Chapitre 28

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Après avoir parlé à Aslak, Eirik emmena Aliénor avec lui pour préparer les deux petits vaisseaux qui devaient servir à la traversée des âmes.

Ils ramenèrent une grosse branche de bois flotté. Pendant qu'Eirik taillait sommairement à la hache deux petites coupoles, Aliénor eut la charge de récupérer deux bougies, ainsi que des fleurs, des petits galets qu'elle devait décorer et deux morceaux de tissu pour y peindre le nom des défunts.

Une fois que chaque coupole reçut ses ornements en l'honneur de Solange et d'Arnold, le couple se dirigea au Skali pour manger et attendre l'avènement de la nuit. Eirik en profita pour expliquer à sa femme le déroulement du rite, quasiment semblable aux adieux fait à Adi.

Après le repas, la lune en quartier s'imposait fièrement dans un firmament scintillant. Les coupoles en mains, Eirik et Aliénor gagnèrent le bord de la mer, où le vent agitait doucement les eaux.

Sous la bienveillance de l'astre, Eirik aida sa femme à allumer les bougies, puis elle adressa une prière à son dieu pour qu'il accueille Solange et Arnold dans son royaume.

Ensuite, sur les recommandations d'Eirik, Aliénor retira ses bottes, releva son jupon de robe et avança dans la mer jusqu'à mi-mollets. Elle déposa le petit vaisseau funéraire d'Arnold et lui donna une petite impulsion pour que la mer l'emporte. Elle revint au bord pour prendre la deuxième coupole et de la même manière elle encouragea l'âme de Solange à faire sa grande traversée.

Aliénor sortit de l'eau et rejoignit Eirik. Côte à côte, ils regardèrent les petits vaisseaux être emportés jusqu'à ce que les lueurs disparaissent dans la nuit. Le vent souffla soudain plus fort comme pour chasser le couple. Aliénor remit ses bottes et se tourna vers le guerrier :

— Merci, lui déclara-t-elle reconnaissante. Il est tard, alors je vais rejoindre la maison d'Adi.

— J'ai conscience que tout n'est pas réglé entre nous, mais je n'ai pas envie de te laisser seule cette nuit, avoua-t-il.

— Je ne me sens pas capable de reprendre notre... enfin notre discussion ce soir, se désola-t-elle. Après toutes les horreurs que je t'ai dites, tu devrais...

— Tes mots sont le strict reflet du mal que je t'ai fait, la coupa-t-il en lui passant une mèche de cheveux derrière l'oreille.

Eirik lui caressa la joue, cherchant comme la convaincre de rentrer avec lui :

— Nous ne sommes pas obligés de parler ce soir, insista-t-il, mais laisse-moi veiller sur toi. Peut-être qu'un jour à défaut d'obtenir ton amour, je gagnerai ton pardon ! espéra-t-il sincère.

— Tu as raison, tout ne sera pas réglé ce soir, approuva-t-elle en soutenant son regard. Rentrons !

Dans leur maison, les flammes dans l'âtre dévoraient les bûches et leur offraient une lumière chaleureuse. Aliénor se pressa d'enfiler sa chemise de nuit et se mit au lit.

Sur le flanc, un bras sous la tête, elle étudia le profil d'Eirik qui fixait le plafond, couché tout habillé sur les couvertures. La jeune femme prit conscience que quelque part dans le tumulte de sa vie, son cœur s'était mis à battre pour lui, et qu'il en serait ainsi jusqu'à sa mort.

— Tu crois vraiment que ça suffira ? demanda-t-elle pour briser le silence entre eux.

— Si ce n'est pas le cas, nous leur construirons de plus beaux vaisseaux pour qu'ils acceptent de faire leur traversée, affirma-t-il en la dévisageant.

— Tu dois me prendre pour une folle à voir et à entendre des morts, soupira-t-elle.

— Ça n'a rien de fou, objecta-t-il. Mon peuple croit en la magie et nous donnons beaucoup d'importance aux paroles de nos Oracles, ajouta-t-il. Ils ont de grandes capacités parce que les dieux leur ont accordé un don rare et précieux, tout comme à toi !

Viking de feu et de sang T1 🔞(récit terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant