Copycat

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Cet OS a été écrit dans un contexte particulier, à l'attention d'une personne qui, je l'espère, se reconnaîtra.
Le propre même de l'être humain est de ressentir et créer. Sans ces éléments, il n'y a plus rien qui nous différencie des animaux. Mais nous sommes civilisés, et nous utilisons des mots pour nous exprimer. Nous posons nos maux et nos idées sur du papier, et nos créations nous sont chères, puisqu'elles ont été écrites avec notre cœur. À nous.
Il n'y a pas de création sans créativité, et pas de plaisir sans imagination. Nos œuvres nous appartiennent, à nous et seulement nous, et les publier sur internet ne donne pas le droit aux autres de nous les voler.
Essayez de créer par vous même : et alors, vous comprendrez le plaisir d'être enfin maître de vos propres pensées et vos propres mots. Sans les vivre dépendamment des autres.

Bonne lecture à vous.

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Il avait toujours été détesté.

En même temps, il fallait les comprendre : un être disgracieux, avec une technique plus que douteuse, cela n'attirait pas grand monde. Qui souhaitait côtoyer quelqu'un qui peut vous trahir à tout instant ? Qui souhaitait rester avec une personne aux valeurs hasardeuses ?

Qui ? Absolument personne. Et cela revenait à la plus grande des logiques. D'autant plus lorsque, par ennui, ou amusement peut-être - certains y verront même un manque d'attention -, il s'amuse à les duper. Car après tout, cela a toujours été sa principale technique : copier ce qu'il y a de plus important dans le cœur d'autrui, en faire une pâle réflection, pour finir par les blesser, plus ou moins volontairement. Mais comment savoir lorsque quelque chose est volontaire ? Comment savoir si, ce reflet de notre âme, provoque notre joie ou est la cause de notre mal-être ? Comment savoir si ces ressemblances sont fortuites, ou vicieusement calculées ?

Et à force de questions, il avait fini par être détesté. Il ne pouvait en être autrement : loin de changer, de respecter les autres et leurs secrets, et se respecter soi-même en arrêtant sa lâcheté, il en avait fait sa principale capacité.

Mais alors, désormais qu'il se retrouve seul, et sans cœur à fouiller, Kaasa se regarde dans son miroir, et se met à douter. Et si les autres avaient finalement raison ? S'il était réellement aussi lâche et perfide qu'on le disait ? Et d'un coup, sa solitude le frappe : seul, face au seul reflet de son propre cœur, il ne peut se mentir qu'à lui-même. Et faire défiler dans sa mémoire ces années de tricheries et d'illusions. Face à sa propre vie, il revoit chaque moment, chaque fois où il a blessé quelqu'un, où il a fouillé au plus profond de leur âme, de leur cœur, afin de bafouer leurs sentiments et leurs valeurs. Il se revoit face à ce bonheur éphémère que lui procure cette attention, lorsqu'il copie inlassablement des souvenirs qui ne lui appartiennent pas. Quand a-t-il cessé de vivre et expérimenter par lui-même ? Quand a-t-il commencé à faire des cœurs d'autrui les siens, sans se rendre compte qu'il ne vivait plus qu'à travers eux ? Car désormais, sans personne à imiter, seul, devant ce miroir qui ne lui renvoie que son propre reflet, il se rend compte de qui il est. Et cela lui provoque des nausées.

Il comprenait qu'il soit détesté. Lui-même, en regardant son cœur et ses cheveux ébouriffés, il ne pouvait pas dire qu'il s'appréciait. Comment avait-il pu tomber si bas ? Comment pouvait-il faire pour remonter la pente ? Pour que les autres lui fassent à nouveau confiance. Pour qu'ils le tolèrent, et peut-être même l'apprécient, même si cela revenait à une utopie.

Et alors qu'il s'asperge le visage, il doit se rendre à l'évidence : il n'y a qu'une chose à faire. Cesser ce cirque. Cesser de se cacher derrière des visages qui ne sont pas les siens, des sourires qu'il ne fait qu'emprunter sans savoir d'où ils viennent réellement. Sans comprendre pourquoi sourire, tout simplement. Vivre. Simplement vivre, par lui et pour lui, pour son propre cœur et ses propres souvenirs, sans attendre des autres une quelconque attention. Imaginer ce qu'il aimerait faire, lui, comment y arriver, par lui-même. Parcourir son propre chemin, faire son propre nid, qu'il pourra alors admirer plus tard en se disant qu'il en est l'unique créateur.

Oui.

Quitter la toxicité de cet état d'esprit dans lequel il était, et une dernière fois, écouter les voix des autres. Car c'est par lui-même qu'il pourra montrer de quoi il est capable. Compter sur soi avant de compter sur les autres : car, là où les autres peuvent s'en aller, nous sommes malheureusement contraints à vivre avec nous même pour une éternité.

Kaasa sourit de sa réflexion, se sentant déjà meilleur homme qu'avant. Et il savait déjà comment il allait occuper sa journée. Une attaque va sombrer dans l'oubli... Il est donc grand temps d'en travailler une nouvelle !

Et au plus profond de son cœur, le mot copier laisse place à un mot aux consonances plus poétiques. Barré, et enfoui bien loin, il cherche à être oublié. Désormais, il n'y a qu'un seul mot qu'il n'oubliera jamais.

Créer.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 12 ⏰

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