8. « Maisha ya thamani »*

101 23 4
                                    

*« Vie de valeur » en Swahili


          Ornella était de retour chez sa tante depuis quelques jours. Malgré les recommandations des médecins, Béatrice ne lui laissait aucun répit. Le viol avait été révélé mais pas l'identité de l'agresseur ni l'existence de l'enfant qu'Ornella portait en son sein. Ses papiers toujours introuvables, elle errait dans la maison en accomplissant ses besognes. Mario était également de retour de sa mise à pied.

          Pendant qu'Ornella lavait la vaisselle avant d'aller au marché, Mario vint derrière elle pour laisser ses mains baladeuses l'attoucher à leur guise. Ornella bouillonnait au-dedans d'elle pendant que Mario lui susurrait des obscénités plus salaces les unes que les autres. À l'extérieur, elle restait stoïque. Interloqué par l'absence de réaction de sa victime favorite, Mario s'arrêta. Dans un accès de colère, il saisit la jeune femme par les épaules puis se mit à la secouer sans ménagement. Alors qu'elle lavait justement un couteau, Ornella raffermit sa poigne sur l'ustensile puis le brandit, blessant ainsi Mario à la main puis à la joue. Il hurla de douleur et de surprise. De nouveau, Ornella brandit son couteau pour le planter d'un coup sec dans la cuisse de son bourreau. Son cri de douleur tonna dans toute la parcelle.


Mario : Mais tu es devenue folle ou quoi ?!

Ornella : Ce n'est pas ce que tu voulais ? Que je bouge ?


          Ornella le regardait droit dans les yeux, le visage sans expression en brandissant fermement le couteau ensanglanté. Mario était effrayé par un tel changement de personnalité. C'était à son tour de trembler.


Ornella : Tu me demande si je suis devenue folle ? Que veux-tu que je dise ? Que veux-tu que je fasse ?! Je ne suis pas folle, je suis morte ! Vous m'avez tuée ! Non seulement vous m'avez pris la dernière chose à laquelle je tenais le plus au monde mais en plus ... En plus, vous m'avez engrossé !

Mario : Quoi ?

Ornella : Je suis enceinte, Mario. Et cette ... Chose, c'est toi qui l'as mise là !

Mario : Tu mens ! Sorcière ! Tu mens !


          Il se leva d'un bond et se jeta sur Ornella. Il la saisit par le cou et la plaqua au sol. Prise de court, elle lâcha son arme. Mario ne cessait de crier « Tu mens ! T'es une menteuse ! Tu mens ! Sorcière ! » en l'étranglant de plus belle puis en la rouant de coups en prenant soin de viser le ventre. Il savait très bien qu'elle ne mentait pas. Après s'être défoulé, Mario s'enfuit en boitillant, laissant la jeune femme blessée gémir sur le sol. Ornella se releva péniblement et se rendit au marché en titubant contre les murs, une fois de plus. Quand elle rentra par la porte arrière de la boutique de Marcello, elle s'écroula. Elle suait et pleurait de douleur.


Marcello : Mon Dieu ! Ornella !

Ornella : J'ai mal, Tonton ! J'ai mal !


          Marcello aida la jeune femme meurtrie à monter dans une chambre à l'étage de la boutique. Il lui apporta un onguent pour calmer les douleurs. Une fois un peu moins douloureuse, elle s'assoupit. Pendant qu'Ornella essayait de se reposer, Marcello appela Samuel pour qu'il vienne de toute urgence. Ce dernier s'en voulait tellement d'être parti comme un voleur la dernière fois. Il avait juste ressenti le besoin de marcher pour évacuer sa peine et sa colère mais à son retour, on lui avait annoncé que les heures de visites touchaient à leur fin. Il était bien revenu le lendemain mais trop tard : Ornella n'était plus là. Ce qu'il désirait le plus au monde, c'était qu'elle lui revienne. C'était à son tour d'apporter des explications.

Vie de Valeur - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant