7 mois avant

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Je ne dors pas... Je fixe l'obscurité de ma chambre. Je ne pense à rien, je ne lis rien, mon téléphone charge à côtés de ma tête mais je ne dors pas. Je suis allée au lit dans les alentours de minuit et il est 3h30 du matin. 3h30 que je pense. 3h30 que je suis dans le dénie. 3h30 que je pleure.

Bara et moi on se connaissait bien avant de rencontrer Laure. Bara... Elle rigole et discute de tout et de rien avec moi. Mais elle ne me parle pas pour de vraie. Sa bouche parle et déblatére des mots mais je veux entendre son appel à l'aide. La vérité c'est que je suis avec Bara et Laure dans une relation compliquée où je joue le rôle de psychologue la majorité du temps. J'ai eu telle d'embrouille avec mon mec. Ma mère m'a dit... Et toute sorte de plaintes du même style.

Bref, leur vie n'est pas un secret pour moi. Pourtant je ne pense pas les connaître. Et je ne pense pas qu'elles me connaissent aussi. Elle connaissent seulement mon image et j'ai l'impression que si je tombe elles m'abandonneront. J'ai peur... Pourtant je les aime de tout mon coeur. Je les protège de chaque mots méchants. Moi qui hait le conflit et qui peut me montrer comme une vraie peureuse, il m'est arrivé de manquer de respect à plus grand et plus fort que moi pour elles. Je ne veux jamais les voir pleurer. Mais quand se sont mes larmes qui coulent je m'y noie seule, avec quelques bouées que Khadija m'a laissée avant son départ. Il y a des requins dans l'eau où je me noie: mon frère et mon père qui utilisent des mots durs. Ma mère arrive après en canoë de sauvetage à la fin de la tempête lorsqu'elle a déjà tout saccagé en moi. En attendant qu'on vienne m'aider et me sauver de la noyade moi je bois la tasse et suis à deux doigts de couler, j'arrive à peine à respirer...

Mais ça c'était avant Qassim. Qassim me connaissait. Il m'attrapait la main et me ramenait à terre. Et qu'est ce que je l'aimais pour ça... Je l'aimais pour les mots d'encouragements, pour la sincérité, pour les gestes tendres et pour ses étoiles dans les yeux. Qassim était mon sauveur. Le meilleur de tous les gardes de côtes. Mon garde côtes. Mais maintenant je recommence à me noyer. Sauf que cette fois ci on est deux. Moi et le bébé, on se noie et on se noiera encore. Le jour où les requins et les vagues connaîtront l'existence de cet enfant on se noiera définitivement. Et personne ne sera là...

J'étouffe un fort sanglot qui ne finit que par rester dans le fond de ma gorge. Ma respiration est tellement saccadée qu'une grosse quinte de toux s'échappe de ma bouche. On dirait un enfant qui pleure après qu'on lui ait refilé une raclée. Et je suis fatiguée de ne pouvoir rien être de plus qu'un enfant à qui on donne des raclées...

J'ai tellement sommeil et j'ai les yeux et la tête qui me supplie de dormir mais j'ai pas finis de pleurer... Non, non j'ai pas finis de me vider.

Et comme un signe qu'effectivement je n'en ai pas fini, mon téléphone vibre. C'est Bara ! Je me redresse en regardant l'heure qui me fait de plus en plus peur. Il est tellement tard et elle m'appelle maintenant ?! Ça doit être une urgence ! Je ne prend même pas la peine de me racler la gorge et répond avec une voix fatiguée, cassée, qui montre combien j'ai pleurer:

"Allô !"

"Espèce de fausse amie !" Me hurle Bara. Cette nuit ne sera pas ma nuit... Elle commence déjà à me dire n'importe quoi !

Je fixe le vide et Bara ne continue pas. J'entends le bruit du vent qui souffle fort. J'entends un moteur. J'entends de la musique au loin. Mais elle ne parle pas.

"B-Bara...?" Ai je reniflé en recommençant à pleurer de plus belle.

"Hum... Je me sens pas bien..." Dit elle sans articuler.

"Bara t'es où ?! Laure est avec toi ?!" Ai je pris peur en commençant à me faire milles idées ! Oh mon Dieu elle est sûrement toute seule et même pas dans son état normal !

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