Maman - Partie 2

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Alice
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5 mois. 5 long mois depuis la dernière fois que je les ai vu, et la première chose qu'elle me dit, c'est un reproche. Les vacances commencent bien ... si on peut appeler cette semaine de la sorte.

À cet instant je regrette.
Je regrette d'être venue ici mais je me rappelle bien vite pourquoi.

Je suis là pour ma petite soeur.

Elle me manque et je lui manque.

Alors je ne lui réponds pas, avouant indirectement ma défaite face à elle.

La journée se passe sans encombre, à vrai dire je ne parle pas spécialement à ma mère. Je préfère l'éviter pour le moment. Je me suis reposée en révisant dans le calme avec Maélia à mes côtés. Elle sait très bien que lorsque je viens de passer autant de temps dans un avion, j'ai besoin de repos. Alors elle a pris un livre et a bouquiné, posée sur la seconde place de mon lit.

Lorsque nous passons à table, à dix neuf heures pile, l'ambiance n'est pas aux beaux jours. Je vois bien que ma mère se force à me poser des questions concernant ma vie, comment je vais ... Puis vient le sujet des études.
Ma mère n'a jamais été pour mon projet d'études à l'étranger alors lorsque je lui en ai fait part, elle m'a dit de me débrouiller seule. Autrement dit, aujourd'hui, financièrement, je dépends de ma bourse d'étude ainsi que de la pension que me verse mon père chaque mois. Ce n'est pas plus mal, je n'ai pas à m'ajouter le stress de ne pas être sûre de recevoir son aide.

Elle ne comprend pas l'intérêt d'aller étudier dans un autre pays.
J'aime voyager et aller au Japon a toujours était dans l'un de mes projets, depuis petite. Le fait que Yukie y soit originaire n'a fait qu'accroître mon envie d'y aller, sachant qu'elle allait y retourner elle aussi.
J'ai découvert une nouvelle langue, une nouvelle culture, de nouveaux paysages et de nouvelles personnes formidables.

- C'est quand que je vais pouvoir aller avec Alice dans son pays ?

Ma mère la dévisage presque lorsque Maélia utilise "son pays". Mais c'est vrai, aujourd'hui je me sens plus proche du Japon que je ne l'ai jamais été avec la France.

- Je ne vois pas pourquoi tu irai la bas.

Je réponds aussitôt sa phrase fini sur un ton froid.

- Tu avais accepté la dernière fois que je suis venue pour qu'elle vienne cet été.

Je n'arrive plus à faire semblant devant elle. Même sourire est difficile et parler sans paraître froide et distante aussi.

- J'ai changé d'avis. Je ne vois pas pourquoi elle irai passer du temps avec ces gens - là.

Elle m'énerve. Surtout ce ton méprisant qu'elle prend en parlant d'eux.

- Ces gens - là comme tu dis sont mes amis.

- Tes amis sont en France je dois te le rappeler ?

Je sais parfaitement à qui elle fait allusion mais non. C'est faux.
Si je devais mettre des noms sur mes amis, notre petit groupe et les garçons du volley. Ici en France, j'ai sans doute Manon, une copine de première et des personnes de troisième qu'elle ne connaît pas. Et heureusement.

Je ne lui réponds rien, me rabaissant encore une fois devant elle. Je n'ai ni l'envie ni la force pour une altercation maintenant.

C'est de cette façon que se termine le repas, sans plus de formalité.

Les regards ne trompent pas [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant