Chapitre 7

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Il était tard quand Eirik quitta le Skali. Il fit un crochet pour passer près de la cellule des trois prisonnières espérant entendre le fredonnement de la berceuse, mais rien.

C'est frustré qu'il se dirigea vers sa maison. Il s'arrêta devant sa propre porte et soupira violemment pour chasser les images qui lui trottaient dans la tête et l'invitaient à chevaucher Aliénor toute la nuit.

Le guerrier entra dans sa demeure et ne regarda pas dans la direction de l'esclave. Du coin de l'œil il pouvait la voir assise en tailleur sur sa couverture, la tête et les épaules basses.

Eirik retira ses armes et tous ses vêtements, avant d'aller se coucher.

— Dors ! lui ordonna-t-il, en l'imaginant trembler de peur.

Il l'entendit s'allonger sur sa couverture et contrôler sa respiration pour ne pas paniquer.

Le feu dans la cheminée éclairait la pièce et le crépitement du bois faisait sursauter Aliénor.

— C'était ton mari ? demanda Eirik pour briser le silence. L'homme qui était avec toi ce jour-là, c'était ton mari ? insista-t-il les yeux rivés sur le plafond.

— Oui, répondit Aliénor après un long silence.

— As-tu des enfants ? l'interrogea-t-il en relevant les bras pour croiser les doigts sous sa tête.

Couchée sur le flanc, dos au mur, son visage appuyé sur sa main, Aliénor n'avait aucune envie de parler de son ancienne vie avec le bourreau d'Arnold.

— Non, répondit-elle en soupirant.

— Il était impuissant ? insista Eirik.

— Qu'est-ce que ça peut vous faire ? répliqua-t-elle agacée pour l'insolence de la question.

Eirik s'assit et fixa la jeune femme d'un air mauvais.

— N'oublie pas à qui tu parles ! gronda-t-il en se levant pour marcher vers elle, glorieusement nu.

Aliénor ferma les yeux et se recroquevilla attendant qu'une pluie de coups s'abatte sur elle. Par le passé elle avait eu affaire à un homme violent et elle n'espéra pas de clémence de la part de l'assassin d'Arnold.

Eirik s'approcha, s'agenouilla et la fit rouler sur le dos en lui tenant le visage d'une main, attendant qu'elle le regarde.

Tout comme Edmond, son demi-frère, le guerrier devait attendre qu'Aliénor le regarde avant de se déchainer sur elle. La jeune femme ouvrit les yeux et capta le regard de son maître, attendant le premier coup.

— Obéis-moi sans discuter, lui expliqua-t-il comprenant que la jeune femme avait l'habitude d'être battue. Je ne te ferai aucun mal, insista-t-il. Il existe de pires punitions que les coups, ajouta-t-il pour la prévenir de ce qu'elle risquait.

— Je refuse de parler de mon ancienne vie avec vous ! lâcha-t-elle en même temps que ses larmes.

Eirik étudia la jeune femme et soupira de dépit. La souffrance qu'il pouvait lire dans ses yeux était une terrible punition pour lui. Il la lâcha, se releva et recula de quelques pas.

— Je n'attends rien d'autre de toi que de l'obéissance, insista-t-il. Répondre à mes questions en fait partie, ajouta-t-il l'air grave.

Aliénor se redressa pour s'asseoir car elle avait le sentiment que ses larmes allaient l'étouffer. Elle fixa le sol pour ignorer le corps nu et musclé qui lui faisait face.

— Arnold et moi n'avons été mariés que deux jours, déclara-t-elle le souffle court. Avez-vous d'autres questions, mon maître ? ajouta-t-elle en le regardant dans les yeux.

Eirik accrocha le regard de la jeune femme et réprima un sourire de satisfaction, car elle osait lui tenir tête, comme le jour où elle l'avait menacé d'une épée. La combativité de la jeune femme n'était pas éteinte, seulement écrasée par le chagrin.

Curieusement, apprendre que l'homme bedonnant n'avait eu que peu de temps à profiter de la beauté de la jeune femme, le rassura. Eirik tourna le dos à Aliénor et gagna son lit pour se coucher.

— Dors, à partir de demain, il te faudra travailler pour Adi durant la journée, et répondre à mes attentes durant la nuit, expliqua-t-il.

— Quelles seront ces attentes ? demanda Aliénor qui était allongée sur le dos à fixer le plafond, laissant couler ses larmes.

— Ne sois pas si impatiente, ma douce captive ! répliqua Eirik avec un léger sourire sur les lèvres. Tu le découvriras bien assez vite.

Comme tous les jours, le chant des coqs annonça l'avènement de l'aube et sa pâle lueur filtrait par la petite fenêtre.

Comme depuis son enlèvement, Aliénor avait très peu dormi, d'autant que son nouveau maître dormait nu dans la même pièce qu'elle et qu'il avait poussé des grognements terrifiants durant son sommeil.

Le guerrier devait être hanté par les réminiscences d'anciennes batailles où la mort l'avait effleuré, mais elle avait refusé au dernier moment de l'emporter au Walhalla.

Le corps ankylosé, Aliénor s'assit difficilement sur sa couche pour attendre que son maître se réveille et lui donne des ordres.

— Va me chercher de l'eau fraîche, lui ordonna-t-il en la voyant s'asseoir.

La jeune femme se leva et attrapa le seau près de la porte, soulagée de pouvoir sortir.

Elle revint rapidement et fut soulagée de constater que le guerrier s'était habillé et avait remis ses armes.

— Verse un peu d'eau dans la cuvette sur la table ! ordonna-t-il.

La jeune femme obéit et posa le seau au pied de la table, alors que le guerrier s'aspergeait le visage et le crâne d'eau fraîche, puis il prit un linge et s'essuya avant de contempler son esclave. L'ecchymose à sa pommette était légèrement teintée de violet :

— Rafraichis-toi un peu et va rejoindre Adi, elle doit déjà t'attendre, souffla-t-il avant de lui tourner le dos et de sortir.

Aliénor se lava le visage en espérant que la vieille guérisseuse soit de bonne humeur et l'autorise à utiliser encore du baume qu'elle avait préparé la veille.

Viking de feu et de sang T1 🔞(récit terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant