OS- Manga

Song fic : Mû

How Do I Say Goodbye : Dean Lewis

Ce n'est pas une traduction mot pour mot, pour des soucis de cohérence.

Bonne lecture à vous !

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Il regardait le paysage montagneux qui s'offrait devant lui. Autrefois, il en appréciait les reliefs et courbes arides qu'il pouvait apercevoir. Désormais, ces terres lui semblaient bien vides. Seules. Sans aucun sens. Perdues.
Perdues tout comme lui l'était. Sans maître, sans mentor, sans figure. Parti, parti loin de lui, sans aucune chance de retour.
Regardant ces montagnes, le jeune enfant ne voulait bouger. Ne le pouvait. Restant perdu, perdu tel qu'il l'était, perdu dans ses pensées.

Tôt le matin, il y a un message
C'est notre Déesse qui dit "S'il te plait rentre à la maison"
Je crains le pire, mais comment as-tu pu nous laisser tous derrière ?
Il y a tant à dire mais il n'y a plus de temps

Le matin même, il avait senti un cosmo. Doux. Chaleureux. Mû ne l'avait pas encore rencontré, mais on lui en avait déjà bien assez parlé : il s'agissait de Celle qu'il doit protéger. Et même si Elle n'était qu'une enfant, il l'avait senti. Cette demande.
Qu'il avait décliné.
Il ne voulait pas retourner au Sanctuaire. Pourquoi faire ? Il n'y avait plus rien. Plus d'envie. Plus de force. Plus d'espoir. Plus rien du tout. Il n'y avait que le silence de son absence, et ces douloureuses pensées, ces douloureux mots qu'il se rendait compte ne jamais lui avoir dit. À quel point il comptait. À quel point il l'admirait. À quel point il l'aimait.
Il se mit à rire nerveusement ; il n'y avait que face à la mort d'un être proche que l'on se rend compte que nous avions tant à exprimer. À apprendre. C'est ce que lui avait dit un jour son maître. Et comme à son habitude, l'enfant n'avait pas compris.
Désormais, il comprenait.

Alors, comment dire au revoir
A quelqu'un qui a été avec moi toute ma p*tain de vie ?
Tu m'as donné mon nom et la couleur de tes yeux
Je vois ton visage quand je regarde le mien
Alors comment dire, comment dire, comment dire au revoir ?

Il comprenait. Mais c'était dur. Compliqué. De se souvenir de ce sourire, de ces cheveux... De cette personne. Qui l'a recueilli et éduqué. Habillé et fait manger. Qui l'a aimé.
Qui a toujours été présent, toujours été là, avec lui, au milieu de ces montagnes. Qu'ils observaient à deux, ensemble.
C'est lui qui lui avait tout appris ; tout, sans aucune exception. Le nom des sommets, des plantes qui poussaient, de la roche qui les composait... Tout. Tout.
Tout...

Quand je ne pouvais pas, tu as toujours vu le meilleur en moi
Vrai ou faux, tu étais toujours à mes côtés
Mais j'ai peur de ce qu'est la vie sans toi
Et j'ai senti la façon dont Elle a regardé dans ton cosmo

Il a toujours été là. Avec lui, pour lui. Quand il doutait, quand il pensait ne pas être à la hauteur... Il était là. Pour le prendre dans ses bras, et le rassurer. Pour lui expliquer qu'il était un enfant, qu'il était humain. Que c'était normal d'avoir peur, de se poser des questions. Là où d'autres lui auraient simplement dit qu'il avait faux, et qu'il devait croire en leur Déesse.
Mais à présent, ces bras, ces lèvres, sont trop loin, bien trop loin, pour pouvoir l'enlacer et lui parler. Et cette distance lui faisait peur, l'effrayait. Comment vivre en ces lieux rescapés sans la présence de cet homme tant aimé ? Comment apprendre, comment garder le sourire loin de ce modèle de loyauté et de sagesse ? Loin de cette personne dont il était fier, fier d'être le disciple de celui ayant effectué son devoir pendant plusieurs siècles. Celui qui avait sacrifié son existence, la poussant au-delà des limites humaines, pour protéger la Terre, protéger sa Déesse. Qui n'a d'ailleurs cessé de rechercher sa présence, depuis qu'Elle est revenue ici bas.
Mû n'en pouvait plus ; il voulait bouger, frapper, avoir mal, ressentir autre chose que cette pointe perçante qui lui enfonçait le cœur. Et sans vraiment savoir pourquoi, il se mit à crier, espérant sans doute que dans le silence des ces lieux, son maître réussirait à l'entendre.

