Les regards ne trompent pas [en pause]

Joie

Alice
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Samedi soir. Quelque chose en moi m'indique qu'un léger stress est profondément installé dans mon ventre.

Qu'elle mouche m'a piqué pour avoir eu le courage de l'inviter ? Mais en même temps, je suis si contente qu'il ait accepté.

Je me prépare en essayant, je crois, de me faire belle. Je porte quelque chose d'un peu plus ... habillé ? Alors que ça faisait longtemps, je me maquille légèrement. Ce dont j'ai envie, c'est de lui plaire.

D'un commun accord, nous avons déjà mangé le repas du soir étant donné qu'il finissait plus tard que d'habitude son entrainement.
Être joueur professionnel et suivre des cours à coté ne doit pas être de tout repos, j'espère pouvoir lui faire passer du bon temps en ma compagnie. Quoi qu'il arrive, je sais déjà qu'il va aimer ce film. Je me suis renseigné auprès de Suna ne connaissant pas trop ses goûts cinématographiques. Certains diront que c'est de la triche, moi je cherche juste à lui faire plaisir.

Mon téléphone vibre, annonçant un nouveau message. Il sera en bas de chez moi dans quelques minutes. Je descends et l'attend patiemment.

Tournée dans un sens, c'est par l'autre qu'il arrive. Je sens sa présence derrière moi puis me retourne vers lui. Mon coeur se réchauffe en le voyant emmitouflé, lui aussi dans sa vieille écharpe. Il a l'air si inoffensif comme ça.
Je qualifie ce vêtement de "vieux", lui-même râlant de cette façon le concernant.
Cela me donne une idée.

- Allons - y avant qu'on ne congèle sur place !

Il acquiesce puis nous nous mettons en marche. Malgré le mois de décembre bien implanté et les rues un peu reculées du centre - ville, la foule est quand même bien présente. A vrai dire, je suis à cinq minutes de ce dernier. Je passe une main autour de son bras pour ne pas le perdre en chemin. Comme souvent, la conversation commence par son entrainement et les quelques péripéties vaillamment menées par Hinata. Cela me fait plaisir de l'entendre parler de ce sport comme ça. C'est bizarre mais il pourrait me parler de n'importe quoi, j'en serai heureuse. Parfois je lève la tête pour le regarder parler et à chaque fois, il me sourit. Un jour, mon pauvre petit coeur va finir par craquer entièrement pour lui si ça continu comme ça.

Enfin, si ce n'est pas déjà le cas.

Je lui raconte - moi aussi ma journée, bien moins passionnante. J'ai appelé ma petite soeur, travaillé quelques cours à l'approche des examens de fin de semestre puis j'ai aussi beaucoup pensé à lui. Détail que je ne prononce pas, à l'évidence. En d'autres termes, une journée des plus banals qu'il soit.

20h45, nous arrivons et entrons dans le bâtiment convoité. Je le vois grimacer en apercevant la longue queue d'attente.

- Suis - moi, j'ai déjà les billets, pas besoin d'attendre.

Il pousse un soupir de soulagement. Je le comprend, je ne pense pas non plus être capable d'attendre autant comme ces autres personnes. Elles ont bien du courage.

- Ça sera en salle cinq pour vous. Bonne séance.

- Merci, nous répondons ensemble.

Je le laisse me guider là où il décide que c'est la meilleure place. La salle est déjà bien remplie. Ce film fait l'unanimité apparemment.
Il me laisse passer mais se ravise voyant qu'à ma droite ça serait des hommes. En France, ce fait n'aurait rien de particulier et je me serai assise à côté d'eux mais au Japon c'est différent. Alors je le laisse faire comme il le souhaite.