Psycho

16🔪

Lorsque j'ouvris de nouveau les yeux, j'étais allongé sur le sol. Et bien, au moins, ils avaient eu l'amabilité de me laisser tranquille... 

Je me relevai avec peine. Mon corps tout entier me lançait. Les joies de la vie d'adultes, qu'ils disaient... 

Je manquai de tomber à plusieurs reprises; mes genoux ayant décidé de me lâcher tous les trois pas. Après une lutte désespérée pour rester debout, je rejoins enfin la chaise sur laquelle je me laissai choir.

Par curiosité, et surtout parce que j'avais mal, je relevai mon T-shirt déchiré et vis mon ventre rempli d'ecchymoses bleu-violet. Je ne voulais même pas imaginer l'état de mon visage. Il devait être gonflé et saignant, un pur bijou ! 

Il semblait que l'ironie était la seule chose qui me permettait de faire face à ma défaite. Mais depuis quand on s'acharnait sur les faibles ? 

Mon égo en prit un coup. Je venais de me traiter de faible moi-même... 

Jungkook, pense positif ! Il devait bien y avoir quelque chose qui pourrait te donner de l'espoir, un truc dans le genre... 

Et bien... Euh... 

Rien. 

Si je mourrais, ma mère ne serait plus en danger, donc je ne pouvais pas me raccrocher à cette idée. 

Quant à Han... Elle était partie. 

Et donc... Je n'avais aucune série à regarder, aucun loisir qui ne puisse me remonter le moral. Génial. C'est que je suis le roi de la positivité ! 

Je levai la tête. Je n'avais pas envie de rire mais je n'avais pas envie de pleurer non plus. Je n'étais pas fatigué, mais je n'avais plus d'énergie. Est-ce que je prenais de la distance avec mes émotions ? Si j'avais été le Jungkook qui vivait calmement quelques mois auparavant, je me serais certainement écroulé en larmes. Maintenant, je n'avais plus de larmes à verser. Je savais que je n'avais pas encore vécu le pire, mais déjà je ne pouvais plus pleurer. C'était comme si je n'étais plus qu'une coquille vide, qu'un corps à malmener. 

C'est sur cette constatation que j'attendais la venue de quelqu'un. Pourquoi même est-ce que j'attendais ? Personne ne viendrait pour moi. Personne n'était venu avant. J'attendais en vain. Est-ce que c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas sombrer dans le désespoir ? 

Je voulais encore une fois ressentir la chaleur humaine. Je voulais qu'on me prenne dans ses bras. Mais je savais bien que tant que je serai traqué par Jimin, je ne pourrai rien faire. 

La porte s'ouvrit à nouveau. Vu que je n'avais plus de bandeau sur les yeux, je vis les cheveux violets franchir l'encadrement. Namjoon était revenu. 

- Comment tu vas ? me demanda-t-il. 

Quoi ? Soudainement il s'intéressait à ma condition ? Mais j'étais si heureux que je ne fis aucune remarque. 

- Aussi bien que si je m'étais fait tabasser. 

- Je vois ça, répondit-il en grimaçant. 

Mon visage devait en dire long. A moins que ce ne soit le sang qui avait séché ? 

Allait-il être aimable pour longtemps ? Ou était-ce encore un simulacre de la part de deux psychopathes ? 

- Tu... tu devrais te nettoyer le visage. Je t'ai apporté de l'eau. Je me suis dit que tu devrais en avoir besoin. 

Il me montra le seau qu'il tenait à bout de bras et le posa près de moi avant de se rasseoir sur une chaise. Il rouvrit son livre et se plongea de nouveau entre les lignes dactylographiées.