40/ Un seul cœur. Deux amours ?

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J'ai du mal à intégrer l'information. Me partager ? Big Data est en surchauffe. Il m'envoie des images de trio amoureux qui finissent en drame passionnel, des données sur les couples homosexuels, hétéros, mais pas bisexuels !! Il commence à divaguer vers des informations hors propos comme la nomenclature des familles mormones, les sectes... Reset.

— Me partager ? Mais... c'est... bizarre, non ? J'ai l'impression d'être un gosse entre deux parents divorcés...

— Heu... l'image est un rien perturbante, dit alors Kira en fronçant son joli nez.

Oui. J'ai oublié de dire que son nez est aussi ravissant que le reste. Je cherche à me concentrer. Je cherche à réfléchir sans que Big Data ne vienne me parasiter avec ses images dérangeantes mais non moins troublantes de trio d'amants. Et puis, merde ! Ma mère m'a dit de suivre mon instinct ! Bordel ! Mon instinct ! Pas mon esprit rationnel, beaucoup trop rationnel ! Et puis, elle est trop près. C'est trop tentant ! Je l'embrasse de nouveau.

— Ça veut dire que tu acceptes... cet arrangement ? demande Kira. Même si c'est bizarre pour Big Data ?

— Je ne sais pas encore. Pour le moment... je vais profiter de toi. Ensuite, je pense profiter de ton frère... Et...

Elle m'arrête en posant sa main sur ma bouche. Elle rit aux éclats, et c'est une merveille.

De nouveau des pas dans le couloir. Plus rapides. Genre très rapides. Je me sépare à regret de Kira et je m'approche de ma porte. Si c'est l'un de mes parents, il faut qu'il comprenne que j'ai besoin d'intimité, là. Mais ça n'est pas l'un de mes parents.

C'est Matthew. Il jette un œil à sa sœur qui rayonne de bonheur. Il est si convaincu de sa défaite que son visage prend une expression sinistre. Je ne peux pas le laisser ainsi. Je l'attrape par le col de sa chemise alors qu'il s'apprête à repartir, et je l'embrasse. Je vois l'étonnement dans ses yeux avant de sentir ses bras se refermer sur moi.

— Okkkk ! dis alors Kira derrière nous. Ok ! Ok ! Partager ça veut dire à des moment différents...

Je m'éloigne de Matthew, et je me fais la remarque que son visage rayonne d'une manière différente de celui de sa sœur. Et, parce que les élans de mon cœur me donnent de l'audace, je lui ferme la porte au nez. Kira a raison. Partager, ça veut dire à des moments différents. Maintenant, je suis avec Clever Girl. Je m'occuperai du cas de son frère demain. Pour le moment, il est rassuré. Il n'aura pas besoin de se défouler sur le mobilier.

J'entends ses pas s'éloigner de ma chambre avec beaucoup plus de lenteur que tout à l'heure. J'entends sa voix échanger avec ma mère qui rit. J'entends la porte d'entrée se refermer. Puis celle de l'atelier. Mon père est à l'hôpital. Nous sommes seules, Kira et moi. Vraiment seules.

Elle s'est approché de moi et m'enlace.

— Je crois que je n'ai jamais vu mon frère passer aussi rapidement du stade de malheur absolu à bonheur complet. À part peut-être à l'un de nos noëls. Quand il avait déballé son dernier paquet pensant que c'était encore un pull moche et qu'il avait enfin obtenu sa première console de jeu...

— Waouh ! Aussi désirable qu'une console... Je dois me sentir flattée ?

— Idiote...

Je me retourne vers elle en souriant. Elle m'embrasse. Comment pourrais-je jamais être en colère contre cette fille ? Ni même me vexer ? Ou lui vouloir du mal ? J'ai ma Clever Girl. Je ne compte pas la lâcher. Big Data semble soudain très conciliant. Réjouissons nous.

Le cœur du problèmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant