C'est pas juste...
Elle était en boule dans son lit, une musique passant en fond, toujours.
Pourquoi personne ne m'écoute ?
Sa maison était emplie des bruits de la vie de sa famille qui l'ignoraient complètement. Oui elle avait fait une bêtise et s'en était voulu, mais elle s'était excusée et ses parents s'étaient calmé, alors pourquoi ?
C'était si gros qu'ils devaient digérer son erreur sur plusieurs jours avant qu'elle puisse sortir de sa chambre ? Tout ce qu'elle voulait c'était qu'on s'occupe un peu plus d'elle pour une fois. Même si elle adorait la bestiole de 6 ans et demi qui se baladait gaiement dans la maison, elle avait besoin qu'on l'écoute, elle aussi. Et c'était la seule solution qu'elle avait trouvée.
Mais ses parents n'avaient pas apprécié et semblaient la bouder en quelque sorte.
Elle soupira et se nicha dans son coin favori alors que la musique commençait à coller de plus en plus à sa réalité. Douloureusement vraie dans les paroles, terriblement planante dans ses tonalités et rêveuse sur les bords.
Pourtant, au fond, c'était la faute de ses parents tout ça.
S'ils l'avaient écoutée quand elle avait voulu parler et s'exprimer au lieu de rester fixés sur leur dernier enfant, ils n'en seraient pas là aujourd'hui.
Évidemment qu'elle avait des raisons derrière son acte. Un peu plus que juste « mes parents ne m'ont pas écoutée et c'est à cause de ça que j'ai fait ça ».
Elle se demanda si elle l'aurait fait malgré tout. Peut-être bien finalement.
La soirée fatidique lui revint en mémoire.
C'était un anniversaire entre amis. Le groupe s'était connu à l'école. Ils étaient tous en première année d'études supérieures désormais, et c'était l'occasion de se retrouver et de s'amuser comme avant. L'alcool et les vannes coulaient à flots tandis qu'un couple se formait doucement dans un coin.
Elle eu un doux et triste sourire.
Ils étaient adorables quand elle y repensait.
La soirée avançait et les drames mineurs de son hôte se déroulaient, perturbant la bonne ambiance générale. Ça l'avait bien gonflée et elle en avait fait part à son amie presque en couple. Elle avait prévenu que c'était la dernière soirée qu'elle faisait avec eux. Elle avait beau les aimer fort, elle ne pouvait plus supporter ce stress inutile et les caprices enfantins de ses amis.
La soirée avait fini par s'éteindre gentiment, envoyant les invités dormir dans leurs tentes respectives.
Elle ne voulait pas dormir seule. Surtout qu'elle savait que l'un de ses amis avait une préférence pour elle et, elle ne pouvait le nier, il lui paraissait intéressant. C'est donc avec lui et un autre de leurs amis qu'ils finirent dans la tente à discuter de tout et de rien, elle coincée entre la toile et son ami intéressant, jusqu'à ce qu'elle souhaite la bonne nuit car elle était extrêmement fatiguée à cause de son travail d'été qu'elle avait prit pour aider ses parents.
Sauf que cette nuit-là elle ne dormi presque pas.
Parce que son ami changea de lui-même son statut auprès d'elle, se transformant en violeur. Elle n'avait pas pu s'endormir mais avait dû faire tout comme, les yeux grands ouverts dans le noir, incapable de comprendre autre chose que « il ne doit pas savoir que je suis réveillée ».
Combien de temps cela dura, elle ne pu le dire. Mais quand il se tourna dos à elle, ses yeux secs finirent par se fermer et elle réussit enfin à dormir.
Jusqu'à l'aube.
Où cela recommença pendant quelques dizaines de minutes durant lesquelles elle se força à ne pas bouger, « endormie ».
Quand elle entendit son « ami » et son ami se réveiller et commencer à discuter, elle s'énerva, frustrée de son comportement et sorti de la tente.
Elle avait été d'une totale hypocrisie toute la matinée jusqu'à ce qu'on vienne la chercher.
Elle n'avait pas osé en parler à qui que ce soit.
Peut-être que si elle avait réussi à détourner l'attention de ses parents de sa petite sœur, elle aurait pu éviter de s'entailler les veines dans ce bain chaud.
Son ordinateur l'attendait allumé, de la musique en fond, ouvert sur une page de traitement de texte. Le rush allait commencer.