𝕋𝕠𝕘𝕖𝕥𝕙𝕖𝕣 𝔽𝕠𝕣𝕖𝕧𝕖𝕣 Tome 2

Chapitre 3 - Nine

Je m'étire puis ouvre difficilement les yeux. Cette nuit, je me suis montrée raisonnable, je n'ai pas beaucoup bu. Je savais que je devais être d'attaque dès mon réveil pour finir de préparer mes valises.

Un coup d'œil vers le lit où est affalée Célia et je devine immédiatement que la concernant elle ne sera pas matinale. Je m'assois sur le bord du lit, puis finis par me trainer en bas dans la cuisine d'où du bruit me parvient depuis les escaliers.

Lorsque j'arrive, ma sœur, Lennie, est assise à table et déjeune tranquillement. Elle m'observe passer et me servir un verre de jus d'orange, puis esquisse un sourire.

— Alors cette soirée ?

Je pose mes fesses sur la chaise en face d'elle, avale une gorgée et lève le nez sur elle.

— Super, c'était la dernière avant qu'on se revoie avec Célia, du coup, on voulait marquer le coup.

— Des mecs sympa ?

Je lève un sourcil amusé et hausse les épaules.

— Si tu cherches à savoir si j'ai dansé ou je ne sais quoi d'autre avec l'un des nombreux types présents... Désolée de te décevoir, mais non.

Elle soupire, puis plonge le nez dans son bol de café pour le finir.

— T'aurais au moins pu profiter pleinement de tes vacances. Et franchement, c'est pas les beaux gosses qui manquent ici.

— Qui te dit que je ne l'ai pas fait ? Ou bien que c'est pas ce que je compte faire une fois rentrée demain ? On est seulement fin juillet.

Elle acquiesce et se redresse pour débarrasser son bol et le laver.

— C'est toi qui vois, y'a vraiment des mecs pas mal ici, assure-t-elle.

— Je dis pas le contraire mais... Fin tu me vois dans une relation à distance ?

Elle se tourne vers moi et m'observe tout en réfléchissant.

— Pour être honnête non. T'es pas faite pour ça.

— Voilà, problème résolu, soufflé-je.

Elle me sourit, puis sort de la cuisine. À vrai dire, ni mes sœurs, ni mes parents ne sont au courant de ma relation avec Yann. Pour eux, je n'ai pas de copain. Et c'est bien comme ça. J'aime préserver cette petite bulle qui nous appartient.

Alors que je suis plongée dans mes pensées, j'entends pour la énième fois depuis que je suis arrivé, la scie sauteuse que mon père met en route. Ils n'ont pas arrêté une minute avec les travaux. Il faut croire que retaper cette maison de maître est devenu leur but ultime. Mais je trouve ça chouette, d'avoir un endroit loin de toute notre routine habituelle, où on peut se retrouver tous en famille.

À mon tour, je me lève puis lave mon verre avant de récupérer des fringues propres et de filer à la salle de bain. Une douche me ferra du bien et me donnera le courage de préparer mon départ. Laisser ma cousine derrière moi, me chagrine comme à chaque fois, mais la perspective de retrouver Yann, me réjoui. Il me manque énormément. Je pensais pas que ce serait autant, pourtant le fait est que j'ai l'impression que sans lui, maintenant, tout est fade. J'imagine déjà la réaction que j'aurai en le revoyant. Je vais clairement lui sauter dessus. Quand je me souviens des deux jours que l'on avait déjà passés loin l'un de l'autre et de la façon dont on s'était serrés dans les bras en se retrouvant, voir les choses autrement me paraît impossible.

Lorsque je sors de la salle de bain, je rejoins la chambre ou Célia dort toujours et commence à rassembler mes affaires sans faire de bruit pour les fourrer dans mes bagages. Je ne comprendrai jamais comment je peux m'étaler autant. J'en ai foutu partout.