CHAPITRE 9 : Trouble

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                Le lendemain, je me réveille à 7 h. C'est une nouvelle journée. Je ne vais pas me laisser démoraliser par un employeur désagréable. Ce n'est pas le premier et ça ne sera pas le dernier à être irrespectueux de mon boulot. Descendant les marches sur la pointe des pieds, je constate que la maison est silencieuse. Le moment parfait pour faire visiter le rez-de-chaussée à mon chat. Vêtu de son petit harnais rouge et de sa longe de plusieurs mètres, je le laisse vagabonder après l'avoir attaché à une chaise. Je sais que les appartements de Walker sont dans le couloir face au miens et je n'ai aucune idée à quelle heure se lève sa seigneurie. Mais je pense avoir le temps de prendre un café. Il m'en faut une tasse rapidement. Détail très important, personne ne doit m'adresser la parole tant que je n'ai pas ingurgité mon breuvage. Sinon vous pouvez être sûr que je vais vous envoyez vous faire voir. Sur une autre planète.

Calmement, j'ouvre chaque placard de la cuisine pour y trouver le plus grand mug possible. Sauf qu'il n'y avait rien d'autre que des pauvres tasses à expresso. Sincèrement qui survit à une journée de travail avec une quantité aussi infime de caféine ? Qui ? J'allais devoir ramener des tasses de chez mes parents rapidement. Et puis me voilà devant la machine à café ou plutôt la big boss des machines à café. La fameuse qu'on rêve d'avoir quand on est accro mais qu'on est incapable de dompté tant il y a de bouton et de programme avec le mousseur de lait, l'écran tactile et tout ce qui s'en suit. Donnez-moi ce que vous voulez, montage photo, vidéo ou des retouches à faire avec une tablette ou un ordinateur, je vous fait des miracles. Les autres machines sont littéralement un calvaire pour moi. Mais, je suis une femme forte et indépendante alors je vais m'en sortir.

Après avoir trifouillé une dizaine de touche sur l'écran, ma précieuse boisson s'écoula enfin dans un verre. Oui, un verre. Arrêtez de me juger. Il fallait encore que je prépare le petit déjeuner si j'en crois les règles...

Il faut que je ravale ma déception de la veille et que je passe à autre chose. Même s'il est physiquement intelligent... Dès que des mots sortent de sa bouche ça n'a plus rien à voir. Au final, il est comme la plupart des célébrités pour qui j'ai travaillé... Avec toutes les sublimes chansons qu'il écrivait, je pensais avoir à faire avec un homme particulièrement sensible. Sauf que c'est l'adolescente encore en moi qui le croyait. Celle que je suis aujourd'hui est adulte et il s'agit de mon patron. Je dois pas m'impliquer plus que nécessaire.

Et pour commencer, je dois veiller à ce qu'il prenne au moins 3 repas par jour. Dont un petit déjeuner. Après avoir fouillé une nouvelle fois dans les placards et le frigo, il n'y a rien à part des smoothies. Va pour des crêpes, c'est ce que je sais faire le mieux en peu de temps. Je réfléchirais à d'autres recettes en fonction de ses goûts quand je le connaîtrai un peu mieux. Une fois la pâte prête, j'entamais la cuisson.

Jetant un coup d'œil à Tippex entre deux crêpes, ce dernier c'était arrêté de gambader pour profiter d'un rayon de soleil sur le canapé. Dans la maison régnait toujours un calme olympien... Ça ne me plaisait pas du tout. Cet endroit manquait de musique. Un comble pour un musicien quand même ! Et je ne sais même pas quand Walker aura terminé d'hiberner. Evidemment, je parle trop vite et sans réfléchir, la porte d'entrée claque au moment où je fais cuire les dernières crêpes. Je suis tellement surprise de voir arrivée mon patron que je les fait tomber par terre.

Comment faire autrement ? Conrad Walker vient visiblement de faire une séance de sport étant donné la transparence de son t-shirt blanc. Que celui ou celle qui a inventé ce vêtement et ce tissu soit remercié !

Je suis là, à moitié entrain de baver, les jambes tremblantes et il ne m'a même pas regardé. Il n'a carrément pas senti ma présence vu qu'il est entrain d'enlever son haut sous mes yeux. Oh bordel de merde ! Conrad Walker est tatoué ?! Est-ce que ça serait des paroles de chansons sur ses côtes ou... Sans trop savoir comment, j'arrive à détacher mon regard de son corps sculpté dans le marbre. Ça et aussi mon chat qui a débarqué d'un seul coup dans le paysage. Aux pieds de Conrad, il le regarde fixement comme s'il était la 8ième merveille du monde ou un pavé de saumon. Vous saviez que Tippex adorait le saumon ? Il est prêt à tuer pour...

- T'es qui toi ?

- Un chat angora. 10 ans, du nom de Tippex. Répondais-je après avoir ramassé mes pauvres crêpes échoués.

Il note ma présence à ce moment-là. Je sursaute quand ses yeux charbonneux se perdent dans les miens. Puis ils me détaillent de bas en haut. J'aurais peut-être du m'habiller pour le travail plutôt que de rester en pyjama. Pyjama qui se compose d'un t-shirt d'un de mes groupes préférés du moment, le logo BT21 en grand entouré de bulle de toute les couleurs. En soit, il n'est pas du tout esthétique mais je l'adore.

- C'est ton chat ?

- Non celui de votre voisin à 5 km di'ici. Murmurais-je mauvaise langue. Oui c'est le mien. Il n'y avait aucune règle interdisant les animaux.

- Il va vraiment falloir que je revois le règlement, la prochaine fois. Chuchote-t-il à son tour. Bon, on va faire avec... Juste ne le laisse pas aller au sous-sol.

- Si la porte est fermée, il ne devrait y avoir aucun problème monsieur.

- Arrête de m'appeler monsieur.... On doit avoir le même âge. On peut se tutoyer.

- J'ai moins de 30 ans si c'est ce que vous voulez savoir.

Je vois son visage se crisper lorsque je le vouvoie toujours.

- Qu'est-ce que tu faisais ? Soupire-t-il sans insister pour autant.

- Mon rôle d'assistante est apparemment que vous mangiez 3 fois par jour, des vrais repas. Alors tenez, répliquais-je en déposant l'assiette devant lui sur l'îlot où il y a les chaises.

- Tu as déjeuné ?

- J'ai pris mon café.

- Mange avec moi. Le planning ne doit pas être bien chargé pour toi aujourd'hui.

- Un café ?

- Un jus du frigo ira très bien. Et sors ce qui te fait plaisir pour garnir les crêpes.

- Je peux me permettre une question personnelle ? Demandais-je en sortant ce qu'il m'a demandé.

- Oui, je me doute que ça sera pas la dernière de toute façon.

- Est-ce que vous avez un trouble de la personnalité ?

* * *

Jordann ou l'art de mettre les pieds dans le plat.

HARPER SEA : JordannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant