In the name of fun

XII

🎶 Yungblud- Parents

Christian était stressé, c'était bien la première fois qu'il l'était avant de discuter avec sa mère. Il était assis sur un muret de la clôture à peine entamée de la maison de son oncle et faisait tourner son téléphone entre ses mains, un peu pensif. Il avait longuement réfléchi depuis qu'il avait commencé ce projet avec ses amis et il était arrivé à la conclusion que ses compétences seraient plus utiles ici qu'à New York où il ne serait qu'un petit immigré, Noir de surcroît. Il sélectionna le numéro de sa mère parmi ses contacts avant d'appuyer sur le bouton d'appel. Elle répondit tout de suite comme si elle n'attendait que son appel.

- Salut, m'man !

- My baby boy! Je croyais que tu avais oublié ta vieille mère !

Il eut un sourire amusé devant le ton geignard de sa mère qui comme d'habitude aimait en faire trop.

- Maman, on s'est parlé il y a cinq jours! Protesta-t-il faussement exaspéré.

- C'est ce que je viens de dire, tu m'as oublié. Dis-moi comment tu vas? Le projet avec tes amis marchent bien?

- Oui, ça va. J'irais même dire que ça va plutôt bien. Les gens avaient juste besoin d'un endroit pour faire la fête on dirait. Ils viennent toujours en masse, c'est dingue.

L'excitation dans sa voix était tellement perceptible que ça fit rire sa mère. De ce rire un peu grave qui lui manquait.

- Moi aussi, j'aimais beaucoup faire la fête à une époque. A dire vrai, j'aime toujours ça mais entre le boulot et m'occuper de ton père, j'ai dû redéfinir ce terme. Maintenant, mes plus gros moments de frissons c'est blottis contre mon mari devant un bon film d'action.

Il aimait entendre que l'accident de son père n'avait rien changé au sentiment de sa mère. Cette épreuve leur a permit de se découvrir d'une toute autre façon et aujourd'hui, ils son plus heureux que jamais, discutant à bâtons rompus. Quand il pensait à ce qui était arrivé à son père, il ne pouvait s'empêcher de frissoner d'effroi à la simple idée qu'il avait failli le perdre. Comme ça! D'un claquement de doigts! Ça lui a fait prendre conscience de beaucoup de choses comme l'importance du moment présent et les discussions à coeur ouvert. Il ne voulait pas qu'il y ait de non-dits entre lui et ses parents.

- Papa est près de toi?

- Il fait la sieste, il était un peu fatigué ce midi.

- Ah, murmura-t-il un brin déçu. Il va bien?

- Oui ne t'inquiètes pas. Tu voulais lui parler de quelque chose en particulier ?

- C'est juste... Voilà... Je n'ai pas envie d'aller vivre aux states. Je ne dis pas que si j'ai la possibilité, je ne viendrai pas vous voir mais je ne compte pas y vivre. Ça va te sembler fou mais je pense qu'on a plus besoin de moi ici que là-bas. Et puis, pour être honnête, si je devais aller vivre à l'étranger, les États-Unis n'auraient jamais été mon premier choix...

- J'avais cru comprendre. C'est pas assez raffiné pour toi je suppose ?

Il perçut la colère cachée derrière le sarcasme dans sa voix et cela le rendit triste. Mais en même temps, il n'était pas tellement surpris de sa réaction. Son plus grand rêve a toujours été de rapatrier son fils unique auprès d'elle. Il aurait tellement aimé pouvoir la satisfaire, il était son unique enfant après tout. Mais c'était sa vie et il n'en avait qu'une, autant faire les choix qui lui semblaient plus justes.

- Je pense oui. Tu sais maman, pour la première fois depuis longtemps, je sais vraiment ce que je veux, ce que j'attends de la vie. Mes projets de carrière ne m'ont jamais paru aussi clairs que maintenant. Alors laisse-moi juste... faire ce que j'ai envie de faire, tu pourras toujours te vanter d'avoir eu raison si ça se passe mal. Je sais que tu ne pourras pas t'en empêcher. Mais je doute fortement d'échouer...