8 mois avant

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J'avais une réputation de rêveuse.
D'une très grande rêveuse.

Et c'est sûrement pour ça que la vie de cité ça a pas trop fonctionné avec moi...
Les gens y étaient vulgaires. Arrogants. Et très... Comment dire ça sans paraître mauvaise ?
Pas très reconnaissant ? Des rabats joie peut être ? Des briseurs de moral aussi. Genre là t'es de bonne humeur, un mec ou une meuf de ton quartier arrive et BIM il te déprime !

Mais moi j'aspirais simplement à quelque chose de plus grand ! Quelque chose de plus beau ! A la grande maison et au week end à la mer ou à la montagne... A l'histoire d'amour sous les tropiques et dans les belles voitures... À l'amour qui ne meurt pas et à l'épanouissement infini.

Mais c'était pas mon destin...

Mes prières étaient toujours faites, certes pas toujours à l'heure, mais elles étaient faites sérieusement, c'est pour ça que je me pensais être bien parti. Que je me sentais pieuse et bien.

Mais non... Ne jamais rien prendre pour acquis parce que Qassim est arrivé...

Un petit marocain qui habitait les beaux quartiers mais qui préférait la vie de cité. J'y pouvais rien si monsieur préférait l'hypocrisie des sales quartiers à la tranquillité des jolies maisons. Mais comme je ne le comprenais pas, il ne me comprenait pas non plus... Je voyais ce qu'il ne voyait pas en fait et inversement, il voyait ce que je ne voyais pas.
Et ça a comme qui dirait été l'élément déclencheur de notre relation.
On entend partout que les opposés s'attirent. Mais là j'ai plus l'impression qu'on a été un choc l'un pour l'autre. Qu'on s'est plus rentrer dedans brutalement que rencontrer. J'ai apprécié son côtés rebelle, briseur de règle. Et comme tout homme j'ai appris à connaître ses faiblesses comme il apprit les miennes.

Lui aussi avait une réputation. Une réputation de macho, qui lorsqu'il a l'occasion de te faire un sale coup n'hésite pas.
Un très beau macho...
Comme toutes les filles de la cité j'ai kiffé. C'était évident...
Mais pas seulement, j'ai grandie entourer d'homme qui se mettaient en colère pour un rien. Qui ne voyait pas de problème à frapper leurs propres soeurs mais qui se refusaient de lever la main sur leurs femmes. Bref... De la violence physique et verbale. Personne ne me voyait comme j'étais réellement. Surtout mes frères et mon père. Alors que Qassim... Avec lui j'étais la fille intelligente, positive et ambitieuse que je voulais qu'on voit en moi. Et lui était la patience et la douceur que j'attendais chez un homme...

Mais l'idée d'avoir des enfants métisses me faisait rêver aussi, on va pas se mentir !

Des bébés marocains- sénégalais. Vous imaginez ! Dans une de ses maisons au Maroc, nos enfants qui courent sur le sable chaud pendant que nous sommes assis sur des transats, calmement, sans soucis !

Dans ma quête du bonheur avec lui j'ai pas pensé à mes parents... Au fait qu'ils voulaient un Sénégalais Soninke. Au fait qu'ils auraient sûrement honte de moi. Je sais pas pourquoi ils auraient eu honte de moi, mais c'était une phobie que j'avais en moi depuis gamine, non ils ne devaient pas être gênés de m'avoir pour fille. J'avais peur de ça. Mais j'ai quand même fauté. Un bâtard allait arriver dans ma vie. Et tous les sentiments de craintes que je ressentais à l'égard de mes parents se transformait en culpabilité pour ce bébé...

Parce que un bâtard n'est jamais aimé, combien même les efforts qu'il fournit et les sacrifices qu'il fait. Notre bébé n'allait sûrement jamais connaître le bonheur parce que j'avais jamais pensé au fait que je puisse tomber enceinte. Je n'avais jamais réfléchi au pauvre sort qu'un enfant aurait de l'union de notre amour.

Mais j'étais simplement rêveuse... Est ce un crimes d'avoir cru aux paroles d'un beau parleur ? D'avoir rêver d'amour...? Et de lui avoir tous donner ?

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