Song Fic Saga/Kanon

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Hello - Adèle

(Traduction quelque peu modifiée, pour les besoins de l'écrit.)
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Bonne lecture !
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Il était tard. Quelle heure ? L'homme n'en savait rien. Mais la nuit étoilée et le froid qui la caractérise lui suffisèrent pour qu'il cesse de travailler. Et qu'il se mette à regarder ce beau ciel, dans lequel brillait des lumières lointaines.
Il essaya de la trouver ; il savait qu'elle était ici, ce soir. Reliant ces billes lumineuses, il réussit enfin à voir. À la voir. Sa constellation. Son amas d'étoiles à lui. Enfin... À eux.
Pris d'un élan de mélancolie, il s'empara d'un morceau de parchemin et d'une plume, comme il le faisait dès que cela lui arrivait. Coucher ses émotions sur le papier lui avait toujours été bénéfique. Il se rendit compte alors qu'il n'avait pas envie de se parler. Non, ce soir, il voulait lui parler. Et c'est avec cette envie, qu'il commença à écrire, sans trop réfléchir.

Bonjour, c'est moi.

Plutôt simplet, comme début de lettre... Mais il ne savait pas par où commencer. Quoi dire, quoi raconter. Il voulait juste le voir, lui parler.

Je me demandais si après toutes ces années tu aimerais qu'on se voit
Pour tout passer en revue

Ce qu'il aimerait le revoir... Ce qu'il aimerait qu'il lui réponde... Mais il sait bien que cela est impossible. Du moins, pour le moment. Il avait espoir, qu'un jour peut être, dans un potentiel futur, au fin fond d'une guerre infernale, il puisse le croiser. Et aller le voir.

Ils disent que le temps est censé guérir, mais je n'ai pas senti beaucoup de différence.

Depuis ce jour, depuis cet acte, depuis cet instant, il n'a jamais cessé souffrir. Depuis ce moment où il avait coupé son corps, son coeur, son âme en deux, où il s'était détaché, il avait l'impression de ne plus être vivant. Depuis ce moment où il avait enfermé cette moitié, l'abandonnant à regret, rejetant l'affection qu'ils se portaient. Depuis ce moment où il s'était planté lui-même un couteau dans son esprit, essayant malgré tout, de se protéger, et de le protéger.

Bonjour ! Peux-tu m'entendre ?

Il ne comptait même plus les fois où il lui semblait entendre sa voix. Ni les fois où il lui semblait le voir. Ni quand il pensait à lui. Il ne comptait plus.
Il espérait de tout son cœur que son frère, de là où il était, le regardait, l'écoutait, de temps en temps. Il espérait qu'il le voyait. Et qu'il le comprenne. Comme ils se sont toujours compris.

Je suis au Sanctuaire en train de rêver de qui nous étions,
Lorsque nous étions plus jeunes et libre.
J'ai oublié ce que c'était avant que le monde ne tombe à nos pieds.

Ce qu'il regrettait cette époque... Cette jeunesse partagé avec son jumeau, son identique. Ces bonheurs innocents et enfantins, au bord de la grande étendue d'eau de la Méditerranée, à juste être deux, à être heureux. Ces moments de complicité malgré les complications, ces moments où ils passaient outre les interdits, pour être ensemble, pour se voir. Ces moments désormais disparus. Ces moments désormais dans son esprit, comme le souvenir d'une vie idéale, échappée à tout jamais.

Il y a une telle différence entre nous,
Et un million de kilomètres.

Il avait toujours trouvé cela étrange, l'affection qu'ils se portaient mutuellement, alors qu'ils étaient si différents. Pour autant, cela ne l'avait jamais dérangé d'être autant proche d'un être dorénavant si loin. Dorénavant hors de sa portée, mis à l'écart par sa propre faute, et sa propre faiblesse.

Bonjour de l'autre côté
J'ai dû appeler un millier de fois
Pour te dire que je suis désolé pour tout ce que j'ai fait
Mais quand j'appelle, tu ne sembles jamais être là

Ne pouvant plus lui parler, il lui offrait désormais ses pensées, écrites sur un bout de papier. Ne pouvant plus le voir, il laissait ses souvenirs le hanter, à chaque passage devant un miroir. Ne pouvant plus être avec lui, il lui écrivait sans cesse, depuis le monde des vivants, espérant que depuis l'autre monde, son frère puisse recevoir ses messages, ses profondes et plus sincères excuses, et ses prières les plus fortes.

