OS- Manga

Aiolia

Une seconde. Deux secondes. Des secondes.
Le temps qu'il comprenne les mots qui lui ont été adressés. Son frère, son maître, son modèle... Un traître ? Lui qui était le plus fidèle à leur déesse, aurait trahi ? Mais plus encore : il était mort. Tel était le sort des traîtres. Au début, il n'en cru pas un mot. Qui aurait cru a une telle histoire ? Mais voyant l'air sérieux des gardes, qui lui demandèrent de le suivre, il doutait de plus en plus.
Pourquoi son frère aurait-il fait ça ?
Tout en se questionnant, il marcha jusqu'au temple du Grand Pope, accompagné de son escorte. Que c'était-il passé ?

Une minute. Deux minutes. Des minutes.
Le temps qu'il comprenne les accusations envers lui. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'Aiolos ait trahi et soit mort, et maintenant les autres parlaient du fait que lui aussi était un traitre. Ce n'était qu'un cauchemar, duquel il allait se réveiller, son grand frère le grondant car il ne s'était pas réveillé à l'heure, comme d'habitude.
Il regarda autour de lui, des adultes, des Chevaliers, débattre sur lui. Que fallait il faire ? Le tuer ? Le laisser vivant ? Était il lui aussi un traitre ? Un tas de questions à son égard était abordé, mais il ne pouvait dire un mot. Que s'était il véritablement passé ? Son frère n'aurait jamais fait ça sans raison ! Qu'avait-il découvert ?
Continuant ses réflexions mentales, il ne remarqua pas tous les Chevaliers regardant dans sa direction.

‹‹ - Qu'as-tu à dire, pour te défendre ? ›› lança l'un d'eux.

Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Que pouvait il dire ?

Une heure. Deux heures. Des heures. Le temps qu'il comprenne que tout ceci était véritablement réel. Son frère était mort. Il avait trahi.
Les premières larmes coulèrent enfin. Les premiers sanglots, les premiers cris. Allongé, dans le cachot où on l'avait mis, le temps de prendre une décision.
Son frère est mort. Son frère ne reviendra pas, ne reviendra jamais. Il avait perdu la seul famille qui lui restait. Le seul homme en qui il avait confiance aveuglément.
Il ne lui restait guère que sa dévotion envers sa déesse, si celle-ci accepte encore qu'il la serve, après la tentative d'assassinat de son aîné. Pourquoi son frère avait fait cela ?

Un jour. Deux jours. Des jours.
Le temps qu'il comprenne que rien ne sera plus comme avant. Les regards, les moqueries, les chuchotements sur son passage... Tout le monde était au courant. Il devait endurer tout ça, afin de laver l'honneur de sa famille salie par son frère, se disait-il.
Il serra les poings. Voilà donc ce qu'Aiolos voulait qu'il se passe ? Qu'il devienne le souffre douleur de tous ?
Il retint ses larmes. De nombreuses fois. Il ne devait pas pleurer, ce n'était pas digne d'un futur Chevalier d'or.
Il retint ses cris. Contre les gens, les chevaliers, le monde entier. Il ne devait pas craquer, montrer que tout cela le blessait. Et comme ça, ils arrêteront. Du moins, il le pensait...
Il leva la tête vers le ciel. Pourquoi son frère lui infligeait tout ça ?

Une semaine. Deux semaines. Des semaines.
Le temps qu'il comprenne que son frère n'était pas celui qu'il pensait être. Son frère était un traitre. Et il avait osé aimer un traitre. Son frère ne méritait pas le titre de chevalier, ne méritait pas le respect.
Il se gratta le poignet, tombant sur une cicatrice. Souvenir d'une nuit où il avait craqué, où il avait songé à le rejoindre. Avant de comprendre que ce n'était pas la chose à faire. Rejoindre un traître reviendrait à en devenir un aussi. Et il s'était juré de servir Athéna de la plus fidèle des façons, laissant les mauvaises langues bouches-bées face a celui qu'elles disaient être un traître. Il se regarda dans le miroir. Est-ce cela qu'il voulait qu'il devienne ?

Un mois. Deux mois. Des mois.
Pour qu'il comprenne qu'il pouvait avoir des amis. D'autres apprentis Chevaliers d'Or, qui avaient su voir au delà de son passif. Ou du moins, lui donnaient l'impression de ne pas trop lui en vouloir. Cela lui réchauffa un peu son cœur meurtri ; il n'était pas comme cet homme supposé être son frère.
Pour la première fois depuis des mois, il souriait véritablement. Les entraînements se passaient bien. Il avait un bon niveau dans ses cours. Il pourra bientôt espérer porter l'armure du Lion.
Aiolos, de là haut, vois-tu ce qu'il a réussi à faire, malgré le fait que tu ais décidé de gâcher sa vie ?

Un an. Deux ans. Des années.
Pour apprendre que tout ceci était faux. Son frère n'avait pas trahi. Il était même mort en protégeant sa déesse. Il a donné sa vie pour elle. Et le véritable traître, ce Chevalier d'Or qu'il admirait lorsqu'il était jeune, ce Gémeau qui n'avait pas réussi a arrêter sa folie, tuant leur véritable Pope, s'en prenant a la vie d'Athéna, manipulant toute la chevalerie, avait fait porter le chapeau a son frère.
Aiolia s'en voulait. Il n'avait pas su faire confiance à son frère. Son aîné. Une des rares personnes ayant réellement compté pour lui.
Mais malgré tout, le Lion sourit : les dieux ne leur avaient pas donné une seconde vie pour la passer à se morfondre. Et dès qu'il vit son frère, sa seule action fut de l'enlacer. Comme il ne l'avait pas fait depuis des années.
Aiolos, es-tu, en ce moment, fier de ton frère, et de ce qu'il est devenu ?