5. As-tu faim ?

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Si on devait affûter notre royaume d'un nouveau nom, cela aurait été le chaos. Sous toutes ses formes. Et depuis toujours.

Il régnait en maître. Depuis la mort d'Astéria. Peut-être avant, qu'en savions-nous ? les archives ne remontaient pas aussi loin. Ce dont on pouvait être sûr en revanche, c'était que depuis, le chaos n'avait fait que hanter nos vies, génération après génération. On ne pouvait pas vraiment blâmer le ciel pour un destin pareil, nous étions responsables de nos actes et nos conditions de vies ne découlaient que des conséquences de nos actions. Aussi infimes soient-elles.

La guerre entre les races duraient depuis toujours. La guerre de pouvoir. La guerre de territoire. La guerre. Il y avait toujours un bon prétexte pour s'entre tuer. Pour se méfier les uns des autres. Pour renier les différences. Pour vivre au détriment d'un autre.

Aujourd'hui, le nouveau massacre était au nom de la paix, si on en écoutait le peuple. Un sacrifice pour la survie de notre royaume. Parce que nous étions en société et que ceux qui risquaient de nuire à notre monde tel qu'il était se devaient de disparaître. Pitoyable...

Un massacre.

Ils pouvaient appeler ces actes de sacrifice, ce n'était en réalité qu'un meurtre. Un meurtre de masse. Des centaines de morts pour écraser la peur qui s'installait dans chacun.

Car la perte des pouvoirs chez les Obscuras ne faisait que se répéter. S'intensifier. Se répandre. Partout. Touchant tout un chacun. Comme une maladie contagieuse. Et ne comprenant pas les évènements, c'est ce que la majorité en avait conclu. Ce n'était qu'une maladie.

Alors si ce n'était que cela, une maladie contagieuse, contentons-nous d'éliminer le problème à la source ! Tuons tous ceux ayant été touchés, brûlons les corps et débarrassons-nous d'eux, ainsi nous pourrons reprendre nos vies sans plus de craintes, avec notre conscience et notre code morale intacte. J'en avais la nausée...

On se battait contre une royauté infâme, nos dirigeants planifiant notre éradication ; mais le peuple ne valait pas mieux. Et parfois, lorsque mon esprit s'assombrissait trop, je me demandais si tout cela en valait la peine : risquer nos vies, lutter pour un royaume qui ne tentait même pas d'aller mieux... Puis, j'agrippais de force la lumière, me rappelant que si la majorité commettait des actes atroces, d'autres luttaient pour le bien, et méritaient de vivre dans un monde qui ne rimait pas avec survivre. C'était pour ces personnes qu'il fallait continuer de se battre. Et parce que ceux ayant commis le pire pouvait se repentir.

N'avions-nous pas tous déjà commis des actes odieux ? Des actes qui nous hantaient, qu'on aurait voulu effacer ? Il était difficile de pouvoir clamer être tout blanc, et vu que rien n'était entièrement blanc, je me refusais à croire que tout puisse être noir.

Il y avait encore quelque chose à sauver dans ce royaume. En chacun de nous.

On ne voyait que le mal, parce que c'était la noirceur qui régnait en ces lieux, mais lorsque la lumière reprendra sa place, la flamme qui brûle en chacun de nous s'illuminera aussi, suivant le mouvement, chassant le néant. Les Obscuras avaient succédé aux Lumias, mais les Lumias reprendraient un jour leur place.

Nous avions appris par Evilash que la perte des pouvoirs n'était pas dû à une maladie. Ce qui, jusqu'ici, me semblait évident. Trop de chose dans ce royaume ne tournait pas rond pour que ce nouveau fait soit seulement le résultat d'un coup du sort. Et lorsqu'elle nous avait annoncé qu'il s'agissait d'un coup des Darknils, la surprise n'avait assommé personne. Qui d'autre ? Ils avaient décidé de frapper. D'attaquer. Leur plan se concrétisait. Si on ne se bougeait pas, on allait tous y passer.

Evilash nous avait informés de tout ce qu'elle savait. Les Darknils avaient un sujet d'expérience, autrefois un Obscuras, qui avait le pouvoir de priver tout porteur du moindre de ses dons. Pire, il pouvait s'approprier ceux individuels. J'ignorais comment Evilash parvenait toujours à avoir autant de coup d'avance, à gratter des informations aussi confidentielles auprès du camp adverse. Elle devait posséder des espions au quatre coin du royaume, rangés parmis l'ennemi. Tout cela m'intriguait. J'aurais aimé connaître plus en détails les stratégies de notre nouvelle alliée. Pouvoir saisir ses plans, y contribuer plus efficacement. Mais même en étant alliés, Evilash mettait une barrière entre elle et nous.

Obscuras Tome 4 : L'indomptable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant