OS- Manga

Pour la Beauté de l'Amour

Il ne les comprenait pas. Ne les avait jamais vraiment compris, au final. Comment pouvaient-ils continuer à vivre, comme si rien de tout cela ne s'était passé ? Pourquoi continuaient-ils à sourire, malgré tout ce qu'ils avaient vécu ?

Quand pourra-t-il enfin comprendre ces gens, leur façon de penser, afin de pouvoir lui-même avancer ?

Dans la pénombre de la sixième maison, Shaka tentait de méditer, tout en luttant contre ses questions. Pourquoi étaient-ils revenus à la vie ? Que faisaient-ils tous encore ici ? Il est mort devant le Mur des Lamentations. Que faisait-il donc maintenant, dans son temple ? Tous ses collègues étaient également tombés. Comment cela se fait-il qu'ils soient alors dehors, à discuter ?

Était-il le seul à se le demander ? À première vue, aucun d'entre eux ne semblait en être dérangé. Pourtant... Pourtant, leurs existences n'avaient aucun sens. Les fleurs naissent puis se fanent. Les étoiles brillent puis un jour s'éteignent.* Une fleur morte ne revient pas à la vie. Une étoile sombre ne récupère pas sa grandeur d'antan. Mais eux, pourtant décédés sur le champ de bataille, étaient de retour en cette Terre, brisant cet équilibre. Pourquoi faire ? Il ne le savait pas. Leur mission était terminée, ils n'avaient plus aucune raison d'être. Mais voilà qu'ils étaient encore présents, respirant, mangeant, buvant... Vivant.

Quel sens avait la vie, désormais ? Si on pouvait contrecarrer les lois universelles. Si on pouvait aller au-delà du destin de chaque être vivant sur cette planète. Si l'on pouvait vaincre cet ennemi synonyme de toute fin, synonyme de mort. À quoi servent-ils à présent, puisque la Paix avait été signée ? Il n'y avait plus rien à protéger. Plus rien à faire.

Comment faisaient-ils, tous, pour avancer ? Pour ne pas se laisser envahir par ces questions, par ces doutes ? Pour sourire à cette surprise, ce ‹‹ cadeau ›› que les Dieux leur avaient fait ? Seuls eux pouvaient dompter la mort, la soumettre à leurs envies. Pourquoi en avoir fait bénéficier de simples mortels ? Étaient-ils victimes, encore une fois, de caprices célestes ?

Il avait, maintes et maintes fois, retourné cette question. Cherchant désespérément une réponse qui pourrait apaiser ses nuits. Demandant même à leur Déesse, cette Femme, de lui donner, ne serait-ce qu'une raison. Mais cette dernière en avait été peiné, et lui avait répondu ces simples mots. Pour l'Amour.

Pour l'amour de qui ? L'amour de quoi ? Mais Elle n'avait pas voulu répondre, lui disant simplement qu'il devait trouver la réponse par lui-même.

Alors, il s'était mis en tête de les observer. Ces personnes que jamais, il ne comprenait. Ces personnes qui avaient malgré tout, continué à avancer. D'analyser leur comportement, comprendre leur point de vue. De savoir ce qui les différenciait tant, pour qu'ils puissent, eux, aller de l'avant.

Lorsqu'il les voyait, ils semblaient heureux de cette situation. Souriant, riant... S'aidant. S'entraînant tout de même, mais gardant cette lumière qui les caractérisait tous. Était-ce cela ?

Lorsqu'il les regardait, ils semblaient meilleurs. Meilleurs qu'avant, mais aussi meilleurs grâce aux autres. Et non pas au combat. Meilleurs mentalement, meilleurs moralement. Ils semblaient apprendre des autres, et évoluer sans cesse. Était-ce cela ?

Lorsqu'il les observait, ils semblaient proches. Leurs regards étincelants lorsqu'ils se rencontraient, et un grand sourire lorsqu'ils se croisaient. Une poignée de main, un frôlement de bras, un baiser. Était-ce cela ?

Mais il ne cessa de se poser la question que lorsque l'un d'entre eux s'approcha de lui. Et lui proposa de discuter ensemble. Pour ensuite discuter avec les autres. Organiser des sorties, auxquelles il était désormais convié. Apprendre à les connaître. À les comprendre.

Et à présent, il avait sa réponse.

L'Amour est un sentiment beau, grand, qui pousse les humains à faire de leur mieux. Un sentiment fragile, certe, comme il a pu le remarquer. Mais un sentiment pur, que chaque être est capable de ressentir, bien que cela ne soit pas de la même manière. Le respect, l'amitié, l'amour... Il en existait tant de variante, toutes aussi simple mais paradoxalement complexes. Toutes aussi sincères, innocentes parfois, mais d'une telle splendeur et d'une telle force qu'elles sont capables d'apporter du bonheur à chacun, peu importe ce qu'il s'est passé avant, ce qu'il se passera après.

L'Amour est ressenti individuellement, par chacun... Mais est provoqué par les autres, pour les autres. On ne ressent pas la même chose pour chaques, mais on les aime tout de même. On peut être si proche, ressentir tant de choses avec eux... Et il ne parlait pas de proximité corporelle. On peut être si proche de ceux qu'on aime... Juste en les regardant. Juste en discutant avec eux. Juste en les enlaçant.

Il ne passait plus ses nuits dans le noir, à se demander ce qu'il faisait désormais en ce monde. Il a tant appris avec eux. Et si ce qu'ils lui ont fait découvrir est cela, l'Amour... Alors Shaka avait une réponse. Et vivre pour la beauté de l'Amour... Cela lui convenait.

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* C'est une vraie phrase que Shaka dit, en parlant à Saga, Shura, Camus, juste avant de mourir.