2 mois avant

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Pour la première fois de ma vie, j'ai laissé une personne pleuré, souffrir avec le cœur brisé derrière moi sans me retourner. Ça aurait du être une bonne nouvelle pour moi, j'ai pensé à moi en première et ait recalé la proposition la plus ridicule et la plus déseperée qui ait jamais existé mais... J'ai aussi eu cette gêne implanté dans mon estomac. Cette personne qui a tourné le dos au mal être d'une jeune fille et qui en plus a méprisé Qassim en un regard... C'est pas moi. Je ne me reconnais pas. Quelque chose me manque. Quelque chose a disparu et me laisse comme vide. Mes membres avancent et se balancent comme si ils étaient plats et sans vie. J'avance comme si l'air était différent. Différent dans un sens qui m'attriste, différent comme si la terre venait de s'arrêter et tournait à l'envers. Tellement différent... Que je ne pensais pas être comme ça un jour...

Selim m'a dit qu'il m'attendais à la station de métro. Je le soupçonne d'avoir tourné le dos à Qassim, comme moi. J'appréhende notre retour à la cité. Selim voulait encore m'emmener dans une librairie spécialisée du monde arabe mais je doute qu'il soit encore d'humeur pour ça. Moi non plus d'ailleurs. On passait vraiment une belle après midi. Bébé tapait de joie dans mon ventre et Selim en était aux anges lui aussi de pouvoir le sentir et d'être juste avec moi... On est seulement ensemble et ça nous suffit...

J'avance à grand pas et retraverse le parc que j'ai quitté il y a bientôt une heure. Le ciel a tourné au gris malgré le beau soleil qui nous a accompagné une bonne partie de l'après midi. Le froid se fait fort vu l'heure de la journée. Paris est morose avec ses fontaines vertes et ses roses blanches et roses. Peut être que Paris n'est plus d'humeur non plus. C'est sûrement moi aussi qui rumine mes idées noires, qui souhaite juste rentrer à la maison. Avec Selim. Lui tenir les mains et marmonné des mots dans son oreilles qui le font rire et sourire. Peut être que je veux juste m'enfuir dans ses bras. Dans son étreinte j'oublie et je m'apaise, est ce qu'il y a une maison comme ça ? 

"Aïcha !" 

Je sursaute avec la main sur le cœur, j'étais trop loin dans ma tête pour voir que Qassim était encore assis au bord de la fontaine, toujours trempé, toujours nerveux. 

"Aïcha... Je veux vraiment te parler." Demande une dernière fois Qassim les mains jointes. "S'il te plaît Aïcha, je sais que t'as bon cœur, je sais que tu peux me comprendre."

"Comprendre quoi ?" Je fronce les sourcils.

"Je voulais pas me marier avec elle. je voulais rien de tout ça. Je voulais pas te perdre je te le jure." 

"Orh à d'autre s'il te plaît !" Je continue à avancer, lassé du discours qu'il s'apprêtait à me donner sans même l'avoir entendu une fois. Enfin qui ne soit pas monté de toute pièce dans me tête ! 

"Non, non, non !" Se précipite-t-il à me couper le passage. "S'il te plaît Aïcha... "

"Mais je veux pas parler avec toi merde ! Je suis avec Selim maintenant ! Je vais très bien sans toi alors laisse moi tranquille !"

"Si tu me laisses parler, si tu m'écoutes on pourra peut être tout recommencer ! Reprendre là où on en était ! Aïcha croit moi ! J'ai jamais voulu te faire du mal !"

"C'est génial pour toi, mais moi je vois pas ce que tu veux me dire à part l'histoire que Amina m'a déjà raconté et qu'en plus de ça t'es désolé !"

"Tu veux pas ma version ?" 

"Même pas un peu, allez bouge !" Je tente de me dérober. 

"S'il te plaît !" Perd-t-il le peu de calme qu'il avait. C'est du Qassim tout craché de toute façon, je sais qu'il va pas lâcher l'affaire jusqu'a avoir ce qu'il veut ! "J'ai jamais voulu profiter de toi, de ton corps ou ton coeur c'est juste... Je vis dans un monde compliqué et... J'ai paniqué sur le coup !"

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