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Ça faisait une semaine que Lenny ne donnait plus aucun signe de vie, Alex m'avait prévenu qu'il avait discuté avec Alice mais rien de plus.
J'en ai déduit que ça c'était mal passé et le fait qu'il ignore tout le monde, y compris Monica, m'inquiétait d'autant plus. Nous avions de ses nouvelles uniquement par le biais d'Alex à quatre jours de la rentrée. Je me demandais même s'il avait révisé pour les épreuves de bac blanc de philo vu son état.

J'espérais qu'il avait au moins touché à son cahier mais c'était être un peu trop optimiste et ce n'était pas bon signe pour lui. J'avais beau comprendre sa peine de coeur mais ce n'était pas une raison valable, selon moi, de se laisser aller surtout au niveau de ses études.
Ce n'est pas les gens qui nous font du mal qui vont nous donner notre salaire plus tard, alors la bonne élève qui était en moi prit le dessus. 

C'est ainsi qu'après une énième tentative, résultée en échec, de parler par téléphone avec Lenny, je me trouvais en bas de chez lui. Je sonnai à l'interphone deux fois avant d'entendre l'appareil crépiter.

- Qui est-ce ? Demanda la voix de Monica.

- C'est moi ! Répondis-je pleine d'enthousiasme.

- Maaliyah ? S'étonna-t-elle. Il ne veut voir personne, tu ferais mieux de rentrer chez toi. Lo siento cariño.

(NDA: Lo siento cariño = je suis désolée ma chérie)

- T'excuse pas, je sais qu'il ne veut voir personne et c'est justement pour ça que je suis là. Laisse-moi le entrer deux secondes.

- Je te fais monter seulement parce que t'es la soeur de ma meilleure pote. Déclara-t-elle. Et que je t'aimes bien.

Et même pas deux secondes plus tard, la porte automatique s'ouvrit et je pris l'ascenseur pour monter jusqu'à leur appartement. Lorsque j'arrivai sur le palier, la porte d'entrée était déjà ouverte, Monica était assise sur le canapé avec une tasse de thé à la pêche entre les mains.
C'était sa boisson par excellence, quand on dit Monica, tout le monde pense à son thé, brulant soit dit en passant, à la pêche.

- Il est enfermé dans sa chambre. M'annonça-t-elle, une fois que j'entrai dans le salon.

- Depuis jeudi dernier ? Demandai-je.

- Il a rien mangé, Alex est resté avec lui durant des heures hier pour l'obliger à manger un tacos qu'il a acheté. Raconta-t-elle. Sa mère va bientôt rentrer de son voyage d'affaire.

Lenny qui ne mange pas ? Qu'est-ce qu'elle lui avait dit pour qu'il soit au bout de sa vie ?

- Je vais le voir. Déclarai-je.

- Bonne chance. Soupira-t-elle.

Je souris avant d'entrer dans la chambre du brun, il faisait tout noir dans la pièce à cause des volets et des rideaux fermés en plus de l'odeur de renfermé qui y régnait dû à la non-aération des lieux.

- Alex, tu peux y aller ! Râla-t-il. Je suis encore vivant comme tu peux le constater.

- Heureuse de l'apprendre. Dis-je.

Il était allongé, recouvert entièrement par sa grosse couette mais lorsqu'il entendit ma voix, il se redressa brusquement, presque violemment. Je vis de grosses cernes sous ses yeux et ses cheveux étaient en bataille comme s'il avait tenté de se les arracher. Il était vraiment dans un sale état.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-il. C'est Alex qui t'envoie ?

- J'aurais aimé mais il m'a formellement interdit de venir ici, je suis juste venue vérifier si tu étais bien vivant étant donné que tu ignores ta meilleure amie. Expliquai-je.

- Maintenant que tu m'as vu, tu peux t'en aller. Maugréa-t-il.

- Et si je n'en ai pas envie ? Répliquai-je en faisant glisser la chaise roulante pour m'asseoir à côté du lit.

- J'en ai rien à foutre. Cracha-t-il. T'es bien la dernière personne que je veux voir.

Il me tourna le dos avant de se rallonger, énervé.

- T'es bien mignon mais je t'ai rien fait donc tu gardes ta haine pour un punching-ball, j'avais juste envie de te remonter le moral. Me défendis-je.

Il rit, le genre de rire très amer. Il n'avait encore rien dit que je me sentais déjà blessée uniquement par ce rire.
Je redoutais l'issue de cette discussion.

Il se releva lentement et s'assit en tailleur sur son lit, face à moi, soutenant froidement mon regard.

- Tu m'as rien fait, tu dis ? Tu t'fous de moi en fait. S'insurgea-t-il.

- Ok j'ai fait pas mal d'erreur mais t'es pas obligée de me les reprocher maintenant alors que le problème c'est toi et Alice. Me défendis-je.

- C'est de ta faute mais tu me demandes de rien te reprocher, Maaliyah réfléchis avant de parler. Tu m'énerves bêtement. S'emporta-t-il.

- En quoi j'ai quelque chose à voir avec tes histoires de couple ? Tu t'entends parler ? "Tu m'énerves bêtement" c'est toi qui réfléchis par le cul, tu te crées des problèmes tout seul ! M'écriai-je.

Il se leva pour me faire face alors je me levai aussi de la chaise.

- Tu m'avais assuré qu'elle ne saurait jamais pour ton contrat de merde que tu m'as obligé à accepter ! Hurla-t-il. Et devine quoi ? Elle croit que je suis avec toi, explique-moi ce qu'il s'est passé vu que t'es si intelligente.

- Na-eun n'a rien dit, je m'en suis personnellement assurée alors demande-lui à elle pas à moi. Rétorquai-je en appuyant sur le "elle". Et je t'ai jamais obligé à rien, je t'ai proposé deux fois de tout arrêter, qui est-ce qui a décliné les offres ? Toi ou moi ?

- Peut-être que c'est pas ta meilleure amie mais ton gars Parker, tu lui as dit quoi quand tu l'as recalé ? Dit-il avec arrogance. La première fois, j'ai refusé pour sauver ta putain de peau de l'autre connard, tu devrais me remercier.

- Tu penses sincèrement que j'ai poucave quoi que ce soit à cette merde ? Mais t'as complètement disjoncté ! M'emportai-je. J'ai pas non plus besoin d'un prince charmant pour me sauver, j'suis une grande fille.

- Une grande fille ? Depuis que j'ai eu le malheur de te rencontrer, rien ne va dans ma vie. C'est que des conneries sur conneries et tu penses que t'es une grande fille mature ? T'es vraiment conne et moi je l'étais encore plus pour avoir assuré tes arrières à chaque fois. S'énerva-t-il.

- C'est ça que tu penses ? Que j'suis une gamine qui fout sa merde partout et qui laisse les gens se démerder après ? Après tout ce que j'ai fait pour ta sale gueule et celle de ta Juliette à la noix, t'as la foutaise de me parler comme ça ? Dis-je avec dédain.

Pour le coup, il m'avait vraiment blessé. Je m'en foutais de l'avis des autres mais pas de celui de Lenny, j'aurais voulu qu'il ait une meilleure image de moi parce que malgré tout, je tenais énormément à lui, plus que ce que je ne voulais, et c'était important pour moi de rendre fière ceux que j'aimais.

- Je regrette chaque instant que j'ai pu passer avec toi parce que ça me rappelle ce que j'ai perdu et ça je ne te le pardonnerai pas. Cracha-t-il.

- Dans ces cas-là, je te laisse avec ta Juliette et t'inquiètes pas t'auras plus jamais à me revoir vu que j'suis l'être le plus horrible que t'as jamais vu de toute ta pitoyable vie.

J'avais bien dit que cette discussion aurait une fin horrible.

+ 5 STAR +Où les histoires vivent. Découvrez maintenant