‹‹ Et je promets que si tu t'en vas, je m'assurerai qu'Elle va bien ››

Alors, comment dire au revoir
A quelqu'un qui a été avec moi toute ma p*tain de vie ?
Tu m'as donné mon nom et la couleur de tes yeux
Je vois ton visage quand je regarde le mien
Alors comment dire, comment dire, comment dire au revoir?

Seul son écho lui répondit. Et après quelques secondes, le calme revint. Une larme coula.
Seul, encore. Pour toujours, désormais. Sans lui... Sans cet homme qui lui avait tout donné. Et même au-delà ; qui l'avait sauvé. Qui lui avait donné une chance de vivre, qui l'avait recueilli ce jour-là, alors qu'il l'avait trouvé, nourrisson et seul.
Il avait un nom : Mû. Un nom qu'il était fier de porter. Fier du choix de son maître. Il se fit la réflexion qu'après tout, peu importe le choix qu'il aurait fait, il en aurait été honoré. Car c'était lui qui le lui avait donné.
Pendant longtemps, il voulut croire qu'ils étaient de la même famille. Leurs sourcils, leurs yeux, leur origine... Tout coïncidait. Et cette pensée suffisait à le rendre heureux. Au moins lui permettait-elle de ne pas sombrer, de ne pas penser au fait qu'il avait été abandonné, et qu'il serait pour toujours à ses côtés.
À présent, cette simple pensée lui donnait des hauts-le-cœur. Abandonné. À nouveau.
À jamais...

Et il n'est pas question que tu puisses me laisser tomber
Je vais voler du temps et recommencer
Tu seras toujours mon ami le plus proche
Et un jour on s'en sortira
Tiens juste la lumière, tiens juste la lumière

Mais jamais il ne l'accepterait. Jamais il ne pourra penser que son maître - son maître ! - puisse le laisser. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé, pourquoi cela s'était passé. Mais jamais il n'accepterait. Il trouvera un moyen, dans 1, 10, 100 ans s'il le faut. Mais il le retrouvera. Il retrouvera cet homme merveilleux, le meilleur humain qu'il ait rencontré, et ira se blottir contre lui, comme l'enfant qu'il était, l'enfant qui avait besoin de son modèle et de cet amour.
Un jour, ils seraient réunis sous le soleil illuminant cette Terre. À nouveau. Et ne se quitteront plus jamais. Réunis, pour toujours. Mais en attendant...

Alors, comment dire au revoir
A quelqu'un qui a été avec moi toute ma p*tain de vie ?
Tu m'as donné mon nom et la couleur de tes yeux
Je vois ton visage quand je regarde le mien
Alors comment dire, comment dire, comment dire au revoir?

Il ne pouvait s'en détacher. De cette pensée.
Il n'était plus. C'était un fait. Et il devait se forcer à l'accepter. De ne plus imaginer son retour inespéré, un retour qu'il sait pourtant être impossible. Il ne reviendrait plus. Il était parti.
Il était mort.
Mû avait besoin de bouger ; il ne pouvait plus rester passif. Il se détourna de ce paysage, et partit à la recherche d'un endroit. À lui. À eux. Sans pour autant savoir pourquoi il y allait.
Et lorsqu'enfin, à ses pieds se trouvèrent ces chrysanthèmes, il se pencha. Ces fleurs, il les avait toujours connues. Son maître les lui avait montré dès sa première venue. Ces fleurs qu'il admirait, pour avoir réussi à pousser, s'épanouir, en un tel lieu.
Tout aurait dû les tuer. Le manque d'eau. La terre trop aride. L'altitude trop haute. Tout les poussait à mourir. Pourtant...
Elles ont toujours survécu. Comme lui. Comme il le ferait. Il survivrait. Et il se battra. Pour Athéna. Pour la Terre.
Et pour lui.
Il ne savait pas comment faire. Que faire, où faire. Mais il le ferait. Il a le temps d'y penser, après tout. Mais en attendant de trouver une solution, il resterait ici. Là où tous leurs souvenirs étaient conservés. Où chaque pièce, chaque odeur, chaque son lui rappelaient son héritage. Là, au milieu de ce champ de fleurs. Imaginant qu'il était encore là, à le conseiller. À le regarder. À l'aimer.
Et peut-être qu'un jour, il sera suffisamment fort pour partir d'ici. Faire son devoir. Faire son deuil. Et finir par rejoindre son bien aimé maître, qui au final, ne l'a jamais véritablement quitté.

Alors comment puis-je, comment puis-je, comment puis-je dire au revoir?