Bonjour de l'extérieur
Au moins je peux dire que j'ai essayé
Pour te dire que je suis désolé d'avoir brisé ton cœur
Mais ça n'a pas d'importance, ça ne te touche clairement plus

Pourquoi faisait-il cela ? Il ne le savait pas vraiment. Peut être pour espérer aller mieux ? Peut être pour se dire, qu'au fond, il lui avait transmis son pardon, même s'il ne pouvait pas le recevoir ? Il ne savait pas. Il avait l'impression de ne plus rien savoir. Pourquoi continuait-il ? Il le savait, pourtant. Il n'y avait plus d'espoir. Son frère n'était plus. Et même s'il était encore... Ses excuses ne le toucherait pas. Comment pourrait-il le pardonner ?
Comment faisait-il pour vivre, actuellement, avec cette culpabilité ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Il ne savait plus du tout.

Bonjour, comment vas-tu?
C'est tellement typique de moi de parler de moi-même, je suis désolé

Il était fatigué. Si fatigué. Tellement fatigué. De tout. De sa fonction, de son travail, de ce qu'il faisait... De ce qu'il voyait, ce qu'il entendait, ce qu'il mangeait... Ce qu'il se souvenait. Ce qu'il disait. Ce qu'il était. Il était fatigué de lui même.

J'espère que tu vas bien
As-tu réussi à sortir de cette grotte où il ne s'est jamais rien passé ?

Il savait, pourtant, qu'il n'y avait plus d'espoir. Il y était allé de nombreuses fois. Beaucoup trop de fois, pour avoir raté un détail qui aurait pu faire croire qu'il soit vivant. De plus, son cosmos avait totalement disparu, il l'aurait senti, s'il était encore là. Pourtant... Il ne pouvait s'empêcher d'y croire. De croire à la faible chance qu'il soit encore en vie. De croire qu'il allait bien. De croire qu'il s'en soit sorti.

Ce n'était un secret pour personne que nous deux
Manquions de temps

Dès le début, il aurait dû se rendre compte des regards que leur lançaient les adultes. Des regards de pitié, de peine. Il aurait dû comprendre ce que cela signifiait. Pourtant, il n'avait rien vu. Il s'était laissé avoir par ces gens, qui lui avaient promis une vie d'honneur et de fierté. Ces gens qui avaient promis de l'élever bien plus haut que n'importe qui. Mais ces mêmes gens qui l'avaient séparé de son frère, dès son plus jeune âge.
Peut être que s'il avait vu, il aurait pu le préserver. Les préserver. De cet avenir, ce futur qui, désormais, lui semble être un cauchemar dont il ne se réveillera jamais.

Il aurait dû. Il aurait dû...

Alors bonjour de l'autre côté
J'ai dû appeler mille fois
Pour te dire que je suis désolé pour tout ce que j'ai fait
Mais quand j'appelle, tu ne sembles jamais être là


Des lettres comme celle-ci, il en a écrite des milliers. Mais malgré cela, elles se ressemblent toutes. Regrets. Mélancolie. Tristesse. Le vide ressentit par l'absence d'un être aimé.
Il voulait le revoir. Quitte à faire n'importe quel sacrifice. Il donnerait tout pour revenir à ces moments où ils étaient ensemble, jeunes, insouciants et heureux. Il lui manquait. Il pleurait la mort de son double, de sa réplique, de son semblable. Il pleurait chaque soir son jumeau disparu.

Bonjour de l'extérieur
Au moins je peux dire que j'ai essayé
Pour te dire que je suis désolé d'avoir brisé ton cœur
Mais ça n'a pas d'importance, ça ne te touche clairement plus

Désormais les larmes aux yeux, il déposa rapidement sa plume et se leva. Il prit la lettre, l'enroula et la scella sans la signer. Dans tous les cas, personne ne la lira jamais. Il s'avança vers sa commode, et la rangea, auprès de dizaines d'autres parchemins, eux aussi adressé à lui.
Il leva la tête vers la fenêtre, et vit l'Aube le saluer. D'un geste peu élégant de bras, il essuya les perles d'eau sur son visage.

Peut être, viendrait-il le jour, où ils se reverront... Et il espérait, au fond de lui, réussir à dire autre chose que ‹‹ Bonjour ››.

OS- MangaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant