Chapitre 8 : It's all a nightmare and you can't wake up

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Je sais bien que t'es à terre, que les QUESTIONS te vrillent la tête et qu'la douleur t'empêche de parler, de dormir et même de penser ;
Je sais bien qu'tu regrettes PLEIN de choses, tous ces mots durs qu'on s'est échangés
Je sais bien qu'tu voudrais m'avoir en face de toi

Mais même si c'est vrai qu'on peut plus se voir
J'suis ENCORE là tu sais, et j'veille sur toi  

Je sais bien que tu t'en veux mais t'y es pour rien il faut que tu l'acceptes
Je sais bien qu'tu m'appelles et qu'j'réponds pas
Mais dis-toi qu'j'ai juste pris la voiture et que j'suis partie
Que j'conduis la vitre ouverte, dans la nuit éclairée par la VOIE lactée
Je sais bien qu'tu comprends pas mais peu importe le résultat
Ça change rien à l'amour que j'ai pour toi, j't'assure
Et un jour elles se r'fermeront tes blessures
 
2006, 2 jour après.
 
Le soir est déjà tombé pour la deuxième fois quand j'atteinds Mogi Das Cruzes. J'ai marché sur toute la route pour rentrer, trente kilomètres en 19 heures. J'ai erré dans les fossés, luttant pour mettre un pied DEVANT l'autre, ivre de fatigue, de froid, mais surtout de douleur. Mes jambes tremblent et mes JOUES sont baignées de larmes.
Mais le plus terrible est à venir. Planté comme un piquet DEVANT PORTE de la maison des Rayos, je ne peux me résoudre à frapper. Je sais que son père ne doit pas s'en faire tant que ça. Il nous arrivait souvent de dormir ailleurs que chez nous sans prévenir. Au bout de plusieurs minutes, je rassemble enfin le courage de toquer. Son père ouvre la porte en souriant, mais il doit remarquer immédiatement mon visage déformé par les sanglots et l'absence de sa fille, parce que les coins de sa bouche retombent platement.
 
-  Neymar, où est ma fille ? il demande tout doucement, comme s'il ne voulait pas réellement avoir ma RÉPONSE.
-  Je...
 
Incapable de le formuler, j'éclate en sanglots. Il m'attrape alors par les épaules et me secoue violemment en se mettant à hurler.
 
-  NEYMAR, j'ai dit : OÙ EST MA FILLE !
-  Je n'en sais rien Monsieur, je gémis comme un animal blessé. Elle était là, je me suis retourné une seconde à peine, et ils l'ont pris, ils l'ont pris...
 
Les sanglots font trembler tout mon corps à bout de forces.
 
-  Qui ça, ils ?
 Des hommes, des hommes, je n'ai rien pu faire, j'ai ESSAYÉ Monsieur, je vous le jure, j'ai essayé...
 
Je tombe à genoux en hurlant de douleur. Ça fait si mal. Son père se met à pleurer lui aussi et on se SERRE dans les bras. Il savait ce que je ressentais, ce que je ressens pour sa fille.
Je finis par me dégager et je repars hanter les rues comme un fantôme, titubant, épuisé, mais ne voulant pas dormir. Parce que je sais pertinemment que la scène horrible que je vois danser devant mes paupières ne fera que s'amplifier si j'arrête de marcher. Si je me repose, et que mon esprit se dégage.
Ce que je veux, c'est être trop abruti pour penser. Ne pas avoir la force de réfléchir. Mais la journée, oui, le jour arrive bien trop vite et baigne son absence d'une clarté bien trop réelle à mon goût.
Ça me prend les tripes, comme un coup de poing dans le ventre. Ça me fait tellement mal, comme si mes entrailles avaient décidé de foutre le camp en faisant sentir leur absence par une douleur sourde, fantôme.
 
L'Après.
 
J'ai passé 5 jours comme ça. À marcher jusqu'à m'évanouir de fatigue, en mangeant je ne sais trop quoi. Ivre de douleur, de courbatures, du manque de sommeil, et du manque d'elle, surtout.
Je me suis mis à développer toute une panoplie de tics nerveux. J'étais comme mentalement perturbé, ça ne fait aucun doute que si j'avais été dans une famille riche, j'aurais déjà été interné. Je me tordais les mains, me rongeait les ongles, faisait trembler ma jambes, les croisait, les décroisait. Tout était bon pour ne s'attarder une seule seconde sur la réalité. J'étais fou, oui, fou, comme un drogué à qui on retire son ecstasy, un alcoolique qu'on limite à l'eau, j'hurlais qu'on me la rende, qu'on me ramène Leila, ma Leila, parce que non, personne n'avait le droit de me la prendre.
 


9 Mars 2006, 6 jours après.
 

Fiction sur NeymarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant