Elle lui semblait familière sans pour autant qu'il puisse y mettre un visage ou même un nom.
Il entendait ses pleurs et ses, il supposait, suppliques. Qui était-elle ?
La voix disparu aussitôt. Il faisait à nouveau « nuit » dans la pièce.
-Je peux répondre à tes questions tu sais...
Il gronda férocement.
-Si vous pouviez la fermer ça m'arrangerait !
-Oh je ne crois pas. N'as-tu pas envie de savoir qui était-elle ? Où tu es ? Et pourquoi je semble aussi irréel pour toi ?
Il se tut et réfléchit.
-Oui, il avait envie de connaître la réponse à toutes ces questions. Peut-être que parmi celles-ci se cachait celle qui lui permettrait de sortir d'ici...
Il en resta estomaqué. La voix gloussa.
-Reprenons depuis le début si tu veux bien...
Il venait de sortir de consultation psychiatrique. Son praticien lui avait prescrit certains médicaments pour endormir cette entité sonore mais peu dangereuse qu'il avait avec lui. Elle n'était qu'une simple observatrice.
Il cherchait à mettre de la musique sur son enceinte alors qu'il traversait la rue. Oubliant momentanément l'action qu'il venait de faire physiquement, il s'arrêta en plein milieu de la route. Le conducteur, lui, ne le fit pas.
Il se retrouva dans le coma pendant plusieurs semaines durant lesquelles sa mère venait le voir, le suppliant de revenir avec elle, à la maison.
La voix soupira.
-C'est dommage, tu as presque tout pour sortir de là. Sauf l'envie, n'est-ce pas ?
Il baissa la tête.
-Putain c'est toi...
La voix l'enveloppa de son néant.
-Oui... Et c'est moi qui te garde.