Vie de Valeur - Tome 1

3. Le mystère

          Journée caniculaire dans la jolie bourgade de Kilambu. À Léké, le quartier d'affaires, tous les buildings semblaient suffoquer. Samuel, fraîchement arrivé de l'occident n'avait plus l'habitude de telles chaleurs. Il sortit un moment du grand bâtiment pour prendre l'air. Il décida de se balader dans les rues qui l'avaient vu grandir, à quelques pas de là. Léké n'était pas très loin de Mbandu, le quartier des marchands. C'était dans ce même quartier qu'il avait rencontré cette belle inconnue dont il ignorait le nom. Sa petite taille, de magnifiques formes, de longues tresses noir corbeau surmontées d'un foulard jaune et bleu, mais surtout, cette peau ébène et ses yeux d'un vert tellement clair ... Pendant qu'il déambulait dans le marché bruyant, son regard se baladait sur les étals. Il ne s'en était pas rendu compte mais ce quartier lui avait manqué. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'était pas revenu. On criait son prénom par-ci par-là en y ajoutant : « l'enfant du pays est de retour ! » Beaucoup le saluaient bien que très peu le connaissaient vraiment. Lui-même ne reconnaissait plus grand monde. Il avait du mal à comprendre cet engouement pour sa personne mais ce n'était pas pour lui déplaire. En laissant traîner son regard, il reconnut cette silhouette déjà si familière alors qu'il ne l'avait vu qu'une fois il y a des jours de cela. C'était elle, en train de rire avec un marchand d'igname. Son rire doux et clair, passait au-dessus du bruit de la foule. Elle ne portait plus les couleurs du Soleil mais elle n'avait rien à lui envier. Son sourire illuminait tout ce qui était autour d'elle. Et cette longue robe turquoise, c'était divin. Samuel s'avança vers elle pour la saluer.

Samuel : Bonjour !

Ornella : Bonjour ...

Samuel : Comment vas-tu ?

Ornella : Très bien, merci

Samuel : Tu ne me retournes pas la question ?

Ornella : Vous avez l'air très bien portant.

Samuel : Cette chaleur ... C'est juste insupportable.

          Ornella rit en voyant Samuel se débattre avec le col de sa chemise, le front ruisselant. Elle n'osait pas l'admettre mais elle reconnaissait qu'il était de ces rares personnes à qui le fait d'être en nage n'enlevait aucun charme.

Ornella : Je croyais que vous veniez d'ici.

Samuel : C'est le cas.

Ornella : Et vous ignoriez qu'il faisait chaud à cette période de l'année ?

          Samuel se sentit piqué. Il n'avait plus l'habitude de telles canicules. Cette chaleur ne ressemblait en rien à celle de l'Occident !

Samuel : Qu'est-ce que tu veux dire ? Que je ne sais plus d'où je viens ?

Ornella : Ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. Je ne voulais pas vous froisser ...

Samuel : Tu te crois meilleure que moi ?

Ornella : Mais qu'est-ce qui vous prends ? J'ai juste dit que ... Peu importe. Bonne journée, Monsieur.

          Lassée par les paroles de Samuel, Ornella tourna les talons après avoir salué le marchant qui lui faisait face un peu plus tôt. Samuel se reprit et, voulant s'excuser alors que la jeune femme s'éloigner déjà, attrapa son poignet douloureux. Ornella manqua de tomber en tentant de dégager son poignet mais Samuel la rattrapa de justesse. Ornella se retrouva dans les bras râblés de Samuel non sans attirer quelques regards curieux ou jaloux. Ça commençait déjà à jaser et Ornella détestait attirer l'attention. C'était tout le contraire de ce qu'elle voulait en venant ici. Ornella se redressa et passa ses mains sur sa robe pour se redonner de la contenance.