XXV. Monsieur Smith et Monsieur Ackerman.

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   Il fallut encore des heures de discussion pour que le roi connaisse chaque détail de l'histoire. Je lui avais absolument tout raconté, le procès, les menaces proférées par Sieg à mon encontre, son plan pour se débarrasser d'Armin et m'épouser, tout. Il allait lui falloir un peu de temps pour tout digérer alors il était allé se reposer seul. Nous l'avions installé dans les appartements les plus confortables pour qu'il puisse s'y sentir à l'aise pour réfléchir.

   Armin était encore avec nos conseillers, ils avaient des affaires urgentes à régler. Quant à moi, je me rendais à la chambre d'Erwin, Livaï avait du travail et il m'avait demandé d'aller m'assurer qu'il aille bien. Je le faisais avec plaisir, j'aimais rendre service à mes amis. Surtout qu'Erwin était dans cette situation à cause de moi. En réalité si j'avais fait taire les rumeurs à son propos sans donner d'explications tout aurait été oublié. Mais en affirmant que ces rumeurs étaient vraies, je les avais mis en danger tous les deux. Je m'en voulais, alors je faisais tout pour me faire pardonner. Même s'ils n'avaient pas l'air de m'en vouloir. Il fallait que je me rattrape.

   Je toquai à la porte et entrai après avoir entendu Erwin m'inviter à le rejoindre. Il était accoudé au garde-corps de la terrasse, il regardait le ciel.

   - Bonsoir Erwin.

   - Bonsoir Altesse.

   - Je viens m'assurer que tu vas bien.

   - Oui, je suis en pleine forme.

   Il s'approcha et releva fièrement sa chemise pour me montrer sa plaie. Elle avait déjà commencé à disparaître.

   - Où est Livaï ?

   - Il a encore du travail, mais il te rejoindra sûrement plus tard. Il m'a demandé de venir au cas où.

   Erwin passa sa main nerveusement dans ses cheveux, il me demanda :

   - Altesse, croyez-vous que nous pourrons nous marier Livaï et moi ?

   - Erwin... ?Tu comptes demander Livaï en mariage ?

   - C'est juste une idée qui m'a traversée l'esprit. Mais je ne sais même pas si c'est autorisé.

   - Tu t'adresses à la reine, il n'y a rien que je ne puisse pas faire, dès demain je ferai rédiger une nouvelle loi autorisant le mariage entre deux hommes, et entre deux femmes évidemment.

   - Milles merci Madame !

   Il trépignait sur place, son visage était illuminé par le bonheur qu'il ressentait. J'ouvris mes bras pour le serrer contre moi. Il entoura ses bras autour de moi et me serra fort, il me fit même décoller du sol. Il finît par me reposer au sol, heureux et souriant.

   - Il me faut une bague et... Ah oui ! Je réserverai une auberge sur la plage, Livaï aime la mer ?

   Je ris et lui répondis :

   - A toi de me le dire.

   - Ou dans des montagnes ?! Et il faudra que ce soit propre, sinon il passera son temps à faire le ménage.

   - Tu auras le temps d'y penser Erwin.

   - C'est que j'ai tellement hâte ! Et peut-être même qu'un jour nous aurons des enfants !

   J'étais heureuse qu'il se projette ainsi avec Livaï mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je n'étais toujours pas enceinte. Malgré nos nombreux essais ce n'était jamais payant. Au plus les mois passaient au plus je perdais l'espoir d'être mère un jour. Pourtant nous n'étions mariés que depuis quelques mois mais je voulais tellement ma propre famille avec lui que l'attente devenait insupportable. Et la peur de décevoir ma famille et mon royaume l'était encore plus.

   Sans que je m'en rende compte ma tête s'abaissa et mon air si joyeux fut assombrit par une profonde tristesse.

   - Madame, je suis navré.

   - Ce n'est rien. Tu n'as rien dit de mal.

   Mes doigts se portèrent à mon visage pour essuyer mes larmes naissantes aux coins de mes yeux.

   - Je vais y aller, bonne nuit Erwin.

   Je ne tenais pas vraiment à ce qu'il me voit pleurer, alors je préférai m'en aller. Mais une main me rattrapa le poignet. Je me tournai, évitant le regard de mon ami. L'expression sur son visage était compatissante et douce.

   - Je suis sûr que vous serez bientôt enceinte Madame, ne perdez pas espoir.

   - Ce n'est pas facile mais merci Erwin.

   Ses lèvres s'étirèrent lentement, il lâcha ma main pour me laisser m'en aller. Juste avant que je referme la porte il me dit : 

   - Croyez simplement en vous Madame et laissez la nature faire le reste.

L'héritière [Armin x Lecteur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant